J'ai l'habitude de faire, une fois pas an, la trilogie de la Chartreuse, à savoir dans l'ordre, le col de Porte, le col du Cucheron, et le col du Granier. Cet enchaînement comporte en réalité cinq cols, puisqu'en grimpant le col de Porte, les col de Vence et col de Palaquit sont successivement franchis. Cette balade, au départ de Grenoble, et en revenant par la vallée du Grésivaudan, cumule environ 110 km pour 2100 mètres de dénivelé positif.
J'ai toujours effectué cette sortie dans ce sens, notamment pour éviter la descente du col de Porte à une heure où la circulation est plus dense. Cela signifie que je n'ai jamais grimpé le col du Granier par Chapareillan, versant particulièrement difficile, sur une route rugueuse avec de longs passages à plus de 9%.
J'ai également l'habitude, plusieurs fois par an et dans les deux sens, de parcourir les balcons de Belledonne entre Venon et Saint-Pierre-d'Allevard. C'est une balade que j'affectionne car elle emprunte des routes avec très peu de circulation, et les portions montantes ne sont pas trop longues ni trop difficiles, hormis peut-être la montée du col des Ayes à partir de Theys dans le sens Allevard-Venon. Cette sortie comporte également une trilogie de cols: le col du Barioz, le col des Ayes et le col des Mouilles. Il s'agit en réalité d'une quadrilogie, puisque entre le col des Ayes et celui des Mouilles il y a également le col du Lautaret, même si ce col n'est pas indiqué par un panneau traditionnel. Cette balade, en empruntant la vallée du Grésivaudan à l'aller (ou au retour, selon le sens du parcours), cumule moins d'une centaine de kilomètres depuis Grenoble, pour 1900 mètres de dénivelé positif.
Le défi du jour consiste à enchaîner les deux balades: Chartreuse jusqu'à Chapareillan, traversée de la vallée jusqu'à Pontcharra, remontée de la vallée du Bréda jusqu'à Allevard, puis balcons de Belledonne.
Il s'agit d'une longue sortie: 154 kilomètres et 3900 mètres de dénivelé positif, que j'ai parcourus en 8h25 de selle (9 heures au total). L'avantage d'une telle sortie est qu'elle n'emprunte pratiquement aucune route à forte circulation.
L'idée de cette sortie un peu folle m'était venue le week-end dernier lorsque, devant participer au BRA dimanche, les conditions météorologiques annoncées pour le jour de l'épreuve étaient très pessimistes. Il me fallait alors un plan B pour le samedi, et cette double trilogie me paraissait être un défi à la hauteur (ou presque) du BRA. Il en a finalement été tout autrement: j'ai opté pour une sortie encore plus folle, le parcours du BRA en totale autonomie.
Lorsque je pars ce matin peu après 6h30, j'ai d'abord comme objectif la trilogie de la Chartreuse. Pour la suite, on avisera en temps voulu.
Le ciel est encore bien encombré, surtout sur les reliefs, et la Chartreuse est privilégiée par rapport à Belledonne.
Au départ de Gières, je longe l'Isère par la piste cyclable jusqu'à la Tronche, où débute la longue montée vers le col de Porte.
Au col de Porte, après avoir traversé un léger brouillard, j'attaque la descente glaciale. Cette descente, au Nord et dans la forêt, est toujours fraîche même en plein été, mais aujourd'hui le thermomètre descend jusqu'à 6 degrés ! Heureusement la fin de la descente est atteinte à la Diat, avant que je ne sois totalement frigorifié.
S'ensuit la courte et difficile remontée sur Saint-Pierre-de-Chartreuse, qui marque le début de l'ascension du col du Cucheron. A St-Pierre, je suis déçu de ne pas trouver de point d'eau, mais sans doute n'ai-je pas assez cherché. J'en trouverai finalement un dans la descente du col.
