Ce week-end, j'ai participé au BRM 400 km de Grenoble. C'était une première pour moi, qui n'a pas été sans embûche mais qui m'a aussi réservé de bonnes surprises, pour se terminer par un succès.
(La carte de route, elle aussi, a pris l'eau.
Si vous regardez bien, il y a une erreur pour le dernier contrôle à Grenoble: le dernier délai est 20h et non 17h, le délai pour effectuer un BRM 400 étant de 27h).
En 2011, j'avais décidé de participer à une partie des BRM 2012 de Grenoble. En janvier, j'ai pré-rempli quatre bulletins d'inscription et coché les dates correspondantes sur mon calendrier: 11 mars pour le 200, 25 mars pour le 300, 12 et 13 mai pour le 400, et 23 juin ou 21 juillet pour le 300 montagneux. Le 200 fut pratiquement une formalité sur le plan physique, et surtout une agréable balade entre amis. Je m'attendais à réussir le 300, mais sans doute pas aussi vite.
Pour ce qui est du 400, je l'avais classé dans la catégorie des grands défis, avec une participation incertaine et une faible probabilité de le réussir.
Entre temps, les brevets de 200 et 300 km m'ont rassuré sur ma forme. Malgré une coupure forcée début avril, à cause de la météo, j'ai rattrapé mon retard fin avril avec une semaine de vacances et 12 000 mètres de dénivelé. Je n'ai jamais douté de ma capacité à terminer une épreuve de 400 km. La difficulté se situe ailleurs: ce brevet part à 17h le samedi, ce qui implique de passer la nuit entière en vadrouille. Je n'ai pas l'habitude de passer des nuits blanches, et encore moins sur un vélo. Et puis, rouler aussi longtemps de nuit, surtout dans la nuit de samedi à dimanche, comporte des risques importants. Pour ce qui concerne ce problème de la nuit, je pars totalement dans l'inconnu. Le BRM 300, partant à 4h du matin, ne m'a finalement pas appris grand chose sur la question.
Depuis le brevet de 300 km du 25 mars, je n'ai jamais écarté la possibilité de participer au 400, mais ce n'était pas non plus un objectif majeur. Si jamais les conditions météorologiques, physique et mentale étaient favorables, je m'inscrirais, sinon, je passerais mon chemin...
Et puis arrive un moment où il faut se décider, parce qu'il faut quand même un minimum d'organisation en cas de participation. Un 400, ça consomme tout un week-end, voire plus pour la récupération. Ce moment arrive le week-end du 6 mai, une semaine avant le brevet. La météo à une semaine semble correcte. Je prévois de rouler fort et longtemps mardi (8 mai), et si après ça je m'en sens capable alors j'envoie mon inscription à Jean-Philippe. La sortie de mardi fut convaincante. Neuf cols en Chartreuse, 3850 mètres de dénivelé positif, en 8 heures de selle plus 25 minutes d'arrêt. Mon inscription est envoyée.
A partir de là, le stress augmente. Pour le 300, je n'avais pas d'appréhension: juste un petit stress positif qui traduit l'envie de bien faire. Pour le 400, mon stress traduisait une inquiétude. Rien de bien méchant tout de même: je n'aurais jamais pris le départ si mon stress avait été handicapant. Je dois bien me préparer, me reposer les jours précédents, puis prendre les kilomètres les uns après les autres comme je sais déjà le faire, en m'alimentant et en m'hydratant convenablement.
Il est 15h15 quand je quitte Gières en ce samedi 12 mai. Le départ est à 17h à Grenoble, mais Jean-Philippe, qui organise le brevet, nous a conseillé d'être présents dès 16h.
Quelques gouttes de pluie sont tombées vers midi, et nous ne devrions pas rencontrer de pluie jusqu'à dimanche. Par contre, le vent du Nord souffle très fort et c'était inattendu. En ralliant Grenoble, je lutte contre les rafales. Ça commence bien...
J'arrive sur la place de Sfax peu avant 16h, où je retrouve avec plaisir Brigitte, qui va tenter elle aussi son premier 400, ainsi que Cricri, tous deux venus en train. Les participants arrivent peu à peu; nous serons finalement une vingtaine. Je trouve alors le temps long: je me suis refroidi, peut-être le stress, sans doute le vent, mais pourtant on ne peut pas dire qu'il fasse froid (17 degrés). Je bois le demi-litre d'eau que j'avais prévu pour l'attente, histoire de ne pas partir déshydraté.
