Pour la deuxième année consécutive, je participe à la grimpée de Chamrousse organisée par le GMC 38.
Pour plusieurs raisons, depuis quelques semaines, j'avais fait de cette grimpée
un objectif avoué.
Il fallait de toute façon faire un choix entre la grimpée du
samedi et le BRA du dimanche, et faire ce choix suffisamment tôt de manière à
adapter en conséquence ma pratique du vélo, ces deux épreuves n'ayant rien à
voir l'une avec l'autre. La canicule ayant pointé son nez, le BRA fut éliminé
presque définitivement il y a deux semaines.
Il restait à me préparer pour cette grimpée, plutôt exigeante car cumulant
1300 mètres de dénivelé positif. Une grimpée presque unique en son genre
en région grenobloise, l'autre étant celle de Prapoutel, dont les portes
me seront en principe fermées en septembre, puisque malheureusement les
courses en ligne UFOLEP ne sont plus accessibles cette année aux
non-licenciés. Une raison de plus pour ne pas rater celle de Chamrousse,
ouverte à tous.
Enfin, j'ai hâte de redresser la barre suite à la grimpée de Savoyères
à laquelle j'ai participé il y a deux semaines. Un contre-la-montre
d'une demi-heure auquel j'ai participé par un après-midi de début de canicule
et après avoir déjà réalisé un effort du même genre le matin même en solo...
Un bon entraînement, et un bon test en conditions de chaleur, sans plus.
La préparation
Côté préparation, je suis confiant sur ma capacité à réaliser un temps
au moins aussi bon qu'en 2014, mon temps de 2014 (1h11'21") ainsi que
le classement (21/44) ayant pourtant déjà été satisfaisants pour ne pas
dire surprenants.
Confiant, car à l'entraînement je grimpe plus vite que l'an dernier,
que ce soit en zone de confort (cf. mes cinq Chamrousse du 31 mai ou
encore le BRM 300 avec le mulet) ou en mode chrono.
Les deux kilos que j'ai perdus par rapport à l'an dernier, sans faire
vraiment d'effort pour cela, n'y sont pas étrangers, mais il n'y a pas
que cela.
Côté effort chrono, ces deux dernières semaines ont été essentiellement
consacrées à des sorties n'excédant pas 80 km et multipliant les efforts
intenses de 10 minutes à plus d'une heure d'affilée.
Confiant enfin, car à neuf jours de la grimpée, je me suis testé sur la
montée de Chamrousse, au chrono, et que le test fut concluant.
La stratégie
L'an dernier, pour ce qui était ma première course en ligne, j'avais
commis des erreurs stratégiques dans ma grimpée de Chamrousse, erreurs
qui m'avaient coûté des places au classement.
Notamment, j'avais pris de trop longs relais en tête d'un groupe de quatre
sur des portions où la pente ne m'était pas trop favorable.
Cette année, la stratégie est sage et simple.
Jusqu'au croisement avec
la route du Luitel, soit une trentaine de minutes de course, les pentes
me sont favorables (c'est-à-dire plutôt fortes, 8% de moyenne).
Je ne devrais pas avoir de mal à grimper vite, plus vite qu'à l'entraînement,
motivé par les unités qui vont, naturellement et successivement, se
décrocher des pelotons devant moi. Dans ces conditions, je m'amuse, je ne
vois pas le temps passer, c'est l'idéal.
Dès Prémol, à une dizaine de minutes du Luitel, il faudra en revanche que
je cherche à constituer un petit groupe, de mon niveau, pour profiter
des roues dans la portion qui suit, qui dure une vingtaine de minutes
et qui est un peu trop plate.
Enfin, à partir d'une épingle à droite, là où la pente s'accentue de
nouveau, je donne tout sur le quart-d'heure qui reste, profitant du repos
(tout relatif) qui a précédé. L'objectif est de semer un maximum d'unités
en accélérant progressivement. C'est la seule stratégie viable étant
donné qu'il ne faut pas compter sur mes qualités de finisseur.
Et aussi compte tenu du fait que, je l'ai remarqué sur les grimpées en ligne
précédentes et cela me surprend encore, j'ai toujours l'impression de me
faire dépasser au finish par des coureurs qui auraient sans doute pu me
prendre une ou deux minutes sur l'ensemble de la montée, s'ils avaient
simplement roulé de façon régulière tout le long, à leur rythme...
