Le BRA 2013 de ce 21 juillet 2013 est mon premier BRA officiel. Cependant, j'ai déjà enchaîné Croix de Fer, Mollard et Galibier, dans cet ordre ou dans un autre, en 2011 puis en 2012. Mon parcours de 2011 était d'ailleurs identique à celui de cette année, puisque j'avais suivi le fléchage du BRA la veille du BRA.
Ma participation a été incertaine jusqu'à J-2. D'abord, je craignais la vague de chaleur annoncée. Ensuite, j'ai beaucoup (énormément ?) roulé les trois semaines précédant ce BRA et la fatigue me guette. Enfin, il fallait que j'aie réellement envie de participer. Bref, grimper le Galibier en pleine chaleur ne me disait rien du tout.
Et puis, le jour J approchant, la chaleur fut annoncée moins forte, et je commençais à avoir vraiment envie de retrouver les copains cyclistes, ainsi que ce parcours qui m'avait procuré tant d'émotions en 2011. Quand à la fatigue, elle ne vient pas, et l'expérience de mes précédentes longues sorties de fin juin et début juillet (notamment, trois sorties de 187, 325 et 232 km) montre que j'ai toujours bien récupéré de mes efforts.
Ainsi, la veille j'enfourche mon vélo de bonne heure pour aller régulariser mon inscription à Vizille, alors que se déroule le premier jour du BAC (le BRA en deux jours).
Dimanche matin, comme je l'avais prévu en 2011, je rejoins Vizille de chez moi à vélo. Cela me fait partir très tôt, avant 2h du matin, après une courte nuit. Cela ne me fait pas peur, car j'ai déjà l'habitude des sorties très matinales, qui permettent de profiter au maximum des heures les plus fraîches. A mon passage à Uriage, le casino est encore ouvert !
Vizille est atteint vers 2h30 et il n'y a pas encore grand monde. Baptiste et Franco sont déjà là. Pascal (le grimpeur) est là aussi, il partira devant et je ne le reverrai (donc) plus de la journée. Puis nous saluons Jean-Philippe. Puis arrivent Florian et Alain, puis Valex et Thierry, et enfin Thomas. Je salue également Cisou, qui va tenter là, tout comme Baptiste, son premier BRA, en vélo couché pour sa part.
Le temps de saluer les copains, la ligne de départ se remplit rapidement. Je ne pensais pas que nous serions si nombreux au départ de 3h: nous sommes plusieurs centaines.
Nous nous élançons enfin à 3h05. Je suis plutôt en fin de peloton, je profite de l'aspiration des cyclistes devant moi. Nous sommes escortés par plusieurs motos, mais le peloton se morcelle, facilitant la tâche des rares automobilistes qui nous dépassent.
Le rythme n'est pas très élevé: je me permets une pause technique dans la longue ligne droite menant à Rochetaillée, et rattrape ensuite aisément mon peloton, sans être rejoint par celui qui lui succède.
A Allemont, notre petit groupe se reforme, c'est l'occasion de discuter avec Franco, Baptiste, Thomas... avant que la première rampe du col de la Croix de Fer ne se présente enfin. Je m'envole. Ah, je l'attendais, cette première montée ! Dans la nuit noire, je dépasse des paquets de cyclistes, tantôt en danseuse, tantôt assis, sans jamais me mettre dans le rouge. Je profite simplement de l'unique ascension fraîche de la journée. Je rattrape Jean-Philippe peu avant le Rivier-d'Allemont. Au Rivier, j'ai l'impression de n'avoir presque pas commencé à pédaler, tellement le temps est passé vite. A la première fontaine, il y a une file d'attente pour remplir les bidons. Dans mes souvenirs, il y a une deuxième fontaine un peu plus loin, toujours sur la gauche, et même une troisième, plus loin sur la droite. Bingo: pas un seul cycliste à la deuxième fontaine. C'est l'avantage de bien connaître les lieux. C'est déjà mon troisième passage ici cette année, mais le premier dans ce sens.
J'apprécie ce col de la Croix de Fer. C'est là que j'ai dépassé pour la première fois, à la force des mollets, l'altitude de 2000 mètres depuis la vallée. C'était le 11 juin 2006. Émotion. Je suis ensuite passé par là (précisément, par le col du Glandon) le 12 septembre 2010, pour ma première sortie de plus de 150 km (tour de Belledonne par Glandon et Grand Cucheron: 182 km). Et puis, je l'ai grimpé le 16 juillet 2011 à l'occasion de mon premier "BRA". A chaque fois, j'avais franchi un nouveau pallier dans ma pratique du vélo.
J'apprécie aussi ce col car il est sélectif. Les rampes qui précèdent l'arrivée au barrage de Grand Maison sont terribles. Le paysage qui s'offre alors à nos yeux vaut bien les efforts endurés pour y grimper.
Justement, ces rampes se présentent à moi, après la traversée de l'Eau d'Olle. Un kilomètre à 11%, suivi d'un autre à 10%. Je continue de dépasser des cyclistes. Le jour se lève petit à petit.
