Cela faisait 6 mois que je l'attendais, ce 23 juin, jour du BRM de montagne organisé par Jean-Philippe. Un très beau parcours franchissant successivement les cols de la Madeleine, du Glandon et d'Ornon. Une randonnée du niveau du BRA, avec près de 5000 mètres de dénivelé positif en 300 km.
Ci-dessus: vue vers le Mont Blanc depuis les derniers lacets du col de la Madeleine.
Cette année, les circonstances ont fait qu'au 23 juin, je n'ai encore rendu visite à aucun grand col des Alpes. Ma faim de montagne est d'autant plus grande.
Autant ma préparation du BRM 400 avait été sérieuse, autant je manque d'entraînement pour ce 300. Rien à voir avec ma préparation au BRA 2011. L'expérience acquise depuis un an m'a cependant permis de terminer cette randonnée. Mais j'aurais pu être un peu plus fringant dans les cols.
Peu avant 4h du matin, je retrouve Franco place de Sfax à Grenoble, puis arrivent Alain, Pascal et Jean-Philippe. Je fais connaissance avec Alain du CTG, et Pascal, d'habitude en vélo couché mais qui est venu aujourd'hui en vélo droit. Un sixième participant est attendu mais il ne viendra finalement pas.
Nous avons une bonne centaine de kilomètres pour rejoindre le point de départ de la montée du col de la Madeleine en Tarentaise. Jusqu'à Pontcharra, le parcours est relativement plat avec de petites bosses de temps en temps. A Pontcharra, j'emmène le groupe dans le faux-plat montant longeant le Bréda en direction de la Rochette, sans me rendre compte que Jean-Philippe et Pascal se sont arrêtés. Ils nous rattraperons finalement un peu plus loin, dans la longue ligne droite qui doit nous déposer à l'entrée de la Maurienne. Depuis la Maurienne nous rejoignons la Tarentaise. Une pause à la Bâthie à 8h pile, au kilomètre 97, nous permet de remplir les bidons, et Jean-Philippe pointe nos cartes de routes pour le premier contrôle de la journée.
Peu avant 5h30 vers le Touvet, le jour point:
Après Pontcharra: zut, il en manque deux ! Franco suivi par Alain:
On a retrouvé Jean-Philippe, et Pascal derrière Alain:
Traversée de l'Arly à Albertville:
Premier contrôle à la Bâthie. De gauche à droite: Pascal, Alain, Jean-Philippe et Franco:
Une grosse dizaine de kilomètres plus loin, nous attaquons la longue ascension du col de la Madeleine (altitude 1993 m). Je ne suis jamais monté, ni descendu par ce versant. Il y a environ 25 kilomètres de montée. Les premiers lacets nous permettent de rentrer tout de suite dans le vif du sujet. Pascal s'échappe en tête, nous le dépasserons plus tard car il était parti un peu vite. Franco et Alain se sont arrêtés au pied du col mais Franco nous rejoint rapidement. Puis arrive une partie plus plate, avec même une petite descente. La suite est difficile. Un kilomètre est annoncé à 10% de moyenne, un autre à 9%. Franco se régale, je roule tantôt avec lui, tantôt cent mètres derrière, et Jean-Philippe est un peu plus loin. C'est aussi un régal pour les yeux, les photos parlent d'elles-mêmes. Les paysages sont tout verts et c'est sublime.
Dans les premiers lacets de la Madeleine: Jean-Philippe très affûté, tout comme Franco:
J'atteins le sommet en 2h10. Les sensations sont bonnes et il ne fait pas encore trop chaud. Nous nous regroupons au col, avant d'entamer la descente sur la Chambre, descente que je connais bien et qui est technique avec de nombreux petits lacets.
A la Chambre, nous prenons le temps de bien nous ravitailler avant la deuxième grosse ascension du jour: le col du Glandon (1924 m), qui nous attend juste en face. La Madeleine était un apéritif: nous n'avons pas encore fait la moitié du dénivelé de la randonnée. Au sommet du Glandon, on en saura plus sur nos capacités respectives à réussir le brevet.
A la Chambre, tout le monde se ravitaille:
La montée commence à la sortie de Saint-Etienne-de-Cuines. Je n'ai plus fréquenté ce versant dans le sens de la montée depuis cinq ans, mais je m'en souviens très bien. Le Glandon et ses 8 derniers kilomètres, on ne peut pas les oublier. Ses 3 derniers kilomètres non plus.
Dès le début de la montée, je surchauffe. Alors que Alain et Pascal se sont laissés décrocher très vite pour monter à leur rythme, j'essaye de suivre Franco et Jean-Philippe mais ils vont trop vite pour moi. Le compteur affiche 30 degrés au soleil. Je perds beaucoup d'eau. Je monte à mon rythme et ne m'inquiète pas trop: rien à voir avec cette ascension du Galibier, mais le Glandon, fût-il difficile, n'est pas comparable au Galibier.
J'arrive à Saint-Colomban-des-Villards, à mi-parcours, sur le grand plateau (!), où Jean-Philippe et Franco m'attendent à la terrasse d'un bar. Un rafraichissement, et la pause qui va avec, sont les bienvenus. J'attrape une courte crampe sous la cuisse gauche: inquiétude. Jean-Philippe valide notre deuxième point de contrôle.
