Pour la troisième année consécutive, je participe aujourd'hui au BRM 300 montagneux organisé par Jean-Philippe.
Ce brevet consiste, après une centaine de kilomètres dans la vallée, à gravir successivement deux cols de haute montagne, à savoir la Madeleine (1993 m) et le Glandon (1924 m), puis de terminer par l'ascension du col d'Ornon avant de rentrer par le Valbonnais et la Mure.
Jean-Philippe a introduit ce brevet en 2012. Depuis, chaque année les conditions favorables m'ont permis d'y participer.
Comme souvent, c'est la chaleur qui décide de ma participation à une telle balade. Il a fait très chaud depuis une semaine, et même des températures inhabituelles pour un début juin. Un début de rafraichissement et annoncé pour ce samedi, avec l'arrivée d'un vent du Nord salvateur. Ma participation a été incertaine jusqu'à la veille en raison d'un œil malade, qui était encore bien rouge le jour du brevet, mais en phase de guérison.
Côté préparation, cette année j'ai déjà franchi deux fois la Croix de Fer et une fois le Galibier. Une chance énorme. Surtout, cette année je n'ai cessé de me faire plaisir en promenant le vélo. Les cinq BRM auxquels j'ai participé, soit plus de 1400 km parcourus, n'y sont pas étrangers. Je ne me suis jamais forcé à pédaler, et selon les semaines j'ai alterné longues balades et sorties plus courtes et rythmées. Je pense que ces deux types d'effort sont complémentaires pour progresser: les sorties courtes et rythmées me permettent de grimper plus vite et plus facilement les cols des sorties longues sans me fatiguer, et inversement les sorties longues m'apportent une excellente base sur laquelle je construis mes sorties plus intenses. Ma pratique surprend parfois; en effet je prépare à la fois des BRM jusqu'à 400 km, et des grimpées chronométrées de moins de 30 minutes...
La semaine dernière, j'ai enchaîné 5 sorties, 14 heures de vélo au total, avec beaucoup d'intensité, pour finir dimanche par une trilogie de la Chartreuse Porte-Cucheron-Granier sur un rythme tranquille. Depuis, je n'ai pas sorti le vélo, d'abord pour faire germer à nouveau l'envie de rouler (ça se cultive, j'en ai besoin et cette année j'y arrive plutôt bien), ensuite pour me remettre de mes efforts de la semaine. Mais la course à pied à pris le relais...
A 3h15 je quitte mon domicile pour rejoindre à vélo la place de Sfax à Grenoble. J'y retrouve Jean-Philippe, Patrick qui a participé aux cinq mêmes brevets que moi cette année, et Bernard qui m'avait accompagné en 2012 pour mon premier 400. J'ai le plaisir de faire la connaissance de nouveaux participants. Nous sommes 12 au départ, c'est peu et ce beau brevet mériterait mieux...
Peu après 4h, nous nous élançons dans les rues de Grenoble derrière Jean-Philippe notre guide.
La remontée de la vallée du Grésivaudan s'effectue sur un bon rythme. Le groupe explose dans les première bosses. On se retrouve à deux avec Patrick: c'est insuffisant pour prendre des relais. On forme finalement un groupe de quatre, on tire des relais pas trop fort, juste ce qu'il faut pour rouler vite sans se fatiguer.
A un moment, j'accélère progressivement sur un relais, et lorsque je le rends je me retourne et me rends compte que l'on n'est plus que deux. Le groupe se reconstitue et nous roulons plus sagement, d'autant plus que Patrick commence à avoir mal à sa hanche.
A la Bâthie, nous sommes accueillis par Henri Morandini, qui nous ouvre sa maison pour le petit déjeuner. J'ai connu Henri il y a deux ans à l'occasion de mon premier 400, où nous avions roulé ensemble tout le long au sein d'un groupe de cinq, un souvenir inoubliable. Henri participe très régulièrement aux BRM de Grenoble, ça me fait plaisir de le revoir car la dernière fois, c'était il y a un an, justement sur le 300 montagneux. Le petit déjeuner est royal, nous bavardons pendant une heure avant de reprendre la route. Un grand merci à Henri et à son épouse.
Lorsque nous repartons, nous sommes presque au pied de la première grosse difficulté du jour: le col de la Madeleine. Notre groupe explose: chacun va monter à son rythme et je vais en faire de même. Je photographie Patrick car on ne se reverra peut-être plus aujourd'hui: il grimpe plus vite que moi. Je le laisse filer, mais je le garde en ligne de mire. Je me sens mieux que l'an dernier dans ce même col: je n'ai pas cette sensation de chaleur qui m'avait déjà diminué dans cette première montée. Mon pédalage est souple, je ne force pas. Après Celliers, la pente s'accentue. Patrick s'envole, je le chronomètre à 5 minutes devant moi dans les derniers lacets. Deux cyclistes me doublent, il est tentant de les suivre mais je me dis que la montée s'est bien passée et qu'il serait dommage de tout gâcher en gaspillant des forces ici. Finalement, arrive la borne du dernier kilomètre, j'accélère et les dépasse à 200 mètres du col.
Patrick s'est arrêté au col, je file car je n'ai pas besoin de pause et encore moins de me refroidir.
Je m'arrête remplir mes bidons à la fontaine de la Chambre, dans la vallée. J'ai bu deux bidons rien que pour grimper la Madeleine. Patrick me rejoint rapidement. Après cette entrée déjà copieuse mais qui s'est bien passée, arrive le plat de résistance: le col du Glandon. Ces deux dernières années, j'avais toujours surchauffé dans ce col. Il me fait peur.