Peu avant le départ: on distingue Jean-Philippe au fond, en discussion avec Cricri (caché) et Brigitte. On papote pour passer le temps qu'il nous reste jusqu'à 17h.
Et une photo des trois bloggeurs engagés sur le brevet, je suis encadré par Brigitte et Cricri. Merci à Laurène pour la photo !
A 17h nous nous élançons en groupe, guidés par Jean-Philippe. Sur la voie verte qui relie Grenoble à Voreppe, il y a du vent, et la Chartreuse où nous allons est encombrée de nuages...
Dès le départ, je me suis assuré de bien rester dans le premier groupe. D'abord pour me réchauffer. Ensuite parce que devant, on a Jean-Philippe avec nous, qui saura nous guider pour rejoindre Voreppe. Enfin parce que, si les jambes le permettent, je ne veux pas perdre l'opportunité de rouler quelques dizaines de kilomètres avec le groupe de tête. Cela implique de quitter Brigitte et Cricri, qui roulent plus tranquillement dans un autre groupe... A ce moment-là, je prévois de les attendre au col de la Placette. Nous serions ainsi au moins trois, ce qui est mieux que deux, d'autant plus que Cricri s'est montré inquiet au départ sur sa capacité à terminer la randonnée, et il a même parlé de rentrer en train dans le cas où la nuit serait trop difficile à passer...
Sur la voie verte, devant: Jean-Philippe (caché) discutant avec un participant, suivis de Pascal, à gauche, et Henri, à droite, deux très bons randonneurs qui m'accompagneront tout au long de la journée.
Derrière: à ma proximité immédiate, deux cyclistes qui m'accompagneront également jusqu'à l'arrivée. En fait, inconsciemment, le groupe s'est déjà formé...
A Voreppe, Jean-Philippe nous souhaite bonne route et l'ascension du col de la Placette (587 m) peut commencer. Certains attaquent très vite, pour rapidement faiblir: comportement étrange pour la première montée d'un brevet qui va durer plus de vingt heures. Je monte à mon rythme, régulièrement, et je remonte progressivement tous les participants sauf un: je crois qu'il s'agissait déjà de Pascal Kerboas.
Au col, nous attendons de quoi constituer un groupe. En effet, quelque chose a changé depuis le départ: maintenant, il pleut, et on sera plus visible à plusieurs. Nous repartons lorsque Jean-Philippe arrive au col. Nous sommes alors une douzaine. Pas de Brigitte ni de Cricri...
Au col, il pleut:
La suite est difficile, notamment dans ma tête. Ce furent même les moments les plus difficiles du brevet. J'accroche le groupe en dernière position, position que je ne laisserai qu'occasionnellement jusqu'à Lagnieu. Il pleut d'une pluie fine qui suffit à tout mouiller, à tout salir, à tout refroidir, à rendre mes lunettes de vue difficilement utilisables. Je n'y vois pas très clair, mais c'est dans la tête que c'est encore le moins clair. Je me demande vraiment ce que je fais là. D'habitude, quand il pleut, c'est très simple: je ne sors pas le vélo. Là, il pleut, il fait de moins en moins jour, et au lieu de me diriger vers ma base comme toujours quand il pleut, au contraire je m'en éloigne. Je n'ai pas encore fait un dixième de la randonnée. Une folie. Dans chaque village traversé, je guette les abris, histoire d'attendre que la pluie cesse, de quitter ce groupe de tête que de toute façon je ne pourrai pas suivre longtemps, et de revoir Brigitte et Cricri pour trouver du réconfort... Des abris, j'en ai trouvé, mais j'ai toujours su résister.
A quelques kilomètres de Lagnieu, après la pluie, nous sommes une dizaine:
Peu après 20h, mon moral remonte aussi vite que la pluie cesse. Nous arrivons à Lagnieu, lieu du premier contrôle, à 21h, soit une moyenne de 27 km/h depuis le départ, rapide mais logique étant donné que le col de la Placette était la seule montée en 109 km.
A Lagnieu, nous sommes une douzaine de cyclistes. L'un d'entre nous part sans faire de pause; nous ne le reverrons pas. La plupart des autres s'attablent dans un kébab. Puisque j'ai un sandwich, je le mange puis patiente. Une attente un peu longue à mon goût; d'ailleurs, j'aurais bien été incapable de repartir avec un kébab dans l'estomac.
