Et voici une nouvelle grimpée chronométrée, la quatrième de la saison, sauf que celle-ci n'était pas prévue...
... car hier j'étais censé rouler avec les copains sur le BRM 200, déguster les confections culinaires de Jean-Philippe, bref passer une agréable journée sur mon vélo.
Sauf que le tonnerre s'est fait entendre en deuxième moitié de nuit, qu'il a plu des cordes au moins jusqu'à 5h du matin, et qu'à l'heure où j'étais censé sortir le vélo, un peu avant 6h, il pleuvait encore et les routes étaient détrempées. Je n'ai eu aucune envie de sortir le vélo dans ces conditions. Dommage, car finalement il a fait beaucoup plus beau que prévu, et certains participants n'ont même pas eu de pluie du tout.
J'ai aussitôt préparé un plan B: reconnaissance du cross Inovallée le samedi, et grimpée du Granier le dimanche. La reconnaissance du parcours du cross ayant été faite à grande vitesse, un peu comme dimanche dernier pour la grimpée de Prapoutel je me réveille ce dimanche avec quelques courbatures qui ne sont pas idéales pour une course, fut-elle à vélo.
J'ai hésité à prendre la voiture pour me rendre à Chapareillan. Ça m'aurait fait 2 heures de vélo dans la semaine, aussi intenses soient-elles ce n'est pas terrible.
Je décide finalement de faire l'aller-retour à vélo. Aujourd'hui, ce sont 35 km qui me séparent du départ, beaucoup plus que les 15 km de dimanche dernier. Je les parcours sans forcer. J'ai droit, à Lumbin, au spectacle des montgolfières de la Coupe Icare qui s'élèvent dans la brume: fabuleux. Je ne les avais jamais observées d'aussi près, il y en a plusieurs dizaines !
A Chapareillan, la distribution des dossards s'effectue sur la place de la mairie, 7 euros l'inscription seulement, mais parce que je m'étais pré-inscrit (la veille !) sur le site web de l'UC Pontcharra. J'accroche mon dossard et je pars m'échauffer. Là, c'est beaucoup mieux que dimanche dernier: les jambes ont l'air bonnes et les petites accélérations sont convaincantes. Je ressens les courbatures de la course à pied mais ça ne me gêne pas plus que ça.
Le départ provisoire s'effectue place de la mairie, on longe l'église puis le vrai départ est donné, arrêté, au niveau du panneau stop qui rejoint la route du col du Granier.
Cette fois-ci, je suis bien placé, mais au départ je cafouille et mets beaucoup trop de temps à enclencher les cales. Une fois que ceci est réglé, le peloton est déjà bien étiré et je dois me situer vers son milieu. Comme d'habitude, pendant quelques centaines de mètres, je double et je me fais doubler, le temps que chacun trouve la place qui correspond le mieux à son niveau. Le départ aura été plutôt rapide: Strava indique 1280 m/h pour les deux premiers kilomètres avalés en 6'36.
Ce qui est étrange, c'est que je pensais profiter aujourd'hui de mon rapport poids/puissance pour gagner des places sur les forts pourcentages. C'est tout l'inverse qui se produit: les concurrents se reposent sur les portions moins pentues tandis que je poursuis mon effort et les dépasse... puis ils me dépassent à nouveau dès que ça remonte.
A partir de là, ma course ne va ressembler à rien de ce que j'ai connu précédemment dans Chamrousse et Prapoutel. Je ne vais cesser de me faire dépasser, et ça, ce n'est pas bon pour le moral.
Le club organisateur a planté des bornes qui indiquent, tous les kilomètres, la distance au commet. Encore un bon point pour eux. Lorsque le sommet est annoncé à 4 km, je suis surpris: déjà ! Sauf qu'à partir de là, il y a par endroits des pourcentages bien supérieurs à 10%. J'effectue quelques portions avec mon 30x28, et à un moment la roue avant menace de décoller: on se croirait dans la montée de la Bastille.
Quelques coureurs me dépassent encore. L'un d'eux me dépasse au bon moment: juste avant l'unique portion plate de toute la montée, ce qui me permet de profiter de sa roue par la suite pour gagner quelques secondes. Je n'adopte pas une bonne attitude: je me résigne à chaque fois qu'un coureur me double, je le laisse filer. Mon regard est scotché au bitume, un peu comme hier en course à pied. Je regarde régulièrement ce qui se passe derrière. Mais je n'ai peut-être pas les moyens physiques de faire mieux aujourd'hui.
Le comble se produit lorsqu'un gars en vélo tout chemin (gardes-boues, etc.) me dépasse et m'encourage, sans dossard. Je cherche désespérément du regard la batterie et le moteur qui meuvent son vélo, mais il n'y en a pas...