La course
Le jour J, les conditions de course s'annoncent moyennes.
J'ai mal dormi, la canicule n'a fait qu'une pause éphémère en milieu de
semaine, mais avec un départ à 9h30 ça devrait aller.
Je vais à Uriage à vélo, je m'inscris, j'accroche mon dossard et, ne
voyant aucune tête connue, je grimpe m'échauffer au-dessus de Belmont.
Un échauffement normal, sauf qu'il fait déjà chaud.
J'avale une crème de marron et je redescends. Je remplis aux deux-tiers
mon bidon de 800 cl, une quantité qui s'avèrera un peu juste, surtout
parce que le départ, initialement prévu pour 9h15, sera donné à 9h30,
et qu'entre temps nous patientons sous le soleil...
Cela laisse du temps pour discuter avec Vincent et Olivier.
Le départ est donné, enfin. Départ fictif, puis départ réel.
Il est 9 heures 33 et 40 secondes. Je retiens cette heure par cœur,
car j'ai des repères chronométriques sur quatre points intermédiaires.
Ces repères serviront éventuellement à mieux réguler mon rythme, en effet
je n'ai aucun indicateur physique (pas de cardio-fréquencemètre) mais je
connais la route par cœur.
Je vois rapidement Olivier s'envoler, mais contrairement à l'an dernier,
je ne perds pas trop de temps à remonter des cyclistes, je ne me fais
pas trop enfermer. Le groupe de tête reste un bon moment en ligne de mire,
mire que j'avais rapidement perdue l'an dernier.
Vincent, juste derrière moi au départ, est distancé tout de suite.
Bizarre, je n'ai pas l'impression d'un départ si rapide.
Je joue un bon moment à Pac-Man: je gobe les
cyclistes qui décrochent déjà des pelotons de devant.
Aucun repère jusque-là, le premier repère se situera vers la vingt-deuxième
minutes... Sauf qu'avant cela, je dépasse la gagnante de l'an dernier. J'ai retenu qu'elle avait gagné en environ 1h08,
donc je suis surpris de la dépasser car ayant réalisé 1h11 moi-même
l'an dernier, je ne m'attends pas à faire trois minutes de moins cette
année. Je dépasse doucement, nous formons un groupe de trois à cet instant,
mais elle décroche assez vite. A cet instant, je me pose des questions,
car soit je suis parti trop vite, soit je suis en super forme.
Je me sens bien, la route s'ombrage au fil des kilomètres, donc je décide
de ne plus m'occuper que de ce qui se passe devant moi.
Le repère à 22 minutes (basé sur ma course de 2014) est atteint en environ
21 minutes, ce qui confirme le départ rapide. Ce repère se trouve dans la
dernière épingle qui précède la longue portion, raide par endroits, qui
précède Prémol. Puisque j'ai des bonnes jambes et que la pente m'est favorable,
j'accélère encore le rythme. Il faut que je songe déjà à constituer un petit
groupe, mais pour l'instant je roule seul. Ce qui est frustrant, c'est
qu'un gros groupe roule 30 secondes devant, l'écart diminue mais je ne
parviendrai pas à le rattraper. Je me contente de gober,
encore, quelques unités. J'apprendrai plus tard qu'il y avait Edwige Pitel dans ce groupe.
Prémol arrive, sa courte descente, la remontée en faux-plat qui fait mal
parce qu'il faut de nouveau appuyer fort après le repos de la descente.
Puis de nouveau de belles pentes jusqu'au Luitel. Nouveau repère
chronométrique: mon avance a encore un peu augmenté.
En guise du petit groupe que j'avais rêvé de constituer, nous sommes...
deux. Sur les portions plus plates, je ne peux faire mieux que prendre
la roue de devant. Nous roulons à un bon rythme, si bien qu'à mon repère
chronométrique suivant (où j'estime alors pouvoir terminer en 1h08 ou 1h09)
je suis toujours dans la roue de mon camarade de route alors que j'étais
censé passer devant et accélérer.