Vers 21h40, nous nous apprêtons à repartir lorsque un deuxième groupe arrive. Parmi eux, Brigitte et Cricri, surpris de me voir ici. Ils s'engagent, eux aussi, dans une longue pause dîner. Nous nous séparons donc en nous souhaitant bonne chance pour la suite.
Moi, en repartant de Lagnieu vers 21h40. Merci Brigitte pour la photo !
Même avec un estomac pas trop plein, le départ de Lagnieu est difficile. Nous sommes arrivés de jour, nous repartons dans la nuit noire. A partir de cet instant, je dois rester vigilant car la fatigue risque d'arriver. La nuit réserve des surprises. La première ne tarde d'ailleurs pas, dès la sortie de Lagnieu: un petit animal, sans doute un chat, se retrouve dans nos roues. Freinage d'urgence, tout le groupe s'arrête. Plus de peur que de mal, le chat prend ses jambes à son cou et nous pouvons repartir. C'est un avertissement.
Les kilomètres défilent, mon attention ne diminue pas mais mon inquiétude est toujours là. Avec la frontale, je vois l'heure défiler sur mon compteur. 21h50, 22h, 22h10, 22h30, ... ce n'est que vers minuit, avec les premières pentes du col des Echarmeaux, que mon esprit s'occupera davantage la balade que de l'heure. Sans doute les routes plates m'ennuyaient-elles, tout simplement. Entre temps, nous aurons traversé quelques localités dont je ne ferai ici pas la promotion, mais qui nous ont offert leur lot de personnages fortement alcoolisés. Bien heureusement, les automobilistes seront restés extrêmement respectueux à notre encontre.
Les derniers kilomètres du col des Echarmeaux offrent quelques portions plus difficiles. Nous ne sommes certes pas dans les Alpes, mais cela suffit à faire exploser notre groupe. J'ai toujours autant la pêche dans les montées, et je finis par me retrouver seul avec Pascal. Nous ralentissons un peu l'allure car une attente prolongée au col va nous refroidir: nous approchons du col et le compteur indique 5 degrés.
Au col, c'est avec une grande joie que nous apercevons de la lumière à l'auberge pour notre deuxième pointage, au kilomètre 200 très exactement. Jean-Philippe les avait contactés cette semaine. Ils devaient fermer à minuit, mais à 1h30 quand nous arrivons, les invités de leur soirée privée entre amis quittent les lieux. Le patron accepte avec gentillesse de nous servir à boire. Nous sommes trois (Pascal, Henri et moi), puis cinq, puis sept, et là on apprend que l'un des cyclistes de Gillonnay a été victime d'une crevaison dans la montée. Le groupe de neuf est finalement au complet. Je bois une tisane un thé qui me réchauffe bien. Je change les piles de mon éclairage Philips (je me rendrai compte le lendemain qu'il leur restait encore de quoi éclairer près de deux heures; il y a un problème connu de jauge de batterie sur cet équipement, le problème étant que c'est cette même jauge qui coupe l'éclairage prématurément). Nous repartons dans le froid à 2h15 après trois quart-d'heure de pause. Un grand merci au patron et à la patronne qui nous ont accueillis alors que rien ne les obligeait à le faire. Le fait de pouvoir me réchauffer, faire une vraie pause, voir de la lumière, boire chaud, m'a énormément aidé à passer le reste de la nuit.
La suite consiste en une alternance de montées et de descentes, de plusieurs kilomètres à fois, et ce jusqu'au lever du jour et même au-delà. La première descente est très courte puis nous remontons franchir le col des Ecorbans en passant par le col des Aillets. Nous avons donc quitté le département du Rhône pour celui de la Loire. Il s'agit d'ailleurs là de mon premier col franchi dans ce département. Cette montée, pas si longue que cela, est déjà laborieuse pour certains d'entre nous. Puis nous effectuons la longue descente vers Amplepuis pour le troisième pointage. Mon éclairage en mode pleine puissance permet de voir très loin et d'anticiper les obstacles. Je descends en tête. Les éclairages de mes compagnons de route ne leur permettent pas de descendre aussi vite, notamment parce qu'ils n'éclairent pas suffisamment sur les côtés.
