Le massif des Bauges est bordé par Chambéry au Sud, Albertville à l'Est, le lac du Bourget (Aix-les-Bains) à l'Ouest et le lac d'Annecy au Nord. Les routes n'y dépassent pas 1500 mètres d'altitude environ.
Etant rarement allé faire du vélo dans ce massif, je profite de cette belle journée d'été pas trop chaude pour aller y franchir 11 nouveaux cols. Au départ de l'agglomération grenobloise, cette balade occupe une journée entière, avec 242 km et 3700 mètres de dénivelé positif. Cependant, il est possible de partir de Chambéry ou encore Montmélian, réduisant alors le kilomètrage à 150 à 160 km.
Jusque-ici, en 2012 ma chasse aux cols a été essentiellement opportuniste. Au fil des brevets et des balades entre amis, j'ai glané tout de même 27 cols, soigneusement ajoutés à ma liste après chaque sortie. La seule véritable chasse aux cols de l'année a été effectuée le 1er avril dans le secteur des Chambarans, ramenant... trois nouveaux cols. Préparer un itinéraire, le mémoriser, est une activité très consommatrice de temps, à laquelle j'ai souvent préféré des sorties en terrain connu, à fort dénivelé, au départ de chez moi: Belledonne, Chartreuse. Et il y a de quoi s'occuper avec ces deux massifs !
Pourtant, la balade d'aujourd'hui est la preuve qu'il est encore possible de partir le matin à vélo depuis chez moi, et de rentrer en fin d'après-midi avec 11 nouveaux cols et un bon paquet de dénivelé dans la musette. Certes, l'aller-retour jusqu'aux Bauges consiste en une centaine de kilomètres tout plats, ce qui n'est pas un terrain idéal pour moi, mais je préfère ça à prendre la voiture, et une fois de temps en temps ça ne fait pas de mal. En 2012, jusqu'à présent j'ai gravi en moyenne 2230 mètres de dénivelé pour 100 km parcourus, et la sortie du jour ne fera que 1550 mètres pour 100 km. A ne pas reproduire trop souvent: j'ai une réputation à tenir, moi !
En préparant cette sortie, j'ai essayé de caser un maximum de cols, tout en restant raisonnable, en évitant les demi-tours, et en éliminant les cols déjà franchis (en fait, LE col déjà franchi: le col du Frêne, plus à l'Est, gravi en aller-retour le 19 septembre 2010). Le parcours comporte tout de même deux demi-tours: le premier, pour aller chercher le col de Leschaux, très au Nord et aussi le point le plus éloigné de mon point de départ, et le deuxième au col du Lindar, pour lequel les informations fournies récemment par Alain ont été précieuses. En effet, dans une première version du parcours, j'avais laissé le Lindar de côté.
Au départ, j'ignore le dénivelé qui m'attend, mais je me doute qu'il y aura entre 3000 et 3500 mètres de dénivelé positif. Il y en aura finalement un peu plus. A noter que l'acquisition récente d'un GPS me simplifie énormément la préparation d'un tel parcours, m'évite les erreurs de parcours (il n'y a rien de plus reposant que de suivre la trace sur l'écran), et me permet également de situer précisément les cols non signalés. Et, cerise sur le gâteau, au retour je sais exactement où j'étais et à quelle heure: c'est utile pour localiser les photos prises (cependant, certains appareils photo disposent maintenant de capteurs GPS intégrés), analyser mes temps intermédiaires et vitesses moyennes sur n'importe quelle portion du trajet, etc.
Le départ est donné peu après 6h30. Les matins diminuent vite: malgré le temps très clair, il me faut un éclairage minimal. L'objectif est de rallier Challes-les-Eaux, dans la banlieue de Chambéry, d'abord par la rive gauche de l'Isère jusqu'à Tencin, puis par la rive droite à partir de la Terrasse. Il y a déjà beaucoup de circulation sur la rive gauche. Par contre, jusqu'à Tencin je n'aurai pas eu un seul feu rouge, ce qui ne sera pas le cas au retour. Le thermomètre descend jusqu'à 11 degrés, ce qui me convient très bien, et ce n'est que lorsque j'attrape une barre de céréales que je me rends compte que mes doigts sont un peu engourdis.