La pente augmente, et il va toujours aussi vite. Bigre ! Entre temps,
sur les portions plates, j'avais remarqué qu'au moins deux cyclistes
étaient en train de revenir, mais nous les tenons encore à distance
respectable.
A l'épingle à gauche qui précède l'Arselle, je me décide à prendre les devants.
Ou plutôt, à attaquer: je prends le virage relativement à l'intérieur
et je pousse fort sur les pédales. Mon camarade est distancé.
J'ai nettement accéléré, mais c'est difficile. La portion plate
de l'Arselle n'est pas à mon avantage. Puis ça remonte. Je suis chassé,
et ce n'est pas une position favorable, d'autant plus que les deux autres
semblent revenir sérieusement. Je pense alors à un final à quatre, comme
l'an dernier. Non, je n'en veux pas ! Je ne veux pas finir une fois de
plus quatrième d'un groupe de quatre ! Alors j'appuie encore plus fort
sur les pédales. Arrive le panneau Chamrousse. Puis le rond-point où l'on
tourne à droite. Il reste quelques centaines de mètres. Les deux autres
reviennent au sprint... exercice impossible pour moi à ce stade, alors
je me fais manger dans la dernière ligne droite. Il reste alors le
quatrième, qui lui aussi semble revenir, et bon sang qu'est-ce que la
ligne d'arrivée est loin ! Dans un dernier sursaut, je me dresse sur
les pédales et je donne tout. Et je réussis à sauver une place, après
m'en être fait chiper deux.
A l'arrivée, je calcule que je suis monté en environ 1h07'30", soit environ 4 minutes de moins que l'an dernier ! Et 5 minutes plus vite qu'à l'entraînement jeudi dernier. C'est énorme.
Le bilan
De cette grimpée, je retiens des points positifs et des points à améliorer.
Ce qui est positif, c'est que j'avais presque les jambes pour suivre, du moins sur les 45 premières minutes, le groupe qui a joué la dixième (quinzième ?) place. J'étais 30 secondes derrière à Prémol. Je termine à 1'30" des derniers de ce groupe. Avec encore un peu de progression, je pourrai m'intégrer à ce groupe et cela simplifiera la course, notamment sur la portion moins grimpante.
Parmi les points à améliorer, il y a le départ. Je suis parti vite, mais je pense que je sous-estime encore mes capacités sur les départs de courses en ligne, parce que j'ai peur de partir trop vite, parce que je suis à l'écoute de mes sensations, celles qui vont déterminer la suite. Je passe trop de temps à dépasser ceux qui sont devant moi et qui roulent moins vite, et je ne me sens pas à l'aise à doubler dans un peloton. Mais j'ai progressé, notamment je n'ai pas fait d'à-coups cette fois-ci lors de mes dépassements. Mais j'ai un peu trop regardé ce qui se passait derrière moi sur la première moitié de la course.
Un autre point à améliorer est le finish. Là aussi, peut-être que je me sous-estime. Je ne pense pas que j'aurais pu semer, dans le dernier kilomètre, les deux cyclistes qui me pourchassaient. Cependant, j'aurais dû tenter le sprint avec ces deux-là, dans les deux cents derniers mètres, et non seulement avec le quatrième. Ils avaient dépensé plus d'efforts que moi pour me rattraper, j'avais donc un avantage et j'aurais au moins dû essayer. Plus facile à écrire qu'à faire, hélas, mais ça doit pouvoir se travailler.
J'ai le sentiment d'une mission bien accomplie pour cette année, et j'ai des pistes pour revenir encore plus fort l'an prochain, bref tout ceci est très positif.
Je vais essayer de progresser encore cette année. Cela passera par des contre-la-montre: peut-être le Benas, dans lequel j'ai mis la barre très haut l'an dernier et qui n'est pas idéal pour mon gabarit, peut-être Murianette en septembre (la barre est là aussi très haute). S'il ne devait rester qu'un seul objectif, je prendrais sans hésiter la grimpée en ligne du Granier: une performance très moyenne l'an dernier, pour des pentes qui doivent me convenir.
Et puis, je me fais plaisir aussi à pied. Et comme j'ai un objectif début octobre sur 7 km, il paraît qu'il faut que je commence à me préparer dès maintenant.
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