Nous repartons à l'assaut de la deuxième moitié de l'ascension, la plus difficile. A nouveau, Franco et Jean-Philippe partent devant, et Pascal et Alain se laissent décrocher. La quasi absence de photos prises dans cette montée traduit à la fois le pourcentage de la pente, et surtout ma concentration sur l'objectif. Les trois derniers kilomètres sont terribles. Le joker est nécessaire: il s'agit du pignon de 28 dents, qui me sert très rarement, par exemple pour grimper la Bastille... Malgré tout, je termine l'ascension sans problème. Il fait un peu moins chaud, avec l'aide du vent. Il m'aura fallu 2h06 pour grimper ce col, sans compter la longue pause boisson.
Nouveau regroupement au col. Nous savons maintenant que le plus dur est fait. Bravo à Pascal, qui a peiné, mais qui a franchi coup sur coup deux cols à plus de 1900 mètres d'altitude, alors qu'il n'avait jusqu'alors jamais dépassé 1200 m !
Dans la montée du Glandon:
Au sommet:
Nous sommes heureux et fiers d'être arrivés là ! Pendant ce temps, d'autres sont montés avec une voiture d'assistance qui les attendait tous les kilomètres. Il est 15h20 et je suis parti de chez moi à vélo à 3h ce matin... et la journée est loin d'être terminée.
La descente sur Rochetaillée est rapide et propre: elle a été nettoyée de la majorité des pierres que l'on y trouve généralement en redescendant du barrage de Grand'Maison. S'ensuit la traversée de l'Eau d'Olle et la désormais classique remontée sur le Rivier d'Allemont, toujours aussi raide. Plus bas, nous nous arrêtons à Allemont pour ravitailler. En repartant, Franco est victime d'une crevaison, vite réparée.
Depuis le barrage de Grand'Maison:
A Rochetaillée, nous rejoignons la Paute ou débute l'ascension du col d'Ornon (1367 m), pour une bonne heure de montée. La majorité de la montée s'effectue en discutant avec Franco, qui a décidé de monter prudemment. Vers la fin, je me fais distancer, usé par la fatigue et par le vent dont on ne sait plus très bien dans quelle direction il souffle. Nous sommes dépassés par un cycliste-fusée, qui ne dit pas bonjour, qui sprinte avant le sommet pour dépasser Franco, et qui fait immédiatement demi-tour au col: une autre pratique du vélo que celle qui nous concerne aujourd'hui.
Il est 18h50 lorsque nous repartons. Il nous reste environ 3 heures de route. Il n'y a plus de grosse montée mais, pour être revenu quelques fois du col d'Ornon par cette route, je me souviens qu'elle comporte plusieurs bosses (jusqu'à Valbonnais, puis pour arriver à la Mure notamment), et qu'à ce stade de la sortie c'est usant. Pascal a retrouvé des forces et roule maintenant devant ! En ce qui me concerne, les faux-plats montants ce n'est pas trop mon truc, et c'est encore plus vrai après plus de 10 heures de vélo.
Jean-Philippe pointe nos cartes de route à la Mure. Nous redescendons non sans franchir le col de la Festinière (964 m), de loin le col le plus facile du jour.
L'éclairage est nécessaire à l'approche de Grenoble. Avec le jour qui tombe, je commence à ressentir sérieusement la fatigue (bâillements, yeux qui veulent se fermer). Prudemment, nous ne nous étions pas arrêtés à la Mure, et cela nous a évité de rouler trop longtemps de nuit. C'est la première fois que je pars de nuit et rentre de nuit à vélo, de plus ce sont les journées les plus longues de l'année. Finalement, le brevet se termine à 21h55.
Le jour se couche sur le Mont Aiguille:
Cette agréable journée se termine chez Jean-Philippe (merci de ton accueil !). J'ai de belles images plein la tête, et je retiendrai aussi la bonne entente du groupe tout au long de la journée. Merci Alain, Franco, Jean-Philippe et Pascal de votre compagnie !
Physiquement, je suis globalement fatigué, mais est-ce surprenant après autant d'heures de vélo (14h30 en comptant l'aller Gières-Grenoble), et en s'étant levé le matin-même à 2h ? Je n'ai pas de douleur particulière, contrairement à vendredi dernier où les genoux avaient menacé de se réveiller, et mes jambes ne sont pas complètement vidées. Je suis moins cuit que je ne le craignais après la balade de vendredi dernier, mais je manque clairement d'entraînement pour ce genre de sortie. Je suis davantage marqué physiquement après ce 300 qu'après le 400 de mai, si ce n'est le fait que pour le 400, il avait ensuite fallu récupérer de la nuit blanche.
Jean-Philippe, lui, est prêt pour l'Etape du Tour dans deux semaines: depuis des semaines il enchaîne les grands cols, il a fait et refait le Glandon et la Madeleine qui seront au programme, et il a fait preuve d'une réelle facilité dans les montées.
Ce brevet mérite d'être fait, et je remercie Jean-Philippe de l'avoir proposé et organisé. Il est dommage que si peu de participants aient répondu présent. Heureusement, il y aura une session de rattrapage le 21 juillet prochain, avec exactement le même parcours.
Comme tous les BRM de 300 km, le délai pour rallier l'arrivée est fixé à 20h, soit un retour avant minuit pour un départ à 4h. Cela peut paraître court, mais nous avons prouvé aujourd'hui que c'est largement réalisable: nous sommes arrivés avec 2 heures d'avance en faisant des pauses confortables (temps de pause cumulé de près de 4 heures). Il n'est pas non plus nécessaire d'être un grimpeur d'exception pour réussir, la preuve en est que l'un des participants, Pascal, n'avait jusqu'alors jamais franchi de col plus haut que 1180 m (col de Cabre).
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