Tout comme le 16 mars 2013, le BRM 300 de Grenoble nous emmène aujourd'hui visiter les belles routes d'Ardèche.
C'est là mon quatrième BRM de la saison, et mon deuxième 300. Dans ma tête, je suis déjà dans mon 400 du week-end prochain, ce qui signifie que je vais rouler à l'économie, sans à-coup, en faisant le moins de pauses possible.
Je connais donc déjà le parcours puisque c'est ma deuxième participation. Aujourd'hui, les conditions sont tout de même différentes: la météo est bien plus favorable, de plus le brevet se situe un mois et demi plus tard dans l'année, du coup tout le monde y est mieux préparé.
A 3h10 je pars à vélo de chez moi, et j'arrive au départ à Grenoble une demi-heure plus tard. Pascal et Yann sont là. Patrick arrive peu après, de même que Franco. Nous sommes 30 participants, soit deux fois moins que pour le Tour du Vercors il y a quatre semaines. On peut penser que, en année pré-qualificative pour Paris-Brest-Paris, ceux qui ont voulu valider un 300 ont choisi le plus roulant. L'argument comme quoi il faut se reposer pour le 400 de la semaine prochaine ne tient pas, au contraire, sauf pour ceux qui ont enchaîné des 200 et des 300, voire des 400, tous les week-ends depuis le début du mois, et je pense là à Cricri.
Nous nous élançons à 4h04 après une photo de groupe. Jean-Philippe, l'organisateur, ne roulera pas avec nous aujourd'hui. C'est rare, mais il a déjà repéré le parcours le week-end dernier.
Sur la voie verte détrempée par les pluies de la nuit, le petit groupe de huit à dix unités dont je fais partie progresse à bonne allure. Patrick, Franco, Yann et moi fermons la marche. Ou plutôt, je ferme la marche, souvent 10 à 20 mètres derrière, ce qui me donne un peu plus de temps de réaction en cas de chute dans la nuit noire...
Au croisement de la route de Tullins, j'ai besoin d'une courte pause et j'estime que je pourrai rattraper le groupe. La jonction est faite 10 minutes plus tard au prix d'un effort qui n'a rien de démesuré.
Du coup, à la fin de la voie verte tout le monde s'arrête sauf moi. J'attaque doucement la montée en direction de Vinay. Patrick me rejoint très vite, puis Yann et Franco. Nous sommes quatre, les autres membres du groupe sont plutôt des rouleurs et nous ne les reverrons plus.
A Vinay, nous prenons la direction de Varacieux. Au début de la montée, je laisse filer tout le monde pour monter sur le rythme tranquille que j'ai décidé d'imprimer aujourd'hui. Une voiture nous double prudemment, un à un; à cet instant je ne sais pas de qui il s'agit mais on reverra cette voiture un peu plus tard...
Je ne vois plus aucune lumière, ni devant ni derrière. Au col de la Feta de Chambarand, je rattrape peu à peu Franco, qui fait une petite pause au sommet.
Dans la descente, il ne fait pas encore bien jour lorsque mon phare se reflète sur deux gilets de cyclistes. Je me dis que Yann et Patrick se sont arrêtés mais je me demande bien pourquoi... Puis j'entends Jean-Philippe m'interpeler: c'est un contrôle secret ! Le premier depuis que je fais des brevets à Grenoble. Mais Jean-Philippe ne se contente pas de marquer nos cartes de route: il nous offre aussi à boire et à manger ! C'est donc sa voiture qui nous a doublés tout à l'heure dans la montée. 7 minutes plus tard, nous repartons. Nous ne nous sommes pas trop refroidis: il doit faire 10 à 15 degrés de plus que l'an dernier au même endroit et sur le même brevet.
Par la suite, nous allons prendre des relais à quatre jusqu'à Saint-Vallier. Je ne trouve pas que l'on roule excessivement vite, cependant je m'emploie à chaque relais, sans exagérer.
Yann:
Franco:
Patrick:
Je ne sais pas pourquoi je propose un arrêt à Hauterives. Peut-être parce que c'est un point de contrôle, mais tout le monde a trouvé la réponse à la question de contrôle et l'on remplira nos cartes plus tard. Il est 6h57 et personne ne s'arrête.
Un peu plus tard, je guide notre petit groupe dans Saint-Vallier.
Nous allons traverser le Rhône sur ce pont:
Nous entrons en Ardèche. La route des gorges de l'Ay est fermée et nous décidons sagement d'emprunter l'itinéraire de déviation, un peu plus long et grimpant.