A Amplepuis (troisième contrôle, 3h20), nous attendons les deux cyclistes de Gillonnay. L'un des deux est cuit. Nous insistons pour qu'ils restent dans le groupe, mais ils préfèrent poursuivre à leur rythme. Nous nous souhaitons bonne chance; j'espère qu'ils ont retrouvé des forces par la suite.
Nous grimpons ensuite le col des Sauvages (pause au sommet), avant de descendre sur Tarare, très jolie ville mais... il fait nuit. J'apprendrai le lendemain que c'est ici que Cricri a mis pied à terre quelques heures plus tard, victime de la fatigue et de jambes qui peinaient à trouver leur rythme dans les montées. Savoir s'arrêter pour ne pas se mettre en danger: c'est aussi ça, savoir randonner.
La montée vers la Croix de Signy (qui n'est pas un col) est ardue. De temps en temps, je "réveille" Pascal pour lui signaler que l'on n'est plus que deux. Pascal roule avec de la musique dans les oreilles, si bien qu'il est parfois difficile de lui parler ! A la Croix de Signy, le jour commence tout juste à se lever, il doit être 5 heures, et nous avons les températures les plus basses de la journée: 3,5 degrés. Une fois de plus, nous attendons deux cyclistes... pour rien puisqu'ils n'arriveront jamais. L'un des deux ne participe pas au brevet mais a rejoint son frère après le départ pour l'accompagner. Ce frère doit être cuit; pourtant peu de temps auparavant nous l'avons vu accélérer au-dessus de Tarare ! C'est le même que j'avais vu partir comme un fou dans le col de la Placette. Nous ne les reverrons pas; Jean-Philippe nous apprendra à l'arrivée que l'abandon a eu lieu un peu plus loin à Duerne.
La descente vers Saint-Laurent-de Chamousset puis Sainte-Foy-l'Argentière est la plus froide de ce brevet. Heureusement, malgré mes deux seules couches de vêtements et mes gants courts, je n'aurai pas eu trop froid. J'ai déjà connu bien pire cette année.
A Sainte-Foy, il n'y a pas de bar ouvert donc nous nous réfugions au chaud dans une boulangerie. Un pain au raisin, un tampon de contrôle (6h30) et nous reprenons notre route. Les premiers rayons de soleil apparaissent. Une sévère montée, de près de 400 mètres de dénivelé, nous attend en direction de Duerne. Celle-ci, je l'avais oubliée ! Mais je grimpe toujours aussi facilement: comme dans toutes les montées jusque-là, je démarre en retrait, le temps de monter en puissance doucement, puis je dépasse un à un mes coéquipiers, pour finir la montée aux côtés de Pascal. Nos coéquipiers sont en forme et sont rapidement au sommet de la côte. Il ne nous manque qu'un chocolat chaud.
Dans la montée vers Duerne, au lever du soleil, Pascal est toujours devant...
... mais les autres ne sont jamais très loin derrière:
L'église de Saint-Martin-en-Haut:
Ce chocolat, nous le prenons quelques kilomètres plus loin à Saint-Martin-en-Haut, dans le seul bar ouvert à cette heure-ci, et où la patronne est fort sympathique.
Les grosses montées sont provisoirement terminées, et nous avons droit à une succession de petites bosses pour finalement descendre sur Givors, d'où nous devons rejoindre Vienne puis prendre la direction de la Côte-Saint-André, par un itinéraire tranquille concocté par Jean-Philippe. Honnêtement, et ce n'est pas sérieux, je n'ai pas étudié en détails le parcours du brevet, j'ai seulement (et vaguement) mémorisé le parcours aux alentours de Givors et de Vienne, et j'ai oublié d'imprimer l'excellent repérage publié sur le site de Jean-Philippe. A vrai dire, j'imaginais rouler avec Cricri qui dispose d'un GPS avec l'itinéraire de l'an dernier. Mais, autant je suis novice, autant je suis très surpris que mes quatre partenaires très aguerris, ayant tous participé à un grand nombre de brevets, à un ou plusieurs Paris-Brest-Paris, aient eu autant de mal à se repérer aujourd'hui. Il ne serait pas raisonnable d'écrire ici que nous avons emprunté aujourd'hui, à deux reprises, et à deux endroits éloignés l'un de l'autre, des routes interdites aux vélos et clairement indiquées comme telles, de type "rocade"... et pourtant je le fais quand même. En ce qui me concerne, l'achat d'un GPS est à envisager sérieusement. Nous avons perdu de longues minutes à essayer de nous aiguiller, pour finalement faire de mauvais choix.
