Je participe aujourd'hui à ma deuxième grimpée du Granier, avec un esprit de revanche.
Je l'avais écrit suite à la grimpée de Chamrousse d'il y a deux mois: parmi les autres grimpées de la saison, s'il ne devait en rester qu'une, ce serait le Granier.Et, en effet, je n'ai pas refait de grimpée depuis juillet: beaucoup trop de vent de face dans le Benas en août, et une météo annoncée pourrie dimanche dernier pour Prapoutel. Pas de regrets: moins je fais de grimpées, plus je les savoure. J'en avais peut-être un peu trop fait l'an dernier en septembre.
L'an dernier, j'avais improvisé en me rendant au Granier. La veille, je m'étais explosé les jambes en course à pied, je ne m'en étais pas encore rendu compte au réveil, mais cela a eu une incidence sur la course. J'avais manqué de force dans la deuxième moitié. En fait, dès l'échauffement je m'étais rendu compte que ça n'irait pas. Les chiffres avaient donné 1146 m/h sur la grimpée, pas terrible pour du 9% de moyenne. Mon gabarit aurait dû me permettre de faire mieux.
Un an après, ma préparation est de meilleure qualité. Trois semaines avec du sport presque tous les jours, alternant vélo et course à pied, et avec souvent de l'intensité. Et pas la moindre fatigue. Il reste deux inconnues: ma capacité à gérer un effort de plus de 40 minutes d'une part, et ma motivation d'autre part. Concernant le premier point, il ne faudra pas partir trop vite: j'ai plutôt l'habitude, à l'entraînement, d'efforts de 20 à 25 minutes, et là on n'est pas tout à fait dans la même zone d'effort. Pour le deuxième point, c'est à voir: d'un côté, j'ai faim de grimpées après plus de deux mois d'attente, d'un autre côté j'ai un peu l'esprit ailleurs ces derniers temps.
Il est toujours un peu difficile pour moi de faire une grimpée chrono le dimanche, surtout quand il fait beau le samedi: je ne peux pas me retenir de rouler le samedi. Cette fois-ci, j'opte pour une balade de 2h30 avec tout juste une pointe d'intensité par moments. Une balade qui confirme que le matériel et le cycliste se portent bien, et qui ne devrait pas laisser de traces pour le lendemain.
Pour le dimanche, j'hésite à faire une approche en voiture, pour économiser mes forces. Finalement, je ferai en 1h30 un bon échauffement en me rendant à Chapareillan.
J'arrive à Chapareillan un peu plus rapidement que l'an dernier, avec un bon vent de face, un peu usant mais qui m'aidera tout à l'heure au retour. Le timing est parfait: il reste 25 minutes avant le départ fictif. Juste le temps de récupérer le dossard, l'accrocher au maillot, manger quatre biscuits, avaler une crème de marrons, vider l'excédent d'eau des bidons, et enfin grimper un kilomètre entièrement en danseuse.
Puis, c'est déjà le départ fictif. Je me retrouve aux côtés du futur vainqueur du jour, mais je n'ai pas le temps d'accrocher ma corde entre son vélo et le mien...
Le départ réel est un peu une cacophonie, mais contrairement à l'an dernier j'attache ma cale du premier coup. Ça dépasse de tous les côtés, je fais plus attention à ne pas tomber qu'à rouler vite. Quand je peux enfin lever les yeux et trouver mon rythme, je constate que le futur vainqueur s'est déjà envolé, comme à son habitude... Il terminera 2'18" devant le deuxième !
Pas d'excès au départ cette année. Je ne me laisse pas impressionner par ceux qui me dépassent. La partie de yoyo va durer quelques minutes. Finalement, je me retrouve en chasse d'un groupe de cinq unités. En queue de groupe, je reconnais la championne du Team Vercors qui essaye de s'accrocher. Appelons-là Miss Team Vercors par la suite, car une longue partie de yoyo commence...
