Il y a bien longtemps que je n'avais pas parlé ici du Vercors. En ce vendredi ensoleillé, c'est à l'invitation de Baptiste que je redécouvre certaines de ses routes et paysages.

Ci-dessus: vers la fin de la voie verte, le Vercors m'appelle !
Depuis le début de l'année, toutes mes sorties en solo ont été partagées entre Belledonne et Chartreuse. Ces massifs sont les plus accessibles depuis chez moi, et il n'y a jamais besoin de plus de quelques kilomètres pour y trouver une grande variété de sérieuses montées.
Quant au Vercors, c'est une autre histoire. Si le balcon Est (Arzelier, Allimas) est à portée de roues, atteindre le cœur du Vercors m'oblige au mieux à devoir traverser Grenoble, au pire à longer l'Isère sur des dizaines de kilomètres de voie verte beaucoup trop plate pour moi. Le Vercors, je l'ai contourné sans y goûter, c'était le 25 mars. Depuis, j'y ai seulement gravi le col du Mont Noir.
Quand Baptiste m'a proposé il y a quelques semaines une balade dans le Vercors pour ce vendredi, c'était à la fois l'occasion de se revoir, et de redécouvrir des routes qui me manquaient.
Le départ ayant été fixé à 6h30 à l'Albenc, et le tour prévu ne dépassant pas 150 km et 3000 m de dénivelé positif, il était envisageable de faire l'aller-retour Gières-l'Albenc à vélo. Je me prépare en effet pour le BRM 300 (très) montagneux de samedi prochain, et il faut que je me ré-entraîne à me lever tôt et à rouler longtemps.
Je me lève à 4h pour un départ à 4h45. A 5h30 il fera jour. A 6h20, je sors de la voie verte à Saint-Gervais, en 1h35, soit exactement dans la fourchette de 1h30 à 1h40 que je m'étais fixée, sans trop forcer. Ma vitesse moyenne est alors supérieure à 27 km/h. Sur ma route, à cette heure j'aurai croisé davantage de lapins suicidaires que de cyclistes...
La fin de la voie verte à Saint-Gervais:

Quelques kilomètres me séparent de l'Albenc. Sur le chemin, je retrouve Baptiste venu à ma rencontre. A l'Albenc, nous retrouvons son frère Antoine venu de Grenoble en voiture. Le groupe est au complet, et nous prenons le départ peu après 6h30.
Nous rejoignons Vinay par de petite routes, puis longeons l'Isère par sa rive droite pour finalement la traverser au pont de la Sône. Un petit bout de D1532 plus loin, nous entrons dans le Royans.
Saint-Jean-en-Royans est rapidement atteint, et les festivités (les montées) peuvent commencer. Nous nous élevons sur la route de Léoncel, qui est annoncée barrée une peu plus loin. En fait, la route sera coupée juste après le croisement avec la route du col de Bioux, que nous avions prévu d'emprunter.
Peu avant le croisement avec la route du col de Bioux, voici l'embranchement avec la difficile montée au relais de Musan:

Le col de Bioux, c'est 180 m de dénivelé en 2 km, avec des passages à 13%. Je m'accorde une petite folie en le grimpant en 11 minutes (980 m/h), effort inconsidéré que je paierai par la suite. Ce n'est que la deuxième fois que je grimpe ce col, la dernière fois c'était en 2010, en aller-retour à l'occasion d'une chasse aux cols au départ de Saint-Jean-en-Royans qui m'avait rapporté 11 nouveaux cols.
Au sommet, le paysage est magnifique et nous distinguons la terrible route du relai de Musan.
Baptiste et Antoine arrivent au col de Bioux. Au fond, le relais de Musan:

Depuis le col, les paysages sont magnifiques:


De charmantes spectatrices au bord de la route, après le col de Bioux:

Le sommet n'en est en fait pas un, puisque la route s'élève encore pour rejoindre la route du col de la Bataille aux alentours de 1080 m d'altitude. Je propose un petit détour par le col du Lion que je ne connais pas encore. Cette proposition est gentiment acceptée à l'unanimité. Une petite pause nous fera le plus grand bien. Mes jambes m'inquiètent un peu car j'ai déjà moins de forces alors que nous n'avons gravi que mille mètres de dénivelé positif. En particulier, à chaque relance et après chaque arrêt, les jambes font mal, ce qui n'est pas habituel à ce stade de la sortie.
A proximité du col de la Bataille, un grand beau temps, des températures pas encore trop chaudes, trois cyclistes comblés:

Le col de la Bataille est atteint à un bon rythme. Le vent y souffle fort mais la vue est toujours aussi belle. C'est seulement la troisième fois que je passe ici à vélo: en 2010 après avoir franchi à pied l'éboulis du roc Toulau, en 2011 en aller-retour depuis Léoncel, et donc aujourd'hui.
Vue vers le Sud, depuis le col de la Bataille:

Nous ne nous attardons pas et poursuivons notre route qui consiste en une succession de bosses. Au passage, le GPS, que j'étrenne aujourd'hui, me signale deux cols. D'abord, le pas de l'Aubasse, positionné à une trentaine de mètres de la route. Après consultation de mon Chauvot, il est côté "poussage aisé". Je reviendrai le franchir une autre fois. Ensuite, le pas de Logue, qui lui se trouve bien sur la route, que j'ai déjà franchi mais que je n'avais pas encore ajouté à ma liste de cols. Enfin, un peu plus loin, le col de Rioupeysson est côté "poussage aisé", je reviendrai le franchir également. Plus loin, nous franchissons bien sûr le col de la Portette et celui de Taillebourse.
Au croisement de la route de Lente, nous tournons à droite en direction de Chaud Clapier, indiqué à 7 kilomètres. Pour être passé ici une seule fois, j'ai le souvenir d'une route assez longue et aux pourcentages assez modestes. Souvenir confirmé.
Nous franchissons le col de la Chau en descente, mais juste avant j'avais souhaité tenter le col de la Baume, dont Olivier avait parlé une fois sur son blog. Tentative avorté: après quelques dizaines de mètres, le bitume laisse place à du gravier. Sur une route qui grimpe, aucun d'entre nous ne souhaite poursuivre et nous rebroussons chemin.
Vassieux-en-Vercors, depuis la descente du col de la Chau:

Après la courte descente du col de la Chau, nous profitons de la proximité de Vassieux pour remplir nos bidons et faire une pause bien méritée. Le col de Proncel est franchi aisément avec un fort vent dans le dos. La descente sur la Chapelle-en-Vercors est agréable. Baptiste propose un court détour pour aller chercher le col de la Croix de Châtelar. En fait, une montée de près de 200 mètres de dénivelé nous attend, en pleine chaleur.
Ce col se mérite !

Il nous faut ensuite remonter de Saint-Martin-en-Vercors à Saint-Julien-en-Vercors, une nouvelle bosse de 200 mètre de dénivelé assez roulante. Le pont de la Goule Noire est fermé, et nous sommes même déviés bien avant, au niveau du raccourci qui nous mène directement à la Balme-de-Rencurel. Ça tombe bien: c'est au pied de notre dernier col du jour: le col de Romeyère, que nous redoutons. 400 mètres de dénivelé, plein Sud, avec le soleil au zénith, en fin de balade. Je suis descendu plusieurs fois par ici, mais jamais monté.
Chacun monte à son rythme. J'accélère un peu pour voir ce qu'il me reste dans les jambes. Petite pause à la fontaine de Rencurel et c'est reparti pour les 20 dernière minutes de montée. Un papy revient sur moi peu avant le col, je parviens à le suivre mais lâche prise 200 m avant le col. Lui, va au Mont Noir, mais n'a sans doute pas 180 bornes dans les jambes. Au col, j'ai à peine le temps de déchausser que je vois Antoine arriver, suivi de peu par Baptiste. Finalement, tout le monde a retrouvé des forces et ce col n'était difficile que dans la tête. A ce stade, je n'ai pas l'impression d'avoir trop souffert de la chaleur, ce qui est rassurant pour la saison estivale, et j'ai encore toutes mes forces.

La descente en direction de Saint-Gervais, traversant le long tunnel non éclairé des Ecouges, est prudente. Nous nous séparons à hauteur de la voie verte. J'ai alors 200 km au compteur et il m'en reste une quarantaine pour rentrer.
La première moitié s'effectue avec le vent dans le dos, au-dessus de 30 km/h, sans forcer exagérément. Par la suite, je me sens vraiment moins bien. Il reste alors une bonne heure de trajet. Je n'ai plus faim, plus soif, tout est plus difficile que d'habitude. La moindre irrégularité du bitume m'irrite. En arrivant à Grenoble il fait encore plus chaud: pas loin de 30 degrés à l'ombre. Finalement, tout se termine bien puisque j'arrive chez moi sans encombre, 1h37 après mon entrée sur la voie verte, ce qui n'est pas si mal. Le 1er avril au terme d'une sortie de 182 km, il m'avait suffi d'1h35, sans vent mais en appuyant fort sur les pédales. Finalement, aujourd'hui, le chrono est bon, seules les sensations ne sont pas au rendez-vous. Il n'y a pas de secret: je n'ai roulé que 60 km ces trois dernières semaines ! Peut-être aurais-je dû m'arrêter 5 minutes sur la voie verte pour dissiper un peu la fatigue...
Je garde le souvenir d'une agréable journée avec Baptiste et Antoine, dans un massif du Vercors que j'ai probablement tort de délaisser, mais le plaisir d'y revenir n'est que plus grand.
Côté chiffres, c'est pour moi un gros 200, même très gros: 243 km, 3220 m de dénivelé positif (probablement sous-estimé aujourd'hui par le compteur compte-tenu des fortes pressions atmosphériques), en 11h12 plus 1h25 de pause, soit une moyenne globale supérieure à 19 km/h (en comptant les pauses). C'est ma plus grosse sortie de cette année après les BRM 400 et 300.
Mes partenaires du jour roulaient à mon rythme, et je ne serais pas allé plus vite seul. 19 km/h, c'est aussi ce que je visais pour samedi prochain sur le BRM montagneux, BRM qui comprendra davantage de montées, mais je bénéficierai du groupe sur les 100 premiers kilomètres presque plats. Après ce tour dans le Vercors, je vais revoir mes objectifs à la baisse, en essayant d'abord de terminer le parcours, et en meilleure forme qu'aujourd'hui. Je n'imagine pas grimper le col d'Ornon avec les forces que j'avais aujourd'hui sur la voie verte. En cas d'échec, il me restera la deuxième édition, le 21 juillet, mais il fera sans doute beaucoup plus chaud.

Commentaires