Franco et Yann s'arrêtent tandis que Patrick s'envole déjà dans la montée. Je me cale sur le même rythme que dans la montée de Varacieux.
J'apprendrai plus tard, à Lalouvesc, que Brigitte était venue à Saint-Vallier pour nous rencontrer, sauf que nous sommes passés trop tôt... et pour cause: lorsqu'il me dépasse au début de la montée, Yann m'indique que nous avons parcouru 100 km en un peu plus de 3h30. Pourtant, je ne trouve pas que nous avons roulé comme des fusées, et puis le dénivelé sur cette portion du parcours n'est pas énorme.
Patrick et Yann s'éloignent de plus en plus devant, et je finis par les perdre de vue. Franco ne doit pas être bien loin derrière.
Je rejoins le parcours officiel à St-Romain-d'Ay: fin de la déviation. A partir de Satilleu, je me retourne régulièrement mais je ne vois personne revenir sur moi. En particulier, pas de Pascal, qui m'avait dépassé l'an dernier à cet endroit ou un peu avant. Alors, jusqu'à Lalouvesc, je ne cesserai de chanter Pascaloutai: où t'es, Pascal où t'es ? Où t'es, Pascal où t'es...
Lalouvesc:
A Lalouvesc, je découvre non seulement que Yann et Patrick sont déjà repartis (si toutefois ils se sont arrêtés), mais aussi que personne n'arrive derrière moi. Pourtant, je prends le temps de manger et de remplir les bidons sur la place du village.
L'idée de faire 200 km tout seul ne me plaît guère, aussi je finis par redescendre jusqu'à l'entrée de Lalouvesc, où j'ai de la visibilité sur la fin de la montée. 10 minutes se sont déjà écoulées depuis mon arrivée lorsque Pascal arrive à son tour. Pas de Franco. Pascal m'indique qu'il l'a vu peu avant Lalouvesc... et qu'il était en train de redescendre... En fait, j'apprendrai bien plus tard que Franco a fait demi-tour à cause de sa hanche. 260 km pour lui aujourd'hui, une très grosse balade donc, mais c'est dommage pour le brevet... Franco, j'espère que ta hanche va te laisser tranquille pour encore bon nombre de balades à vélo.
Après Lalouvesc, parcourir la route des crêtes est un régal. L'an dernier, il fallait se cramponner au guidon à cause des rafales de vent, garder les yeux rivés sur la route et pédaler même en descente. Aujourd'hui, je peux contempler le paysage et prendre des photos.
A Lamastre, je n'ai toujours pas assimilé la logique de la circulation, mais grâce à la trace GPS de l'an dernier je parviens à trouver ma route sans faire plus de détours que ce que les sens interdits m'imposent...
Un peu plus de 7 kilomètres de montée me séparent du col de Montreynaud. Pascal, que j'ai distancé, devrait me rattraper dans la montée. Ça recommence: Pascaloutai. Pas de Pascal. Le col est atteint en 30 minutes, comparé aux 40 minutes de l'an dernier, ce qui fait une différence énorme mais que j'attribue aux rafales de vent de l'an dernier. En effet, l'an dernier j'avais notamment été accueilli au col par de dangereuses rafales; rien de tout cela aujourd'hui.
Vernoux est atteint rapidement. Je m'y arrête deux fois, car c'est un point de contrôle et la question porte sur le panneau d'entrée, or il y a deux entrées, selon que l'on reste sur la route principale ou que l'on se dirige vers le centre.
A Vernoux, je m'attendais éventuellement à voir des cyclistes attablés à un bar, mais je ne vois personne. Je m'installe à la sortie du village pour manger un sandwich. Il n'est pas encore midi, je n'ai pas tant faim que cela, mais sur un 300 il faut manger. Pascal me rejoint peu après et en fait de même. Je traîne un peu: 18 minutes de pause n'étaient pas nécessaires ici.
Le col de la Justice est une formalité, puis nous allons rejoindre St-Georges-les-Bains par une petite route qui monte et qui descend. L'occasion de reprendre, avec Pascal, notre partie de yoyo.
Pascal me rejoint au feu du pont de Charmes. Nous traversons le Rhône: au revoir l'Ardèche. Le retour sur Grenoble, sans profiter de la moindre roue, dans un léger vent dont on se demande le sens, ne s'annonce pas agréable, d'autant plus que je vais un peu moins bien. Je suis Pascal, me faisant distancer parfois sur des routes parfaitement plates. Sa compagnie sur cette dernière portion du parcours me sera précieuse.