Le troisième col, celui du Granier, débute à Saint-Pierre-d'Entremont. Au col, je tourne à droite en direction de Chapareillan. Quelques kilomètres de route nationale, en descente, me permettent de rejoindre Pontcharra depuis Chapareillan. A Pontcharra, je remonte la vallée du Bréda, d'abord jusqu'à Détrier, puis jusqu'à Allevard par une route peu fréquentée aujourd'hui.
Je prends ma pause sandwich sur les bords du lac d'Allevard. Le soleil fait une première apparition, il est même brûlant !
L'envie de poursuivre ma balade par le balcon de Belledonne est très modérée, mais après le ravitaillement je retrouve suffisamment de motivation pour tourner à gauche à Saint-Pierre-d'Allevard, en direction du col du Barioz.
A partir de là, c'est l'inconnu. Je connais très bien le parcours, mais aujourd'hui j'ai déjà plus de 2000 mètres de dénivelé dans les jambes lorsque je commence l'ascension du Barioz !
Le soleil disparaît, et une pluie fine fait même son apparition dans les derniers kilomètres; elle ne me quittera pas jusqu'au col des Ayes. L'arrivée au col du Barioz, après 45 minutes, dissipe tous les doutes que j'avais sur mon état de fraîcheur: habituellement, il me faut une quarantaine de minutes.
La suite se déroule sans encombre: col des Ayes, col du Lautaret, col des Mouilles, puis le soleil réapparaît. La dernière montée significative relie le Neysord au Rousset pour moins de 200 mètres de dénivelé. Je suis rejoint par un cycliste en VTT avec des roues de vélo de route, et je me surprends à arriver à le suivre jusqu'au sommet. Le compteur s'affole: vitesse verticale de 17, 18, 19 mètres par minute ! On ne dirait pas que j'ai déjà 3500 mètres de dénivelé dans les jambes ! C'est là une des caractéristiques de ma progression: auparavant, je finissais mes sorties longues en étant bien cuit. Aujourd'hui, j'ai l'impression que je peux tenir presque indéfiniment mon rythme tranquille de randonneur, avec quasiment la même capacité d'accélération en fin de sortie qu'en début de sortie.
Je termine d'ailleurs, en guise de dernière montée, par le raidard qui relie Saint-Nizier-d'Uriage et le sommet de Venon: j'adore cette montée de 500 mètres avec plusieurs passages nettement au-dessus de 10%.
Je rentre au bercail pas trop entamé. Je suis sur ma lancée du BRA, et que représentent mes 8h30 de vélo par rapport aux 13h30 de samedi dernier ?
Voici la courbe de dénivelé du jour, je la trouve plutôt chouette avec tous ces pics... On y remarque que mon passage en Chartreuse se compose pour l'essentiel de trois montées, alors que les balcons de Belledonne sont une succession de montées plus modestes, mais le dénivelé total est presque équivalent.
Je me suis peu arrêté aujourd'hui, et du coup je n'ai pas pris beaucoup de photos. Voici Grenoble depuis la route qui mène au col de Vence. Le temps est très couvert.
Le lac d'Allevard, depuis mon lieu de pique-nique:
Le point d'eau du col des Ayes est le bienvenu car je suis presque à sec (bien que sous la pluie...).
Balcon de Belledonne, vers Saint-Mury-Monteymond: les nuages n'ont pas quitté la Chartreuse de la journée !
Depuis Saint-Mury-Monteymond: au fond, le col des Mouilles d'où je viens:
Et pour finir, la vue sur la vallée du Grésivaudan depuis la croix de Révollat. Au fond: Grenoble au pied du Vercors. Devant: le Versoud et son aérodrome.
Cette balade termine un mois exceptionnel: sur un mois glissant, entre le 27 juin et le 24 juillet, j'ai parcouru 1094 km, et surtout j'ai gravi 22500 mètres de dénivelé en 9 sorties. Tout ceci en ne roulant que les weekends plus un jour de RTT. Même mes meilleurs mois d'août avec trois semaines de congés n'ont jamais atteint de tels chiffres. J'ai beaucoup de chance d'avoir la condition physique pour faire de si belles randonnées; pourvu que ça dure !
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