C'est donc un peu agacé que je commence le long faux-plat montant qui doit nous mener à la Côte-Saint-André. J'ai faim. Pourtant, j'estime avoir bien mangé ces dernières heures. Ce sont peut-être les effets conjugués de la chaleur et de la fatigue, fatigue dont je n'avais jusqu'alors ressenti aucun signe et c'est tant mieux.
Je ne suis pas très à l'aise sur les faux-plats montants. J'aime bien quand ça grimpe vraiment. Un faux-plat montant, ça ne grimpe pas assez, et en même temps on ne va pas assez vite pour profiter de l'aspiration du cycliste qui est devant. Pascal a tendance à se mettre de temps en temps en danseuse, pour changer de position, mais aussi de rythme, et après je dois recoller. Je finis par ne plus arriver à recoller. Je quitte ma deuxième position pour passer en queue de peloton, puis pour finalement décrocher. Début de fringale. Baisse de régime. Mes compagnons de route ont la gentillesse de ralentir le rythme. En une dizaine de kilomètres, je me refais ainsi une santé. Mais que cette portion du parcours est longue ! Une peu plus loin, la pente s'accentue et j'ai alors retrouvé une grande partie de mes forces sans toutefois être aussi fringant qu'il y a cent kilomètres. Je ne suis pas le dernier au sommet.
A l'approche de la Côte-Saint-André, au fond se trouvent les dernières collines qui nous séparent de l'arrivée à Grenoble:
Il reste encore une montée avant la Côte-Saint-André, celle du facile col de Balbins, qui ne semble plus être homologué par le club des Cent Cols. Il a été remplacé en 2005 par le col des Crozes, qui lui se trouve 1 km plus au Nord que la route que nous empruntons, avec la même référence FR-38-0440.
A 11h30 nous arrivons à la Côte-Saint-André où nous prenons le temps de nous ravitailler, et de faire tamponner pour le cinquième contrôle. Cette pause de trois quart-d'heure était nécessaire pour moi, mais pas que pour moi.
La dernière étape consiste à rejoindre Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, puis à gravir le col de Chatain par la Forteresse. Nous avons tous retrouvé nos forces, et le sommet est atteint rapidement mais sans trop forcer, en discutant avec Pascal. C'était le dernier col du jour, et la dernière montée...
Lancé à fond dans la descente, vers 500 m d'altitude je croise une cycliste que je reconnais immédiatement: c'est Laurène, une copine grenobloise de Brigitte. Laurène était venue samedi pour nous encourager au départ, et avait parlé de venir à la rencontre de Brigitte au retour. J'ai juste le temps de la saluer, mais sa présence aujourd'hui dans ce col signifie que Brigitte va aller au terme de ce brevet, et qu'en plus elle n'est pas très loin derrière nous. C'est une super nouvelle.
Henri et Pascal en pleine discussion dans l'ascension du col de Chatain...
... et le col, "Enfin !" diront certains, mais il reste encore une trentaine de kilomètres jusqu'à l'arrivée:
Nous arrivons rapidement à Tullins, où nous traversons la vallée pour finir le brevet par une vingtaine de kilomètres sur la voie verte. C'est long, mais il faut bien remplir cette formalité pour terminer le brevet, et accessoirement pour rentrer à la maison. Pascal prend des relais toujours aussi appuyés, si bien qu'il est à nouveau obligé de ralentir l'allure par moments. Je prends quelques relais au-dessus de 30 km/h: il me reste encore un peu de jus, même si au sommet de ma forme j'aurais sans doute atteint ici les 35 km/h. A l'arrivée à 14h30, nous sommes chaleureusement accueillis par Jean-Philippe qui nous félicite et nous offre à boire. Il nous a également préparé son délicieux gâteau au chocolat, que je savoure autant que je savoure ma réussite sur ce brevet. Comme sur le 300, je suis arrivé deuxième ex-æquo. Je ne m'inscris pas aux brevets pour le classement, mais cela me donne une idée de ma forme du moment.
