A l'initiative de Vincent, nous avons remis le couvert en ce 19 octobre, pour rendre une dernière visite en 2015 au géant Galibier et à son voisin la Croix de Fer.
Attention aux yeux, la beauté des paysages peut surprendre...
Lorsque Vincent propose cette sortie en début de semaine, je suis tout de suite partant, et la perspective d'un BRA d'automne égaiera ma semaine de travail. Je n'ai jamais gravi le Galibier, ni même de grand col, en octobre. Les paysages doivent être magnifiques, et très différents bien sûr de ceux de mai avec la neige. L'idée de s'improviser un BRA, alors que j'ai roulé seulement une dizaine d'heures ces quatre dernières semaines, est également motivante: je suis bien curieux de savoir si je peux me permettre ce luxe, si oui dans quel état de forme.
Pour la dernière occasion de l'année de faire ce parcours, malheureusement tout le monde ne peut pas se libérer au dernier moment. Nous serons trois, Thomas cédant finalement à l'appel de la montagne.
Le parcours est un classique: col du Galibier par le Télégraphe, descente de la vallée de la Romanche jusqu'à Rochetaillée, col de la Croix de Fer et, bonus par rapport au 29 mai, nous ajouterons aujourd'hui le col du Mollard avant de redescendre en Maurienne.
Pour les mêmes raisons qu'en mai, nous partons de la Maurienne. Cela permet de placer le plus gros morceau en début de parcours, de laisser le soleil réchauffer l'atmosphère pendant cette longue première ascension. Quant au sens du parcours, je préfère infiniment gravir le Galibier par ce versant que par la vallée de la Romanche où c'est trop long, trop plat et trop encombré de voitures.
Nous décollons de Saint-Jean-de-Maurienne à 7h30 avec l'éclairage, tandis qu'il fait encore nuit. Mais, le ciel étant très clair, la luminosité augmente très vite et il fait complètement jour lorsque nous parvenons à Saint-Michel-de-Maurienne au pied du Galibier.
Nous grimpons tous ensemble le col du Télégraphe. Jean-Philippe y est passé hier, en descente, et nous a prévenus que la route était raclée sur plusieurs kilomètres. Mais dans le sens de la montée, ça ne pose pas de problème.
Je trouve le rythme un peu élevé pour le début d'une étape de 9 à 10 heures. La trace GPS dira le contraire. Je dois être un peu long à me chauffer.
Au col du Télégraphe, il ne fait pas si froid. Le soleil nous réchauffe. Les manchettes suffisent pour la descente sur Valloire. A Valloire, nous mesurerons au minimum 6 degrés, mais comme c'est en montée ce n'est pas gênant.
La remontée sur les Verneys est toujours aussi difficile mais permet de réchauffer le bout des doigts. Un peu plus haut, de longs camions sont stationnés pour accueillir les moutons qui ont terminé leur stage en altitude pour cette année. Ça sent la fin de saison, bientôt les paysages changeront de couleur.
Nous arrivons enfin au virage de Plan Lachat, que tout le monde attendait avec impatience. Il reste 8 kilomètres d'ascension. Vincent s'envole tandis que je reste avec Thomas, je suis prudent par rapport à ma forme et à l'écoute de mes sensations.
A 4 kilomètres du sommet, je décide de partir à la poursuite de Vincent, sans être vraiment convaincu du résultat, car il a pris une bonne avance et je ne veux pas non plus me mettre dans le rouge. Je reviens petit à petit, finalement il m'aperçoit et accélère un peu. Dans les deux derniers kilomètres, l'écart restera autour de 30 à 40 s. Vincent aura beaucoup mieux passé le Galibier qu'en mai. Quant à moi, je ne suis pas mécontent de mes sensations. Thomas nous rejoint peu après. Il fait 10 degrés à l'ombre, c'est royal.
