Ce dimanche 11 mars 2012 est celui de ma première participation à un Brevet Randonneurs Mondiaux ou BRM. L'esprit de ce type de brevet est parfaitement résumé sur wikipédia: une randonnée à allure libre, dont le but est de tenir jusqu'au bout du brevet et de se trouver à l'arrivée en parfaite possession de ses moyens, pas ou peu fatigué. On y apprend également que le premier club de province à avoir organisé un BRM fut justement celui de Grenoble, sur un parcours de 200 km il y a tout juste 85 ans !
Le BRM de ce dimanche est homologué par l'Audax Club Parisien et organisé par Jean-Philippe Battu.
Les années de Paris-Brest-Paris, ce type de BRM sert à se qualifier pour cette randonnée mythique, et aussi bien sûr à prendre du plaisir à la découverte de nouveaux paysages, de nouveaux compagnons de route.
Ce BRM représente également un défi pour moi.
Bref retour en arrière.
Il y a deux ans, je n'avais encore jamais dépassé 125 km au cours d'une même sortie. Etant très peu sportif, pour moi les BRM représentaient tout simplement quelque chose d'inaccessible.
Il y a un an, ayant alors un peu allongé les distances mais sans jamais dépasser les 180 km, à cette époque de l'année je découvrais sur le web les compte-rendus des premiers BRM 2011, ici, là, ou encore là. Des balades qui semblaient fort sympathiques, qui grâce aux blogs des un(e)s et des autres devenait quelque chose de réel, de concret, mais physiquement inaccessible. Je m'imaginais que pour faire 200 km, il me fallait être au sommet de ma forme, sommet qui est atteint généralement en août ou en septembre.
En 2011, tout s'est accéléré. Aux rencontres virtuelles ont succédé les rencontres réelles, souvent préparées, parfois fortuites. Les longues distances devenaient une réalité et un plaisir, avec de fréquentes balades qui dépassaient 8, 9 puis 10 heures de vélo, souvent relatées sur ce blog.
Je suis donc assez confiant lorsque je m'inscris, en début d'année, au BRM 200 de Grenoble.
Le parcours du BRM 200 est nouveau: il n'emprunte plus les mêmes routes que l'an dernier et comporte davantage de dénivelé: si le col de la Croix de Toutes Aures est une formalité car situé en début de parcours et avec des pentes douces, plus loin le col de la Crusille et la montée vers Attignat-Oncin sont des candidats plus sérieux, et le col de la Placette, court et assez roulant, peut s'avérer difficile en fin de randonnée.
Nous sommes environ 80 cyclotouristes au départ de Grenoble à 7h. Notre petit groupe sera composé de dix éléments. Ainsi je revois Brigitte, Cisou en vélo couché, Franco, dont j'avais fait la connaissance en décembre, et je fais connaissance avec Robert du club de Tullins, Michel de Bourgoin, Alain et Jacques venus de la Drôme, et Baptiste, qui a fait de nombreuses et longues balades en 2011 à la conquête des Cent Cols, et qu'il me tardait de rencontrer. Sur la voie verte, quelques kilomètres avant Saint-Quentin-sur-Isère, nous serons rejoints par Jef, qui a roulé 130 km hier !
Le trajet sur la voie verte passe très vite car c'est l'occasion de faire connaissance des uns et des autres. La seule difficulté est le froid: la température est proche de zéro, et le soleil se lève tard sur la voie verte, masqué par le Vercors.
Nous profitons des premiers rayons de soleil lorsque nous quittons la voie verte en direction de Vinay. Les bouts des doigts se réchauffent enfin, avec l'aide de la route qui s'élève un peu. Notre groupe est déjà étiré. Jef et Robert, qui ont pris de l'avance, traversent le pont qui surplombe l'autoroute alors qu'il fallait tourner à gauche. Finalement, nous ne nous retrouverons qu'au col de Toutes Aures.
Contrôle à Vinay (photo prise par Brigitte):
Le première contrôle s'effectue à Vinay, dans la chocolaterie suggérée par Jean-Philippe. Un coup de tampon sur la carte de route, et nous sommes repartis en direction du col de Toutes Aures. A quelques kilomètres du sommet, je décide de faire chauffer les jambes, Franco me suit. Nous remontons quelques petits groupes et franchissons le col ensemble. Le sommet est l'occasion de reconstituer le groupe, de manger un bout et de se ravitailler en eau.
Au col de Toutes Aures (photo prise par Baptiste):
Après une coute descente vers Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, nous traversons successivement la Frette, Bévenais, le Gramp-Lens et la Tour du Pin. Après cette dernière localité, la route monte de nouveau jusqu'à la Chapelle de la Tour. Nouvel arrêt: après avoir mangé quelques biscuits, je m'aperçois que les autres ont sorti le gros sandwich et je fais de même.
Nouvel arrêt à Morestel, qui est un point de contrôle. Le tampon est facultatif, étant donné que le contrôle consistait à répondre à une question, mais le groupe se dirige vers le centre-ville car certains ont encore faim !