Le soleil se lève sur le plateau des Petites Roches:
Ah, ces cyclistes qui roulent sur toute la largeur de la route...
A Les Marches, commune jumelée avec le village écossais de Stepps (ça ne s'invente pas), je cherche de l'eau sans en trouver. A ce stade, j'ai parcouru près de 45 km en 1h45, soit 25,5 km/h de moyenne, sans pause.
Ce n'est qu'à la sortie de Challes-les-Eaux (où j'aurai finalement pu remplir mon bidon) que la route commence à s'élever, après avoir tourné à droite en direction de St-Alban-Leysse. En contournant ainsi Chambéry, je franchis le modeste col de Saint-Saturnin.
Vue sur Belledonne, depuis le col de Saint-Saturnin, km 60:
Je redescends sur Chambéry, que je quitte très vite pour longer les Bauges sur une route en balcon. Sur ma droite, j'aperçois le Mont Revard, où je me rends. Je dépasse un cycliste qui roule moins vite que moi, mais peu de temps après il accélère et repasse devant sans dire un mot, jetant régulièrement des regards derrière lui pour voir si j'y étais encore.
Le Revard est sur ma droite, l'ombre me convient bien:
Quand il tourne à gauche pour retomber sur Aix-les-Bains, je n'y suis plus.
C'est là que débute la montée du Revard, indiquée alors à 18 km.
La montée est régulière, les pourcentages sont généralement autour de 6% avec quelques portions un peu plus pentues. J'ai un duo de cyclistes en ligne de mire, mais je prends mon temps. A Trévignin, je les ai presque rattrapés mais je m'arrête pour prendre de l'eau. Il me faudra accélérer pour les avoir de nouveau en ligne de mire, puis les dépasser quelques centaines de mètres plus loin. Peu après, je vois débouler l'un des deux à vive allure, ça devait le démanger ! J'accélère pour prendre sa roue mais son rythme irrégulier ne me convient pas et on dirait qu'il est à la limite. Je finis par repasser devant à la faveur d'un passage plus lent de sa part. A cet instant, on doit être à 5 km du col de la Clusaz, et je décide de gérer cette ascension sur un rythme élevé, tout sauf raisonnable à ce stade de la sortie, mais ça fait du bien, d'autant plus que l'on est encore à l'ombre. Après le col, nous nous retrouvons au soleil. Il reste 300 mètres de dénivelé jusqu'au Revard, la pente faiblit et moi aussi. Le cycliste suit, jamais plus de quelques dizaines de mètres derrière. Au sommet, nous nous remercions de nous être mutuellement motivés pour grimper à ce rythme.
Avant le col de la Clusaz, le décor ressemble à ça...
Après le col, il ressemble plutôt à ça:
J'effectue le tour de la station pour cueillir deux petits cols: le Gollet du Taisson et le Golet de la Pierre. Une fois passé ce dernier, je me retrouve avec une vue splendide sur le lac du Bourget. Un banc se trouve là, et même s'il n'est pas encore midi c'est une incitation à la pause déjeuner. Je savoure mon sandwich devant cette vue vertigineuse. Avec l'altitude, le sachet d'emballage de mon sandwich n'en peut plus: je ne sais pas si j'aurais pu l'emmener jusqu'au Galibier sans qu'il n'explose dans mon dos !
L'endroit idéal pour déjeuner ! En face, le fameux Mont du Chat. On ne dirait pas, mais le lac est plus de mille mètres en-dessous.
En parlant de Galibier, quand il s'agit d'entretenir ce col mythique, la Savoie s'en donne les moyens. En revanche, dans les Bauges, les routes sont souvent très mauvaises. C'est particulièrement le cas de la descente du Revard sur la Féclaz.
Au début de la descente, le GPS m'indique un col à proximité de la route: le Pas du Rébollion. Je m'engage sur un sentier de randonnée et pousse le vélo en descente jusqu'au col. C'est dangereux pour le matériel, j'abîme mes chaussures et je risque de tomber... pas très raisonnable mais voilà un col de plus.