Je laisse très vite partir Patrick, et cette fois-ci je le perds de vue rapidement. Je pense qu'il me prendra 20 minutes. La première moitié, jusqu'à Saint-Colomban-des-Villards, est moins chaude que ce que j'attendais, du moins c'est mon impression. J'ai encore tous mes esprits lorsque j'atteins Saint-Colomban, contrairement à l'an dernier. Je décide de m'arrêter pour me rafraîchir à la fontaine, et remplir le bidon que je viens déjà de boire.
La suite ne laisse pratiquement aucun répit jusqu'au col, avec des pourcentages souvent au-delà de 8%. Je mets 28 dents à l'arrière et je mouline. Des cyclistes me doublent. Un cycliste arrive à ma hauteur, bien essoufflé. On discute et ça fait passer le temps. Lui est également parti de Grenoble et est arrivé ici par le col du Grand Cucheron: un tour que j'apprécie. Ça y est, une borne annonce déjà les trois derniers kilomètres. Je laisse partir mon cycliste tandis que je grimpe à mon rythme. Ces derniers lacets, je les connais, mais je ne les ai pas toujours affrontés aussi bien. J'atteins finalement le sommet avec la grande satisfaction d'avoir, pour la première fois sur ce brevet, grimpé le Glandon correctement. Il m'aura fallu aujourd'hui 20 minutes de moins que l'an dernier: c'est la différence entre un David cramé et un David qui grimpe tranquillement sans se fatiguer.
Patrick, arrivé une dizaine de minutes avant moi, m'a attendu au col et nous repartons sans tarder.
A partir de là, je vais commencer à fatiguer. Probablement la chaleur, mais pas seulement. Je bâille depuis ce matin, j'ai maintenant hâte de rentrer, mais la route est encore longue, six heures environ.
La première remontée, avant le barrage de Grand'Maison, est facile. Dans la deuxième, la terrible remontée après la traversée de l'eau d'Olle, je joue à essayer de rattraper le groupe de Hollandais qui nous ont doublés dans la descente. Je n'y parviens pas, mais je me trouve encore assez fringant à ce stade du brevet.
Au Rivier-d'Allemont, nous remplissons une nouvelle fois les bidons. La descente nous mène rapidement à Allemond, puis Rochetaillée pour quelques kilomètres de départementale jusqu'à la Paute, point de départ du troisième plat de la journée, le dessert: le col d'Ornon.
Dès le début du col, je laisse filer Patrick. Je n'ai plus beaucoup de forces, mais ce n'est pas grave car je sais qu'il me faut environ une heure pour monter ce col dans ces conditions. Je ne m'impatiente pas. La dernière ligne droite avant le col est plus agréable que lors des deux précédentes éditions: le vent est dans le dos aujourd'hui. Une fois de plus, Patrick m'a attendu, merci !
A ce stade, nous en avons terminé avec les grosses montées. Il nous reste des montées, mais aucune d'entre elles n'excèdera un quart-d'heure. J'ai chaud, et j'en ai marre de boire toute cette eau. L'eau, nous en reprenons justement à la fontaine d'Entraigues.
Dans les petites bosses qui suivent, j'ai du mal derrière Patrick. Nous nous retrouvons à la Mure. Il reste le petit col de la Festinière, la courte remontée sur Monteynard, puis la descente et ensuite le vent de face entre Vif et Grenoble. Là, j'essaye tant bien que mal de prendre des relais. L'un de mes relais nous entraîne en direction de l'autoroute... la fatigue sans doute. Je m'en aperçois tout de suite et nous rebroussons chemin.
A l'approche de Grenoble, nous sommes accueillis par une petite averse. Finalement, nous terminons le brevet à 19h20. Nous sommes usés, et donc bien contents d'en avoir terminé.
Lorsque je vois arriver Jean-Philippe à notre rencontre, je crois à une hallucination. Mais si, c'est bien lui, il a court-circuité le col d'Ornon, sage décision en sachant le nombre de kilomètres qu'il va faire à partir de lundi, direction l'Italie. Jean-Philippe nous offre le ravitaillement d'après-brevet. Comme à l'arrivée du 400 il y a un mois et demi, j'ai une petite baisse de tension qui m'oblige à m'asseoir par terre. Cela devient une habitude, mais cela témoigne des forces que j'ai laissées aujourd'hui sur le vélo.
Nous nous donnons rendez-vous pour le 400 montagneux (Galibier, Iseran) du 12 juillet et nous séparons. A cet instant, ma participation à ce 400 est encore un doux rêve...
Le retour à la maison est toujours un bon indicateur après les brevets: 10 km, avec deux montées. Aujourd'hui, je suis mou, très mou, un peu comme après le 300 du tour du Vercors. Probablement plus mou qu'au retour du 400 (mais un peu plus lucide).
Ce brevet laissera des traces les trois jours qui suivront: sommeil, courbatures des jambes et du dos. Je dirais que la récupération aura presque été plus difficile qu'après le 400 (4 jours après, j'avais été capable de faire 170 km avec la montée de la Croix de Fer). J'ai roulé bien plus vite que l'an dernier (une heure de moins), j'ai bien passé le Glandon, mais j'ai laissé davantage de forces par la suite.
Je suis quand même satisfait. C'était là mon sixième BRM de Grenoble en 2014, soit plus de 1700 km. Ces brevets sont un excellent moyen d'accumuler les kilomètres et donc de progresser. Je ne me lasse pas de ce 300. Le col du Glandon est toujours aussi splendide. Merci Jean-Philippe de nous proposer tous ces brevets avec tout ce dénivelé.
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