La trace GPS de 2013 n'est pas parfaite, je ne l'ai pas suffisamment retravaillée et nous ne sommes pas toujours sûrs du chemin le plus court. Ainsi se succèdent le grand tour bosselé d'Etoile-sur-Rhône pour éviter de prendre le sens interdit de l'an dernier, le contournement de Montéléger alors que nous aurions mieux fait de le traverser, puis la traversée de Chabeuil où Pascal nous fait passer au plus court.
A Chabeuil, la fontaine verte est la bienvenue car mes deux bidons sont vides. Petite frayeur: l'eau ne sort pas. Finalement, en attendant un peu, l'eau finit par sortir. Ouf !
La suite du parcours se fait par cœur. Pascal s'envole, mais à l'occasion d'une pause de sa part je passe en tête. Je vois des cyclistes. Des lents, que je dépasse. Un rapide, qui me double. Un grisonnant, qui a le même vélo que moi. Puis je crois voir Pascal devant et je ne comprends plus: s'est-il téléporté ? Puis un autre cycliste avec un gilet fluo, duquel je me rapproche mais qui disparaît à je-ne-sais quelle bifurcation. Bref, j'essaye de m'occuper l'esprit. Pascal revient et nous arrivons à la bosse finale. Je le distance dans la petite descente qui la précède, mais il revient très facilement dans la bosse alors que j'ai décidé d'enclencher le turbo. Le turbo tient jusqu'au sommet: pas mal, mais je ne suis quand même pas au mieux.
Entre Chabeuil et St-Nazaire-en-Royans, nous longeons le Vercors:
Rapide pause à St-Nazaire pour le troisième contrôle et pour manger un bout. Ensuite, la nationale défile, un peu plus rapidement que certaines fois où j'y suis passé par vent du Nord. Remplissage des bidons aux WC publics de Cognin-les-Gorges (cela devient une habitude), et environ 1h05 après St-Nazaire la voie verte nous tend les bras. Je ne parviens pas à imprimer mon rythme habituel de rouleur: on doit avancer à 27 ou 28 km/h, lorsqu'on ne dépasse pas des piétons ou des vélos. A l'approche de St-Egrève, j'aperçois un vélo dans ma roue. Je l'emmène un certain temps, puis je jette un coup d'oeil de temps en temps derrière pour lui faire comprendre que c'est son tour. Il ne passe pas, j'accélère progressivement et il lâche assez facilement. C'était... un VTT.
A l'approche de Grenoble, je vois que Pascal s'arrête, alors je ralentis et l'on finira le brevet ensemble. Jean-Philippe, Patrick et Yann sont là et nous applaudissent. Jean-Philippe nous offre, après celui du départ et celui du contrôle secret, le troisième ravitaillement du jour.
De gauche à droite, Patrick, Pascal et moi-même:
Yann, Patrick et Pascal:
Je resterai là plus d'une heure à discuter, sans voir arriver personne d'autre. Le vent s'est levé et le ciel devient tout noir côté Chartreuse: il est temps pour moi de parcourir les 10 derniers kilomètres, ceux qui me séparent de mon domicile. Après une heure d'arrêt, il m'est devenu très difficile de poser les fesses sur la selle, mais les jambes répondent encore bien en danseuse.
Je suis quand même crevé et n'aurai aucun mal à trouver le sommeil se soir-là...
Côté chiffres, la journée se termine avec 333 km au compteur, dont 311 pour le seul brevet parcouru en 13h22 dont 58 minutes de pauses. L'an dernier, le même parcours m'avait pris 14h07, il n'y avait pas de déviation mais du froid, du vent et un vélo plus lourd, bref rien de comparable. Aujourd'hui, je n'ai profité d'aucune roue sur les 210 derniers kilomètres, et c'est une satisfaction, mais que le temps fut long sur la fin ! En sachant que la portion Chabeuil-Grenoble sera la même la semaine prochaine sur le 400, mais que l'on aura alors 100 km de plus dans les jambes et une nuit blanche, j'espère que l'on roulera groupés et que je serai en mesure de suivre. Dans le cas contraire, cela pourrait être laborieux.
Un point positif est que j'ai pris beaucoup de plaisir à rouler jusqu'à la sortie du département de l'Ardèche. Depuis le BRM 200 du 5 avril, mes sorties, au nombre de 7, n'avaient pas dépassé 4h20 de selle. Cela donne faim de longues distances, et j'espère avoir la même faim pour le 400, une faim qui m'avait un peu manqué l'an dernier. De mon expérience des deux 400 à mon actif, les ingrédients pour réussir un 400 sont d'abord la faim, ensuite un bon stress positif, enfin une bonne connaissance de soi sur 200 à 300 km.
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