Le barrage est atteint rapidement. Une courte descente lui succède, puis la remontée vers le chalet du Glandon, que l'on a en ligne de mire longtemps avant, mais le temps peut sembler long avant de l'atteindre. Pas aujourd'hui. Je baisse le rythme et cesse de dépasser des cyclistes, maintenant bien éparpillés.
L'ascension de la Croix de Fer:
J'atteins le col à 6h40. Il n'y a pas encore grand monde au pointage ! C'est aussi le premier ravitaillement de la journée, et je suis impressionné par la quantité, et la variété de ce qui nous est proposé. Sucré, salé, boissons... pas de fringale pour aujourd'hui !
Petit à petit, notre petit groupe se reconstitue et nous nous engageons dans la descente à 7h26. Il fait un peu froid au sommet, mais ça ne me gêne pas longtemps, d'autant plus que le soleil a maintenant fait son apparition. Par contre, la route est mauvaise. Peut-être aussi que je roule trop vite. Toujours est-il qu'au fil des chocs, le réglage de mon dérailleur arrière se modifie, il faudra que j'intervienne ensuite au col du Mollard pour que la chaîne cesse ses petits bruits.
Prêts pour la descente ?!
Le deuxième col est celui du Mollard: 400 mètres de dénivelé après avoir tourné à droite au pont de Belleville. C'est une montée en deux parties, entrecoupées d'une légère descente. Je grimpe ce col avec Thomas et Franco, nous atteignons le sommet à 8h20. Nouveau regroupement, et à 8h34 nous voilà déjà repartis.
La grimpée du col du Mollard avec Thomas et Franco, au fond les aiguilles d'Arves:
La vue depuis le col du Mollard:
A Albiez-Montrond, nous tournons à droite en direction d'Albiez-le-Jeune, pour descendre ensuite la quarantaine de lacets qui nous séparent de la vallée. Je me fais distancer par mes camarades dans cette descente très sinueuse: inutile de prendre des risques. Je recense deux cyclistes arrêtés pour crevaison. Arrivé en bas, notre petit groupe est arrêté et s'affaire autour du vélo de Thierry: casse du dérailleur arrière, aïe ! Valex raccourcit la chaîne et démonte le dérailleur: c'est avec une seule vitesse que Thierry devra rallier St-Michel-de-Maurienne, d'où il sera plus tard rapatrié vers Grenoble par l'organisation. Pas de chance.
La route de St-Michel-de-Maurienne n'est pas une simple formalité, car le parcours emprunte un passage d'au moins 500 mètres à 10% de pente. Je me souviens très bien de ce passage en 2011. Aujourd'hui, je peux me permettre de forcer un peu dans ce raidard. La départementale nous emmène ensuite jusqu'au pied du Télégraphe à St-Michel.
En route pour Saint-Michel-de-Maurienne:
Ce ravitaillement est le bienvenu, car je commençais à avoir faim. Pas d'excès cependant, d'autant plus que le plateau repas sera servi à Valloire. La chaleur est maintenant bien là, et il nous reste 2000 mètres de dénivelé pour atteindre le Galibier. Nous repartons alors que Cisou arrive: encouragements. Cette pause (9h58-10h24) aura fait du bien.
Le fort du Télégraphe, tout là-haut, se trouve juste à côté du col du même nom:
A l'approche du col (en face: des petites routes qu'il faudra que je grimpe cet été):
Chacun va grimper le Télégraphe à son rythme. Je monte avec Thomas un certain temps. Il fait chaud, mais moins que dans mes souvenirs de 2011. J'ai une heure d'avance sur 2011 (mais j'étais alors passé à Vizille deux heures plus tard: les pauses !) et il y a encore pas mal d'ombre dans cette montée.
Je commence à avoir mal au ventre et laisse filer Thomas. Ai-je trop bu ? Je m'arrête pour une pause technique, mais les douleurs reviennent peu après. Je décide de moins boire, ce qui veut aussi dire que je vais lever le pied. Le Galibier ne me faire pas peur aujourd'hui, du moins pour l'instant, mais j'espère ne pas devoir faire tout le Galibier avec ce mal au ventre... Franco me rejoint et imprime un rythme régulier jusqu'au sommet du Télégraphe (11h32), où Thomas est arrivé depuis une ou deux minutes.
Nous décidons de ne pas attendre le reste du groupe et de nous retrouver à Valloire au repas. Précisément, le ravitaillement se situe aux Verneys, après une sévère montée. Je laisse filer tout le monde. Je me fais doubler par plusieurs cyclistes. Je suis vraiment au ralenti.
Le repas, ou plutôt la pause associée (12h-12h48), me fera le plus grand bien. Avec tout ce que j'ai déjà mangé aujourd'hui, et avec mon mal de ventre, je n'ai pas tellement faim mais je me force à manger. Et surtout, je bois, je me rafraîchis. Mon ventre ne se plaindra plus de la journée, et c'est tant mieux.
Voici la dernière grosse montée du jour, celle que tout le monde redoute. Le Galibier, ses terribles pentes, sa chaleur.