Pour chercher le col, je suis descendu jusqu'à la limite du chemin sur la photo, c'est ce qu'indiquait le GPS:
A la Féclaz, je tourne à droite pour chercher, en un court aller-retour de 4 km, le Passage du Croc.
Vue depuis le passage du Croc:
La descente m'amène à Plainpalais, où je bifurque à gauche vers le Nord. Le col de Plainpalais se trouve juste là.
Une longue descente s'ensuit jusqu'à Lescheraines, où je passe brièvement sous les 600 mètres d'altitude. J'arrive à Lescheraines par l'Ouest, je vais chercher le col de Leschaux plus au Nord, en aller-retour, et au retour je quitterai Lescheraines par le Sud...
Lescheraines:
Il commence à faire chaud, mais la montée fait du bien car je n'ai presque plus grimpé depuis le repas de midi. J'accélère car je suis chassé par l'arrière par des cyclistes anglo-saxons, et je dépasse et salue une cycliste courageuse sur un vélo lourd. Certes, ça ne vaut pas le gars en Métro-vélo qui montait hier au Pinet d'Uriage (850 m d'altitude) depuis Domène (240 m)... je n'ai décidément aucun mérite avec mon vélo ultra-léger.
Je ne m'attarde pas au col et fais demi-tour.
Je rallie ensuite Aillon-le-Jeune depuis Lescheraines: trois quarts-d'heure de montée, 300 mètres de dénivelé. A Aillon-le-Jeune, j'ai la chance de trouver des toilettes publiques pour ravitailler en eau: il était temps, et ce point d'eau me servira à nouveau au retour du Lindar... car la suite consiste justement à grimper le col du Lindar. Il s'agit encore de 300 mètres de dénivelé: il n'y aura pas eu de grosse montée aujourd'hui, si ce n'est la montée initiale au Revard, mais plutôt une succession de bosses.
Sur la route d'Aillon-le-Jeune:
Pour aller chercher le Lindar, il faut rejoindre la station de ski à l'Est, puis descendre vers le Sud: traverser le lieu-dit Panloup, et poursuivre tout droit. La route est rapidement à l'ombre, étroite, puis la pente s'accentue. La route est mauvaise, mais ici je ne m'en plaindrai pas: c'est déjà pas mal qu'elle soit goudronnée. Comme indiqué par Alain, il manque du goudron sur quelques centaines de mètres, que je franchirai à pied. Je monterai quand même sur le vélo au retour, en restant très prudent.
Au col du Lindar, je ne suis qu'à un peu plus d'un kilomètre à vol d'oiseau du col de Marocaz où je passerai d'ici 1h30... en faisant un grand tour de 28 km ! Mais, d'une part le versant Sud du Lindar est un sentier de randonnée, d'autre part j'ai un autre col à chercher plus à l'Ouest.
De retour à Aillon-le-Jeune, je prends donc comme prévu la direction du col des Prés. L'aller-retour au Lindar, avec la portion pédestre, m'a quelque peu émoussé. De plus, il fait chaud et je sens que je prends du retard, ma moyenne globale ayant du mal à dépasser les 18 km/h. C'est le seul col de la journée où je me poserai ces questions. Le suivant se passera beaucoup mieux.
Je suis encore un peu inquiet quand je m'aperçois que la descente m'amène à 670 m d'altitude, alors qu'il est déjà 16h et qu'il me reste au moins 300 mètres de dénivelé pour le dernier col.
Puis je me résigne à devoir rentrer après 19h. Je traverse plein de petits hameaux (Puygros, Arvey, Entrenants). Le col de Marocaz se fait désirer: on grimpe de 30 mètres, on redescend de 10 mètres, et ça recommence. Ce n'est qu'à la Guillère que la montée commence vraiment: 200 mètres de dénivelé en 4,5 km. C'est le dernier col du jour, alors je vais le regretter si je ne le savoure pas. Là-haut, le panneau du col a été maquillé en "col du Maroc". Dans le même genre, au-dessus d'Uriage nous avons une commune qui s'appelle Herbeys et dont les panneaux d'agglomération ont été maquillés en "Herbe"...