A Morestel (photo prise par Baptiste):
Après Morestel, nous sommes dépassés par un groupe qui roule plus vite que nous sur le plat, et pour cause: ils roulent en file indienne en prenant des relais, tandis que nous papotons gaiement dans un peloton désorganisé. Peu importe, nous ne sommes pas là pour faire la course. Ce qui est plus cocasse, c'est que peu de temps après nous avoir dépassés, ils oublient de tourner à droite en direction des Avenières. Ils devront donc rebrousser chemin... pour nous redoubler un peu plus loin. Rien ne sert de courir, il faut connaître le parcours.
La traversée du Rhône (photo prise par Baptiste):
Nous faisons une nouvelle pause pour ravitailler en eau avant de nous attaquer aux pentes du col de la Crusille. Franco attaque la montée très fort, j'essaye de partir à sa poursuite mais je me rends compte rapidement qu'il monte trop vite pour moi. Quelle forme ! Pour ma part, je sens une légère douleur au-dessus de la rotule, rien de bien méchant, et surtout je commence à ressentir les effets de la chaleur avec un léger mal de tête, qu'il va falloir essayer de ne pas aggraver. Franco finit par m'attendre et nous effectuons un bonne partie de l'ascension ensemble. La difficulté du col a sensiblement étiré notre groupe. Nous nous retrouvons tous ensemble pour une photo au sommet.
Le groupe au sommet de la Crusille, de gauche à droite: Franco, Michel, Robert, Brigitte, Jacques, Jef, Alain, Baptiste, moi, et Cisou derrière l'appareil:
Après une courte descente sur Novalaise, nouveau point de contrôle où je réponds à la question posée par Jean-Philippe, nous contournons le lac d'Aiguebelette par l'Est avant d'attaquer les pentes les plus difficiles du jour: la montée vers Attignat-Oncin. J'ai 165 kilomètres dans les jambes mais je retrouve les forces que j'avais perdues dans la Crusille. Avec Franco, nous remontons petit à petit les membres du groupe qui nous avait précédemment dépassés sur le plat. Avec des passages à 18 ou 19 mètres verticaux par minute, d'après le compteur, nous sommes montés très vite, à tel point que nous nous inquiétons de ne voir personne arriver à Attignat-Oncin. En fait, le groupe a fait une pause un peu plus bas. Je comprends alors que Jef, carbonisé, a préféré rentrer pas des routes mon difficiles. Sage décision; Jef est finalement arrivé à bon port avec plus de 200 km au compteur, lui aussi, ce qui fait 330 km en deux jours, bravo !
Le lac d'Aiguebelette (photo prise par Baptiste):
Après Attignat-Oncin, nous rejoignons le col de la Placette par les Echelles et Saint-Laurent-du-Pont. La montée du col par ce côté est facile, mais à ce stade de la sortie, rien n'est vraiment facile. Regroupement au sommet avant la descente vers Voreppe, d'où nous atteignons Grenoble par la voie verte.
Nous sommes accueillis par Jean-Philippe et son délicieux gâteau au chocolat fait maison. Il est 17h50, j'ai alors 220 km au compteur, parcourus en 9 heures et 35 minutes de selle. Comme je suis venu de Gières à vélo en une grosse demi-heure, cela fait finalement 9 heures de selle pour le BRM, en 10 heures 45. Et comme j'ai la flemme de retraverser Grenoble, je rentrerai... en tramway.
Au col de la Placette, les visages sont souriants, comme tout au long de la balade (photo prise par Baptiste):
Ce fut une belle journée, merci à tous les neuf pour votre agréable compagnie. Les états de forme de chacun étaient très variés, et pourtant notre cohésion nous a permis de rallier l'arrivée ensemble.
Physiquement, ce brevet ne fut pour moi pas plus difficile que ce que j'imaginais. Je m'y étais préparé, avec notamment cinq sorties et une trentaine d'heures de selle ces trois dernières semaines, et un bon paquet de dénivelé (13 000 m). J'ai envie de faire le tour du Vercors dans deux semaines (BRM 300 km), et je pense en être capable. Il me faudra pour cela modifier quelque peu ma façon de rouler par rapport à aujourd'hui: plus de régularité, moins de pauses (1 h 45 de pause aujourd'hui !), et pas d'excès dans les montées. Il me faudra également être très prudent pendant les trois heures de nuit.
J'ai tout de même oublié aujourd'hui les fondamentaux du blogueur: prendre des photos ! J'ai tendance à oublier quand je roule en groupe. Je remercie donc Brigitte, Baptiste et Alain, dont voici les reportages respectifs, pour leur contribution haute en couleurs à cet article ! Voici également l'article de Jef.
Pour terminer, je voudrais adresser un grand MERCI à Jean-Philippe pour l'organisation de ce brevet pas plat du tout. J'aime quand ça grimpe, et j'ai été servi. J'ai ajouté par la même occasion deux nouveaux cols à ma collection: Rossatière et Crusille. Je compte bien participer au brevet de 300 en mars, au 300 Madeleine-Glandon-Matheysine en juin ou en juillet, et peut-être au 400 en mai. A suivre.
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