Je vais le monter à mon rythme, le savourer mètre après mètre. Je n'ai plus la fraîcheur de ce matin dans la Croix de Fer, mais je grimpe bien. Plan Lachat se présente à moi. Contrairement à 2011, aujourd'hui je ne doute pas ici, je ne vais pas avoir besoin de découper ce pauvre Galibier en tranches, avec des pauses entre les tranches. Nouvelle pause technique après Plan Lachat. C'est loin d'être facile, mais j'avance bien. Au niveau des Granges, je rattrape Jean-Philippe. Nous faisons un bon bout de route ensemble, presque jusqu'au tunnel. Je n'ai pas vu le temps passer. Il n'a pas fait si chaud, quelques nuages nous ont bien aidés...
J'ai décidé de m'amuser dans le dernier kilomètre à 10%. Aujourd'hui, je le peux. Je mets un sérieux coup d'accélérateur et double bon nombre de vélos. Me voilà à 14h25 sur le toit du BRA, dans un bien meilleur état qu'en 2011.
En route pour le Galibier:
Le ravitaillement, quatrième du jour, est toujours aussi bien fourni, mais j'ai de moins en moins faim. Il y a notamment du Beaufort.
Baptiste, puis Cisou, arrivent au col. C'est leur premier BRA, et à ce stade on peut déjà annoncer qu'ils l'ont réussi. Bravo à eux !
Le soleil cogne, la fatigue me gagne (chaleur, altitude ?). Nous nous engageons finalement dans la descente à 15h29. Je n'apprécie pas cette portion, mais il faut bien passer par là.
Depuis le col du Galibier: rien que pour cette vue, on a envie d'y retourner:
Le retour s'effectue sur un bon rythme. A la Grave, on prend une bouffée d'air chaud, qui me rappelle que cette journée marque le début d'un épisode de canicule. Nous sommes pourtant encore à 1400 m d'altitude !
Les relais s'enchaînent, les rouleurs s'attèlent à la tâche. Ça roule vite pour moi, j'ai parfois du mal à accrocher les roues qui me précèdent. Dans les passages dangereux (tunnels, voitures, etc.), je me tiens prudemment à distance et j'ai ensuite du mal à recoller. Mais je constate avec satisfaction que j'ai encore beaucoup d'énergie à ce stade de la randonnée.
Au Freney d'Oisans, je suis le seul à voir Alain et Florian bifurquer sur le parcours su Super BRA, qui emprunte une magnifique route en balcon. Je considère qu'il est trop tard pour s'engager aujourd'hui sur ce parcours. Je travaille demain matin, tôt, il va me falloir une grosse nuit (ne serait-ce que pour rattraper celle de la veille), et avec l'expérience je sais combien les heures qui précèdent le coucher sont précieuses pour accélérer la récupération d'une telle sortie, pour bien boire et bien manger. Ainsi, plus tôt je rentrerai, mieux ce sera. La prochaine fois, je ferai une ou deux heures de pauses en moins, ce qui me laissera du temps pour le Super BRA.
Au Bourg-d'Oisans a lieu le dernier contrôle / ravitaillement avant l'arrivée à Vizille. Nous faisons court (16h48-17h01), avant de terminer la descente de la vallée de la Romanche sur un rythme endiablé, avec Cisou en poisson-pilote (un vélo couché, ça aide pour les descente !), et tantôt Thomas, Valex ou Baptiste derrière pour assurer les relais. Le rythme est tellement effréné qu'à l'approche de Vizille, à un moment je vois Thomas qui fait signe qu'il capitule.
A 17h50 nous arrivons au gymnase de Vizille pour le dernier contrôle, la récupération des diplômes, etc. J'ai très soif mais suis satisfait de cette belle journée. Je ne m'attarde pas: il me reste à rentrer chez moi entier en 45 minutes de vélo. Je me rends compte que je n'ai plus de jus, ou du moins, plus envie de forcer sur les pédales. Je rentre à bon port à 18h49 après la plus longue journée de vélo de ma vie (sans parler des BRM 400 qui s'étalent sur deux jours): j'étais parti à 1h47, ce qui me fait 17 heures de vélo dont 4h40 de pauses diverses.
Je retiens de cette journée une agréable balade avec les copains, mes retrouvailles avec le Galibier, avec tous ces paysages splendides, ma bonne condition physique... et je retiens aussi la qualité de l'organisation pour ce qui était mon premier BRA: encadrement motorisé, bénévoles aux principales intersections (et non simplement un fléchage), ravitaillements excellents, ambiance sympathique... cela valait bien les 34 euros d'inscription. Vivement la prochaine édition, dans un sens qui sera inédit pour moi !
A lire également, le reportage de Baptiste et celui de Thomas.
J'ai un bon nombre de reportages en retard, j'y reviendrai bientôt ici-même. J'ai enchaîné de nombreuses longues sorties depuis le BRM 300 montagneux du 15 juin, et il y aurait tant de choses à raconter... Cette année est un grand crû, et je suis content d'avoir pu savourer, encore davantage que les années précédentes, cet enchaînement des grands cols du BRA.
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