Une bonne dose de Chartreuse

Rédigé par David Champelovier | Classé dans : Chartreuse

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Ayant peu roulé depuis la fin de mes congés d'été début septembre (460 km, 6100 m de dénivelé en deux mois), l'envie de retrouver les montagnes, les cols, les cols difficiles, mais aussi les longues sorties, est forte. Certes, pendant ces deux mois j'ai repris la course à pied, mais au rythme de deux à quatre sorties courtes par semaine, d'une part c'est insuffisant pour conserver une bonne condition physique, d'autre part les longs efforts me manquent.

En ce vendredi 1er novembre, le temps est sec, les routes aussi, et ce sera la seule belle journée de ce week-end prolongé. Je mets tous les atouts de mon côté pour une sortie d'endurance: départ matinal, provisions de nourriture, et aussi une dose de patience car je ne m'attends pas à grimper aussi vite qu'il y a deux mois. Le Scott me sera d'une grande aide sur ce point. L'an dernier à la même époque, le Scott avait déjà été remisé pour cause de routes humides.

Je pars pour un tour en Chartreuse, pas trop long, disons une trilogie Porte-Cucheron-Granier, et si les jambes le permettent et la tête le souhaite, je terminerai par Belledonne. 3000 mètres de dénivelé me conviendraient très bien.

A sept heures, il fait jour et je m'élance en direction du col de Porte par la route classique, presque déserte à cette heure et en ce jour férié. Le col de Vence est atteint rapidement, puis le col de Palaquit. Lorsque le compteur descend à 7 degrés, je frissonne rien qu'en pensant au basculement au col de Porte, où l'on perd toujours quelques degrés, et ce sera encore pire à la Diat (St-Pierre-de-Chartreuse), sans doute 3 ou 4 degrés au-dessus de zéro.
Je dépasse un VTTiste. Peut-être se rend-il au Charmant Som ? Et si je m'y rendais aussi ? La dernière fois, c'était aussi un 1er Novembre... en 2011. Comme je me sens bien, je bifurque donc à gauche au col de Porte. Les pentes sont raides, mais le supplément de dénivelé par rapport au col de Porte est assez faible. Je ne m'attarde pas au sommet, où le vent souffle, mais quelques rayons de soleil réchauffent déjà l'atmosphère.

Malgré la hausse des températures, descendre plus de 1000 mètres de dénivelé d'un coup ne me réjouit guère. Deuxième changement de programme: et si je grimpais au col du Coq, par le versant Nord-Ouest que je n'ai encore jamais pratiqué ?
S'agissant d'une improvisation, je ne connais pas le profil de cette montée, mais on m'a souvent dit qu'elle méritait le détour pour sa difficulté... Finalement, j'imaginais cette montée plus courte et plus régulière. En fait, il me faut d'abord descendre jusqu'à St-Hugues, c'est-à-dire presque aussi bas que si j'étais allé à la Diat pour m'attaquer au Cucheron... A cet instant , il me reste 550 mètres de dénivelé, mais j'ignore qu'il y a une descente de près de 80 mètres au milieu. Et surtout, il y a un gros kilomètre à plus de 13% de moyenne ! En danseuse, c'est la roue arrière qui menace de glisser sur la route légèrement humide. Assis sur la selle, à l'occasion d'un coup de pédale un peu fort, c'est la roue avant qui décolle ! Je regarde le compteur: 16%. Enfin, les deux derniers kilomètres, à près de 10% de moyenne, se méritent.

La Dent de Crolles, qui surplombe le col du Coq:

Au sommet du col du Coq, je me retrouve en terrain connu. La suite de mon parcours est alors claire: traverser le balcon Est de la Chartreuse: St-Hilaire-du-Touvet, col de Marcieu, Ste-Marie-du-Mont, et j'aviserai au croisement de la route du Granier par Chapareillan.
La descente du col du Coq est plus longue que dans mes souvenirs. Ensuite, je mets le turbo pour essayer de rattraper quelqu'un qui pourrait se trouver sur la route du col de Marcieu à cette heure. Le col de Marcieu, qui est presque une formalité par ce versant, est gravi à un bon rythme, et descendu tout aussi vite. Au croisement avec la route de Ste-Marie-du-Mont, j'observe attentivement les lacets de la montée qui m'attend: pas de trace de cycliste. Je finis par abdiquer à une fontaine où je fais mon premier plein d'eau de la journée. Le reste de la montée se fera plus doucement; j'apprendrai plus tard que la personne que je cherchais n'a pas sorti son vélo aujourd'hui.