Je suis très heureux d'avoir terminé ce brevet de 400 km sans difficulté majeure: pas de fatigue, pas de besoin de sommeil, juste une petite fringale dimanche matin. Je suis également ravi de terminer ce brevet en compagnie de quatre randonneurs très expérimentés. Merci à tous les quatre, car rouler en groupe, surtout la nuit, ça change tout. Merci en particulier à Pascal Kerboas pour avoir su conserver un rythme régulier qui convenait à tous, et pour avoir pris la quasi-totalité des relais. Après écrémage, nous étions un groupe de cinq de niveau assez homogène, même si je me suis montré bien meilleur grimpeur que rouleur, et qu'en général les randonneurs sont plutôt des rouleurs.
Bien évidemment, je remercie Jean-Philippe pour l'organisation sans faille de ce brevet. Il paraît que ce brevet est l'un des 400 les plus difficiles de France, car il dépasse les 4000 mètres de dénivelé: ce tracé fut un régal pour moi qui aime grimper. Dommage qu'il nous manquait une partie du paysage pour les kilomètres effectués de nuit.
Plus que ma réussite de ce brevet, je retiens, comme pour le 300, les conditions dans lesquelles je l'ai terminé. Pour le 300, la surprise avait été ma vitesse supersonique (par rapport à mon niveau, je précise). Pour le 400, la surprise est venue de ma capacité à franchir ce long col obscur et sinueux qu'est la nuit. Je n'ai jamais eu envie de dormir, pourtant je n'ai pas pris de caféine, ni le Red Bull que m'a gentiment proposé Pascal en début de nuit quand je lui ai parlé de mes inquiétudes. Habituellement, je suis plutôt un gros dormeur. Le lendemain, au moment où j'écris ces lignes, je ne ressens pas de fatigue ni de douleur particulière, je suis juste un peu plus fatigué que d'habitude.
Certes, sur ce brevet nous n'avons pas été supersoniques. Si la moyenne roulée est convenable (24 km/h), en revanche j'ai roulé 17h45 pour un temps total de 21h30, soit 3h45 de pause, ce qui commence à faire beaucoup. Néanmoins, je pense que la plupart de ces pauses m'ont été favorables.
Rouler toute une nuit représentait pour moi un défi, je voulais le réaliser au moins une fois. Pour la suite, il est clair que je ne participerai pas au 600 dans deux semaines. J'espère que Jean-Philippe aura du monde, car l'itinéraire est nouveau et a l'air intéressant, il y a beaucoup de dénivelé, en tout cas la reconnaissance fait vraiment envie. Cependant, je ne suis mentalement pas prêt à remettre le couvert dans deux semaines. Ce genre de brevet me consomme beaucoup d'énergie et de temps. Contrairement à la majorité des participants à ce 400, partir sur une si longue distance est loin d'être une formalité pour moi. Peut-être un jour ? Je mesure le mérite de Jean-Philippe d'organiser minutieusement tous ces parcours, qui changent régulièrement au fil des ans, de reconnaître lui-même les parcours, de publier des photos sur son site web, d'organiser, de nous préparer du bon gâteau, et même souvent de participer avec nous aux randonnées.
Pour la suite, je vais revenir à des itinéraires fortement dénivelés, ce qui signifie que je participerai au 300 montagneux de Grenoble, soit le 23 juin soit le 21 juillet. Pour beaucoup de participants, il faudra rouler fort avec le groupe jusqu'à la Tarentaise pour espérer terminer dans les délais. Ensuite, la trilogie Madeleine-Glandon-Ornon, sans oublier la Festinière au retour, devrait être fantastique.
Quoi qu'il en soit, en cette première moitié de saison j'ai réussi à améliorer à la fois mes capacités d'endurance pour les longues distances, et mon aptitude à grimper (vite d'une part, longtemps d'autre part), et ça, c'est très positif.
Veuillez excuser le manque d'illustrations dans cet article, mais la pluie, la nuit, ainsi que la concentration sur mon objectif m'ont souvent détourné de l'envie de prendre des photos...
A lire aussi: l'excellent reportage de Brigitte, qui a réussi son premier 400 dans une forme éblouissante. Bravo à elle, en plus elle était la seule féminine engagée sur ce brevet !
Mise à jour du 26/05/2012: En rédigeant l'article, j'ai oublié que les 17h45 de vélo incluaient la grosse demi-heure qu'il m'avait fallu pour le trajet Gières-Grenoble le samedi. Cela signifie que j'ai roulé pendant 17h15 et que nous avons donc fait 4h15 de pause, ce qui est définitivement énorme.
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