Puis la délivrance approche: le panneau du dernier kilomètre. Il me semblait que ce km était plus plat, mais le panneau affiche 10,5% de pente moyenne ! Au niveau du panneau, je dépasse le concurrent 04, youpi ! J'avais un peu fait le yoyo avec lui, mais cette fois-ci il semble vraiment dans le dur et terminera 18 s derrière moi.
Ma route se poursuit, j'accélère, enfin il me semble que j'accélère. Le 95 du CC Gières est assez loin devant moi, je crois qu'il jette un œil derrière lui dans un virage et il doit se dire que plus personne ne reviendra sur lui. Il reste 500 m, j'accélère encore. Je ne lâche rien dans la dernière épingle, presque plate. Là, je décide d'attaquer. Je me mets debout sur les pédales et dépasse le 95 sans opposition de sa part, à 100 mètres de l'arrivée. C'est bien la première fois que je parviens à gagner des places dans le final. Elle est difficile cette grimpée, certains ont eu plus de mal que moi à aller au bout.
Ce qui est intéressant, c'est que ce dossard 95 faisait partie de notre quatuor dans la deuxième moitié de la montée de Chamrousse en juillet. Sauf que suite à ma bêtise d'avoir voulu mener le train trop longtemps, j'avais un peu trop faibli sur la fin et terminé 45 s derrière lui. Dimanche dernier dans Prapoutel, il m'avait mis 1'30 sur l'ensemble de la montée. Aujourd'hui je le double sur la ligne d'arrivée, ce qui me fait dire que je ne suis quand même pas complètement à la ramasse. Précisons tout de même qu'il est de 24 ans mon aîné... Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas, les formes varient différemment pour chacun d'entre nous, mais c'est toujours amusant de retrouver les mêmes têtes.
Comme le classement est déjà paru à l'heure où j'écris ces lignes (encore un excellent point pour le club organisateur !), je peux l'analyser ici.
Mon temps est 44'24. Je me doutais avant le départ que je me situerais entre 43 et 45 minutes, 45 minutes étant la barre à ne pas dépasser si possible, et 43 minutes correspondant au milieu du classement. Pour le milieu du classement, c'est effectivement raté: 53ème place sur 92 participants. Ce n'est pas si mauvais, mais je pensais être à mon avantage aujourd'hui sur ces forts pourcentages, plus qu'à Chamrousse et Prapoutel où j'avais pourtant figuré dans la première moitié de classement. Mais sur cette grimpée du Granier, en regardant les résultats des années précédentes, c'était toujours pareil: il fallait passer sous les 43 minutes pour figurer dans la première moitié.
Strava m'indique 1146 m/h de moyenne sur les 9,8 km de montée à 9%, et 249 W de puissance. C'est plutôt bon (1090 m/h dimanche dernier mais sur une heure et avec des pourcentages moins difficiles, 241 W) mais j'aurais bien aimé me rapprocher des 1200 m/h. Entre parenthèses, quand je vois les données de puissance fournies par Strava sur les deux premiers kilomètres, où les hommes du groupe de tête développaient semble-t-il des puissances de 360 à 400 W, ça me laisse rêveur.
Sur le plan de la gestion de course, une fois de plus j'ai essentiellement roulé à mon rythme et donc tout seul... Mais j'étais bien incapable de suivre ceux qui me dépassaient. Et inversement, les quelques concurrents que j'ai dépassés étaient incapables de me suivre. Bref, sur de tels pourcentages, c'est chacun à son rythme. Ce dont je suis plus satisfait, c'est d'avoir géré mon final avec brio, un peu comme dimanche dernier. J'ai réussi à tenir à distance mes poursuivants. Mieux: j'ai réussi à gagner deux places. A l'arrivée, j'étais presque autant vidé que dimanche dernier. Le concurrent arrivé avant moi m'a pris 30 s donc je n'ai pas de regret.
Samedi prochain à 13h06, je participerai à la grimpée de Murianette organisée par le CC Gières. Ce sera un contre-la-montre, et pour un contre-la-montre il faut avoir les crocs: on se bat contre soi-même. Il n'y a généralement personne devant pour se motiver, il faut se motiver tout seul. Pendant 35 minutes. Inutile donc de préciser que mon attitude d'aujourd'hui, le regard scotché au sol, ne pourra pas fonctionner. Il faudra regarder loin devant. S'agissant d'un objectif majeur, je ferai tout pour être en forme et motivé le jour J, me réservant 24 à 48h de repos avant la course. Je connais bien le parcours, j'ai travaillé les portions difficiles, j'ai des repères et je sais aussi mieux doser mon effort sur cette durée que sur les 45 minutes du Granier ou les 59 minutes de Prapoutel. Il ne reste plus qu'à mettre tout ceci en pratique.
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