Au croisement de la route du Granier, je m'arrête pour manger un petit sandwich, mais aussi pour décider de la suite de la balade. Si je redescends dans la vallée, peut-être n'aurai-je plus envie de remonter dans Belledonne. Le Granier me tend les bras. Quitte à y faire un aller-retour si le corps dit stop. Sinon, je rentrerai par Cucheron et Porte et dépasserai alors sans doute les 4000 mètres de dénivelé positif, mais dans quel état de fraîcheur ?

Je commence à bien connaître le Granier par ce versant, gravi en septembre 2012 avec Jérôme, puis en avril lors de ma folle chasse au Bridou. Toujours est-il que les longues portions autour de 10%, après le Charmant Som et le col du Coq, ça commence à être usant. Usant pour les jambes, usant pour le dos. Vivement le sommet.
C'est le vent qui m'accueille au sommet. Je n'envisage ni de m'y arrêter, ni de faire demi-tour, mais je ne suis pas au mieux. Il fait une quinzaine de degrés, et avec deux couches de vêtements j'ai froid. Mais comment ai-je donc fait, en mars, pour supporter les moins huit degrés du BRM 300 ?

La montée va me réchauffer et je sais que ça va aller mieux. De plus, cette montée est inédite: je n'ai jamais gravi le Cucheron par son versant Nord, que je connais uniquement dans le sens de la descente. Je pense alors à Baptiste, qui me disait qu'il avait toujours eu du mal dans cette montée.
Les petites douleurs, ainsi que la lassitude qui étaient apparues après le Granier, s'estompent dans la montée. Le début est pentu, mais c'est surtout le final qui est difficile. Cette avant-dernière ascension de la journée est avalée sans encombre.

Il me reste à franchir le col de Porte, pour la deuxième fois de la journée, mais cette fois-ci dans l'autre sens. Il représente 500 mètres de dénivelé, sans forte pente, mais avec un vent de face et des jambes presque vides. Je me dis que j'aurai moins de vent dans la forêt, mais la forêt est plus longue à atteindre que ce que j'imaginais ! J'évite de regarder le compteur car la vitesse ascensionnelle n'est pas brillante, en plus elle est faussée par le mouvement des masses d'air.
Les sensations sont cependant meilleures que celles du 13 avril au retour d'une sortie de plus de 5000 mètres de dénivelé. Le compteur confirmera que mon ascension a été trois minutes plus rapide aujourd'hui.

Le retour s'effectue par la même route qu'à l'aller. Avec le vent du Sud qui souffle, je sais par expérience que la portion entre le Sappey et le col de Vence peut être dangereuse en cas de rafales. Heureusement, ce ne sera pas le cas aujourd'hui.
La balade se termine après 135 km et 4350 mètres de dénivelé, en 8 heures dont 10 minutes de pause. Une moyenne roulée (17.4 km/h) finalement pas si mauvaise compte-tenu du dénivelé (coefficient 3.2).

La Chartreuse est un formidable terrain de jeu, qui n'a rien à envier à mon traditionnel balcon de Belledonne. Surtout en cette saison où la végétation arbore ses teintes d'automne.
De cette journée, je retiendrai aussi une surprise: celle d'être encore capable d'avaler 4000 mètres de dénivelé dans la journée, après avoir sorti le vélo seulement deux fois en Octobre. Mon dernier 4000, c'était le BRA, c'était le 21 juillet et ça me paraît déjà bien loin.
De cette balade, je ne garderai pas de courbatures. Certes, je n'ai pas forcé. L'essentiel était de profiter au maximum de cette journée pour pédaler. Le soleil était essentiellement absent, mais dans ces conditions je m'en passe volontiers. Puisse la météo nous réserver encore quelques journées comme celle-ci cette année.

La carte du parcours est disponible sur Openrunner.