Depuis le col de Marocaz:
Il est 16h45 lorsque je m'apprête à descendre. Une descente très sinueuse et à l'ombre. J'avais failli grimper ce col par ce versant en 2010 en revenant du col de l'Epine, me résignant finalement à rentrer sans allonger excessivement la balade.
Avant de traverser la voie ferrée après le Cruet, malgré les barrières je jette un coup d'oeil à gauche, à droite, puis je me fais la réflexion que je suis stupide puisqu'il n'y a pas de train cet été entre Grenoble et Chambéry pour cause de réfection. Et comme par hasard, juste au moment où je suis entre les barrières, le signal sonore retentit ! D'une, l'été est terminé, et de deux, cet endroit situé au-delà de Chambéry n'était sans doute pas concerné par les travaux...
Il est 17h passé et j'estime qu'il me faudra 2h à 2h30 pour rentrer. Le début est pénible car je me retrouve sur la D1006 encombrée, dangereuse, heureusement rapidement bordée par une piste cyclable. J'ai choisi cet itinéraire pour ne pas me perdre dans Montmélian comme la dernière fois (où je m'étais retrouvé face à des imbéciles en scooter, qui faisaient mine de dévier de leur trajectoire au dernier moment comme pour me renverser).
Puis la suite se déroule sans encombre. J'ai encore des forces pour bien avancer, avec l'aide d'un léger vent dans le dos. Je connais maintenant par cœur l'enchaînement des agglomérations sur cette rive gauche (Pontcharra, l'interminable Cheylas, Goncelin) puis à Tencin je m'estime "chez moi". Mais contrairement à certaines fois, je roule régulièrement, j'accélère dans les bosses, et je ne me laisse pas irriter par le moindre automobiliste qui me frôle. Et pourtant, à cette heure, ce n'est pas la circulation qui manque, ni les travaux, ni les feux rouges. Finalement, je serai chez moi à 19h pile, ayant parcouru les 49 derniers kilomètres plats à 25,4 km/h de moyenne globale et même 26 km/h de moyenne roulée, de très bonnes moyennes compte tenu des ralentissements intempestifs.
Je suis de retour après 12h30 de balade dont 1h de pause. Je suis fatigué, peu déshydraté et je n'ai pas connu de problème pour m'alimenter. C'était un peu une folie de faire cette balade au départ de chez moi, déjà parce qu'il a fallu affronter la circulation automobile à l'aller et au retour, en semaine et à des heures de forte fréquentation.
Cependant, je m'en tire bien.
Il est difficile de tirer des conclusions sur les vitesse moyennes, qui sont relativement faibles (21 km/h sur le vélo, 19,3 km/h en moyenne globale) compte-tenu notamment des passages à pied. Les 56 minutes de pause ne veulent pas dire grand chose non plus car, mis à part le gros quart-d'heure de pause pour le repas de midi, il s'agit d'une succession de remplissages de bidons, de feux rouges, de photos, de remplacement des piles du GPS, etc.
C'est la plus longue sortie à ce jour avec mon nouveau vélo, qui passe la barre des mille kilomètres en moins d'un mois, pour plus de 26 000 mètres de dénivelé positif. Je dirais qu'il est maintenant bien rôdé. Seule la selle m'a un peu inquiété aujourd'hui pour les longues distances, mais il faut dire que j'avais déjà roulé 4 heures hier et 3 heures avant-hier, et c'est bien la première fois que je réalise un 200 en ayant autant roulé les jours précédents. Comme l'avait écrit Olivier, ces problèmes de selle ne se règlent pas en changeant de selle ou de cuissard, mais en ayant une bonne position sur le vélo. En particulier, tout comme avec le Giant, je m'applique à pédaler longuement en danseuse dans les montées, ce qui soulage également le dos.
Un profil de dénivelé qui commence mal, finit mal, mais n'oublions pas le milieu !
Vous pouvez également consulter la trace Openrunner 1935039 telle qu'extraite de mon GPS.
Ces 13 derniers jours, j'ai roulé 9 fois, parcouru 826 km et gravi 19 800 mètres de dénivelé positif. Le restant de la semaine étant annoncé maussade, cette série va s'achever, ou bien il me faudra rouler avec le mulet.
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