Pour la descente jusqu'au Lautaret, j'ai mis mon coupe-vent mais il n'était pas vraiment nécessaire. Mes deux compères font une descente rapide, tandis que moi, toute la journée, je serai excessivement crispé tout au long des descentes. La conséquence de mon accident du mois dernier, du manque d'entraînement ces derniers temps, et aussi du passage d'un vélo à l'autre. Et puis cette descente, elle n'est pas bien large et on n'a pas toujours la visibilité idéale pour prendre de la vitesse.
La descente s'effectue en ordre dispersé jusqu'à la première remontée avant le barrage du Chambon. Sur la fin, nous prendrons quelques relais modérés sur la portion plate et rectiligne avant Bourg-d'Oisans. Après une pause sandwich et un ravitaillement en eau, nous reprenons notre route pour Rochetaillée puis Allemond où la Croix de Fer nous attend.
A ce stade de la journée, nous savons que la Croix de Fer est un gros morceau, bien plus gros qu'au petit matin du BRA de l'an dernier. Nos principales difficultés se nomment fatigue, digestion, chaleur.
Connaissant tout particulièrement ma mauvaise aptitude à gérer une telle élévation de température, j'effectuerai toute la portion jusqu'au Rivier-d'Allemont en troisième position, jamais bien loin de Vincent ni de Thomas parti devant. Cette portion est usante, et il ne faut pas y gaspiller des forces car le plus difficile se situe juste après !
Juste après, c'est la descente en courts lacets vers le torrent de l'Eau d'Olle, puis les deux kilomètres dantesques qui suivent.
Après la petite descente, je constate que l'on passe à l'ombre, qu'il y fait bien frais et que je suis encore en forme. Je décide alors d'accélérer et je ne reverrai plus mes compagnons jusqu'à ma pause au barrage.
Nous terminons l'ascension tous ensemble. Au col de la Croix de Fer, il est inutile ici d'enfiler le moindre vêtement supplémentaire: il fait doux.
La descente est, je pense pouvoir l'écrire, horrible. C'est étroit, ça n'arrête pas de tourner, il y a des gravillons par endroits, puis le bitume devient extrêmement mauvais, marqué par les hivers successifs. Rien pour améliorer ma confiance dans les descentes.
On se retrouve au pont de Belleville où, comme prévu, et puisque tout le monde a encore de bonnes jambes, nous attaquons les 400 mètres de dénivelé du col du Mollard.
Thomas y trouve des jambes fabuleuses et s'envole. Je parviens à le rejoindre, derrière Vincent aura une petite fringale dans cette ascension. Nous grimpons sur un bon rythme, un peu moins vite sur la fin. Thomas est joueur alors je lance le sprint, mais il me dit qu'il n'a plus de jambes, donc je me ravise, d'ailleurs je ne sais pas vraiment ce qu'aurait pu donner un sprint à ce stade de la journée. Peu importe, on en a fini avec les montées, on est heureux d'être là et on est loin d'être à bout de forces.
La descente nous réserve une petite surprise avec une section gravillonnée. Je descends prudemment avec Vincent dans ma roue. C'est bien trop lent pour Thomas, qui s'arrête à plusieurs reprises pour nous attendre.
La boucle est bouclée vers 17h50, bien avant la tombée de la nuit.
Cette journée restera inoubliable. Cette année, nous aurons fait l'ouverture du Galibier, et pratiquement sa fermeture. La saison de haute montagne est courte. Avoir pu grimper deux fois le Galibier à 5 mois d'intervalle et, pour ma part, après être passé à 5 reprises cette année dans le versant Sud de la Croix de Fer, je peux dire que j'en ai bien profité. Une grande réussite de 2014.
Après 6 semaines sans dépasser 4 heures de vélo d'une traite, 6 semaines passées à enchaîner des exercices chrono d'une demi-heure à une heure tous les week-ends, j'ai donc pu me permettre le luxe de terminer ce parcours du BRA, sans être trop entamé. J'avais la forme qu'il fallait pour profiter au maximum de ces instants, de ces paysages grandioses.
Rendez-vous en mai 2015, les grands cols !
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