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Commentaires

Le 03 novembre 2013 franco a dit :

#1

un peu naif le franco sur ce coup là moi qui pensais,que tu aurais besoin d'une petite sortie pour te remettre dans le coup!!chapeau bas pour la démonstration,aprés le chrono !est ce bien là l'essentiel??l'important est que tu te soit rassuré sur cette ballade ,peu importe la manière,le corps n'est pas une machine ,ou tu appuis sur un bouton pour démarrer ,la récuperation aussi est importante,tu viens de le prouver après avoir rechargé les batteries tu nous sort une belle sortie bravo

Le 03 novembre 2013 benny a dit :

#2

super David. Mais dit moi, t'avais quelque chose de prévu en fin d'aprèm pour rentrer aussi tôt (15h). T'aurai quand même pu faire encore un effort pour continuer et atteindre ainsi les 5000. Une sortie "à la journée", ça veut dire rentré vers 17h. ah la la la la. Et toujours ton " oh je suis pas bien, je vais pas vite" et au final un super résultat. On a tous envi en fin de saison de refaire "un gros truc". Je n'ai pas pu faire mon gros truc que j'envisageai ( à cause du temps) et cette fois je crois que c'est cuit. @ +.

Le 03 novembre 2013 cestdurlevelo a dit :

#3

Impressionnant :)
Quand tu nous sors une sortie comme ça, sans préparation, et 'à cours d'entrainement vélo', je suis bluffé... en me disant que moi une sortie comme ça, c'est dans mon top 3 de la saison assurément ! Voila une sortie que je ferai un jour, à quelques détails près ! tout ça en solo en plus.... respect l'artiste ! Dénivélator a encore frappé :)

Le 06 novembre 2013 David Champelovier a dit :

#4

@franco :
Salut Franco,
Il y a des jours comme ça... et c'est tant mieux, car j'avais faim (de dénivelé) !
Je pense que c'est la course à pied qui me permet de rester dans le coup... en plus maintenant ça ne rigole plus, avec des sorties jusqu'à 20 km.
Tu as raison, le corps n'est pas une machine, et si je n'avais pas eu d'aussi bonnes sensations je ne serais peut-être resté que 2-3 heures sur le vélo, en tout cas je ne me serais pas forcé.
A bientôt !

Le 06 novembre 2013 David Champelovier a dit :

#5

@benny :
Salut Yann,
Merci :-)
En fait, dans mon esprit les "gros trucs" sont bien loin. Je sors le vélo, je grimpe au feeling, et quand je suis rassasié je rentre. Dans ce contexte, la sortie de vendredi me convient parfaitement ;-)
RdV en 2014 pour les gros objectifs... ou pas.
Bonne chance pour ton gros truc !
A+

Le 06 novembre 2013 David Champelovier a dit :

#6

@cestdurlevelo :
Salut Baptiste,
Merci. Oui les effets de l'entraînement disparaissent très vite quand on s'arrête quelques semaines... et quand j'en vois certains qui martyrisent leur home trainer la semaine et sortent des 200 à presque 25 de moyenne le week-end, j'avoue que je me sens un peu décramponné ;-) Mais bon j'ai adoré cette sortie en Chartreuse, au parcours improvisé et aux sensations plutôt bonnes. Il faudra la refaire (quand les jours seront plus longs !) en intercalant Cluse/Egaux/Couz entre le Granier et le Cucheron. Je crois que je vais autant faire honneur à la Chartreuse que j'ai fait honneur à Belledonne jusqu'à présent... même si la variété des routes n'y atteint pas celle du balcon de Belledonne.
A+

Le 10 novembre 2013 cricri le cyclo a dit :

#7

un de ces quatre j'aimerai bien que tu me fasses le guide pour aller chercher quelques cols car je n'en n'ai pas beaucoup par chez toi... Et puis ça t'obligerait à trouver un parcours à bosses un peu moins bosselé :)

Le 11 novembre 2013 Vincent a dit :

#8

Quand je vois comment j'en ai ch..ié (non j'ai juste fait semblant de censurer...) Jeudi sur le Granier par Chapa, je me dis que de la forme moisie de fin de saison à la David, je m'en taperai bien un morceau!!

Superbe sortie, t'as fait le tour du massif, dans toute sa splendeur et toute sa difficulté! Bravo à toi pour ce "grostrukdefindesaizon"

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