Finalement, Miss Team Vercors est décrochée du petit groupe et je suis toujours 20 mètres derrière. Je vais rester là plusieurs kilomètres. Avoir un lièvre m'aura énormément aidé. Puis elle s'alimente et ralentit à cette occasion. Je reviens progressivement et l'encourage en la dépassant. On inverse les rôles: pendant les kilomètres suivants, c'est elle qui sera 20 ou 30 mètres derrière, jamais plus.
Un gars de la Léchère revient de l'arrière à son rythme. J'apprendrai plus tard qu'il a 65 ans... Je me cale immédiatement dans sa roue. Après un passage un peu plus plat, il tarde à remettre du rythme, je jette un coup d’œil en arrière et constate que Miss Team Vercors est presque revenue sur nous deux, alors je prends les devants. Je me doute que ça ne durera pas longtemps.
Les deux me redoublent. Je m'accroche. On aperçoit un groupe conséquent à seulement 150 mètres devant nous... Mais je sais très bien que je ne reviendrai pas sur ce groupe. Je sature, je décroche, je ne peux pas rouler plus vite. Je ne pense pas que mon rythme a baissé. Je pense simplement que le gars de la Léchère est plus rapide (puisqu'il est revenu de loin) et que Miss Team Vercors a retrouvé toutes ses forces. Et en effet, à un ou deux kilomètres du sommet, c'est elle qui prend les devants, et elle s'envole littéralement.
Derrière moi, je ne vois personne. La fin s'annonce tranquille... Sauf que mes deux ex-compères dépassent un petit jeune du GMC 38 qui semble craquer. Connaissant le final, je ne m'affole pas, j'accélère un peu mon rythme mais sans excès. Je le dépasse dans la dernière épingle. Je me retourne plusieurs fois, mais il n'a pas les forces pour un sprint. Ça tombe bien: moi non plus. J'ai tout juste assez d'oxygène pour finir.
Miss Team Vercors termine 31 secondes devant moi, le gars de la Léchère 10 secondes devant, et le jeune du GMC 38 4 secondes derrière.
Verdict final du chrono: 40'28", à comparer à mes 44'24" de l'an dernier. Je suis classé 31ème sur 69 (53ème/92 l'an dernier). Une première moitié de classement, avec un niveau un peu plus relevé que l'an dernier (j'aurais terminé 37ème sur 92 l'an dernier avec le temps de cette année), mais j'aurais rêvé d'un meilleur classement pour aujourd'hui.
Strava m'indique 1264 m/h de vitesse ascensionnelle sur l'ensemble de la grimpée. Strava m'indique encore que sur les 2 premiers km, je ne suis allé que 12 secondes plus vite que l'an dernier (6'24" contre 6'36"), confirmant un départ sans excès. Strava m'indique enfin que sur les 7 derniers km, je gagne 3'23" par rapport à l'an dernier (29'52" contre 33'15"), à 1219 m/h ce qui confirme ma capacité, cette année, à rester au-dessus de 1200 m/h sur pas mal de kilomètres d'affilée.
Surtout, cette année, je n'ai ressenti aucune lassitude sur cette montée, malgré les fortes pentes. Le temps est passé vraiment vite. J'étais motivé, et j'ai pris mon pied.
Pas de problème de stratégie sur cette course: cette fois-ci, je n'ai pas perdu de place dans le dernier kilomètre, j'en ai même gagné une. Les deux autres de mon petit groupe étaient définitivement trop forts pour moi aujourd'hui.
Avec 44'24" l'an dernier, et en regardant le classement avant la course, je m'étais dit que je me satisferais de 42', et qu'au mieux je pourrais descendre à 40'. Avec 40'28", je peux donc être satisfait. Après avoir gagné 4 minutes d'une année sur l'autre à Chamrousse, je gagne 4 minutes d'une année sur l'autre au Granier, sur une montée pourtant bien plus courte.
Mon prochain objectif est le cross d'entreprises le 3 octobre, dans deux semaines, sur un parcours de 7 km. Si les quelques kilos en moins sur la balance m'ont bien aidés cette année sur les grimpées, en revanche là ce sera tout plat... Et je pourrai alors mesurer ce que j'ai réellement gagné en puissance. Pourvu qu'il fasse frais. Car aujourd'hui, la fraîcheur m'a bien aidé.