Une semaine après mon tour dans les Bauges et la conquête de 11 nouveaux cols, me voici aujourd'hui dans le Sud de la Drôme pour franchir également 11 nouveaux cols, et 5 autres que j'avais déjà franchis en février à l'occasion d'une balade en bonne compagnie et qui constituait une très grosse sortie pour la saison.
Depuis la longue balade de la semaine dernière dans les Bauges, je n'ai roulé qu'une seule fois, c'était dimanche en Chartreuse avec Jérôme, un ancien camarade de lycée qui apprécie les montées difficiles. Ainsi, je suis physiquement frais pour aborder cette dernière semaine de vacances. Ce n'était pas le cas l'an dernier où, ne m'étant jamais accordé deux jours d'affilée sans vélo, mon envie de pédaler n'avait fait que décroître au fil du temps.
Le parcours du jour a été dessiné par Cisou.
Il est un peu plus long et difficile que la sortie commune que nous
avions effectuée l'an dernier en Ardèche à la même époque.
La sortie de l'an dernier ayant été effectuée en 12 heures, pauses
comprises, j'estime la randonnée du jour à 14 heures (25 km et 600 mètres
de dénivelé supplémentaires) maximum. Cela signifie, en cette saison, que
nous aurons très probablement besoin de l'éclairage, soit le matin soit
le soir. En fait, nous en aurons même besoin le matin ET le soir, étant
partis à 6h35 et rentrés à 20h48.
C'est un parcours comme je les aime, avec beaucoup de dénivelé, 16 cols
(dont 11 seront nouveaux pour moi), mais pas de longue montée usante.
La météo est, elle aussi, optimale, sans forte chaleur contrairement
à ce que l'on rencontre souvent en été en Drôme provençale.
L'équipe, constituée de Brigitte, Baptiste, Cisou et moi-même, est au complet peu après 6h30 et nous nous élançons alors que le jour commence tout juste à poindre. Nous remontons la vallée de la Drôme, à une heure où la faible circulation nous permet de discuter tout en pédalant. La fraicheur du matin et très agréable, et les nuages retarderont un peu l'apparition du soleil.
Au kilomètre 20, nous traversons la Drôme puis rejoignons la vallée de la Roanne, que nous remontons tranquillement jusqu'à Saint-Nazaire-le-Désert (kilomètre 42) où nous remplissons les bidons. A ce stade, je me suis déjà alimenté et hydraté convenablement.
Brigitte et Baptiste remontant la vallée de la Roanne:
Dès la sortie de St-Nazaire-le-Désert, les pentes à 2% laissent place
à une vraie montée de 6 à 7% de moyenne qui nous mène au deuxième col
du jour: le
col de Planlara, à 1037 m au km 49.
Le premier était le
col de Tavard (557 m).
Nous prenons ainsi de la hauteur, ce qui permet de faire décoller
pour de bon le compteur de dénivelé, et de contempler de jolis paysages.
Dans la foulée, nous engrangeons le col de Chamauche,
lui aussi à 1037 m, au km 51, puis le col de la Croix ,
907 m, au km 54, franchi en descente.
Entre les cols de Planlara et de Chamauche, nous contemplons au loin plusieurs "couches de montagnes":
Avant la Motte-Chalencon, nous longeons un affluant de l'Oule:
Une descente de 7 km nous mène à la Mottte-Chalencon à 530 m d'altitude.
La descente n'est pas terminée puisque ensuite nous longeons l'Oule jusqu'à
Rémuzat, au km 70 et à 460 m d'altitude.
Entre temps, j'ai renoncé à conquérir le col de la Fromagère ou col de
Pommerol, qui aurait ajouté quelques kilomètres et surtout un bon paquet
de dénivelé, le col culminant à 1072 m. Compte tenu de la longueur du
parcours prévu aujourd'hui, je ne souhaite pas retarder mes camarades de
route ni hypothéquer dès maintenant mes chances de terminer la balade
en bon état.
Notre parcours, tracé sur une carte, est en forme de huit, et nous
attaquons maintenant la partie inférieure du huit. Plutôt que de partir
vers l'Est comme prévu initialement, nous filons vers le Sud.
Le huit sera ainsi parcouru de la même manière qu'on l'aurait naturellement
dessiné à la main...
La difficulté suivante arrive donc sans tarder: le
col de Soubeyrand
à 990 m d'altitude. La montée est régulière à 6 ou 7%, mais le soleil est de
sortie et il commence à faire chaud. Je me retrouve en tête avec Baptiste,
Brigitte et Cisou n'étant jamais très loin derrière.
Au col, nous rejoignons un cycliste au long cours, parti de Thonon-les-Bains
quelques jours plus tôt, et qui envisage le Ventoux pour le lendemain...
il a du mérite, car son matériel et ses bagages sont beaucoup plus lourd
que les nôtres.
Après une courte pause au col de Soubeyrand, au km 79, la descente nous offre une magnifique vue sur le Mont Ventoux, dont nous sommes seulement à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau.
Au fond, le Mont Ventoux:
Quelques paysages vers le col de Peyruergue:
Le col de Peyruergue
est gravi en groupe. Avec ses 5% de moyenne pendant 5 km, il s'agit d'un
simple apéritif avant le plat de résistance qui nous attend au km 120: le
col de Perty.
Après la descente de Peyruergue, nous rejoignons la vallée de l'Ouvèze, que
nous remontons en traversant successivement les charmants petits villages
de Saint-Auban-sur-Ouvèze et Montauban-sur-Ouvèze.
Entre ces deux villages, Baptiste entend un bruit suspect sur sa roue arrière:
un rayon est détendu. Grâce à l'intervention rapide et avisée de Cisou,
la roue est dévoilée en une vingtaine de minutes. Baptiste n'a pas de
chance avec ses Mavic Aksium: c'est la deuxième roue arrière de ce modèle
qui se voile après très peu de kilomètres... Cisou interviendra encore à
plusieurs reprise tout au long de la balade, mais seul un bon professionnel
pourra régler le problème définitivement (peut-être en remplaçant la roue, d'ailleurs).
Il est environ 13h et je profite de cette pause pour enfourner mon gros
sandwich.
La mairie de Bagnols (?):
Cisou a un peu de mal à repartir avec la chaleur, et nous nous arrêtons
6 km plus loin dans le hameau de Ruissas, pour boire et nous rafraîchir.
Nous sommes alors au pied des onze lacets du col de Perty.
J'effectue la montée en discutant avec Baptiste. Le compteur indique
jusqu'à 36 degrés. Je me sens bien, Baptiste aussi, mais je remarquerai
au sommet que l'extérieur de mes mollets a un peu brûlé au soleil,
à un endroit où je n'avais pas mis de crème solaire !
Nous voici au point culminant de la journée, non sans avoir empoché
dans la montée le
col de la Chapelle
(868 m).
Il est 14h45, nous avons
fait un peu plus de la moitié des kilomètres de la journée, et au moins
les deux tiers du dénivelé.
Vue depuis le col de Perty:
Après une bonne descente, nous bifurquons à gauche pour les 2,5 km d'ascension du col de Pierre Vesce (1056 m). Ca grimpe fort, et le bitume n'est pas très bon.
A Villebois-les-Pins, nous tournons de nouveau à gauche pour gravir les 3,5 km, moins pentus, du col du Reychasset (1052 m). Chose étrange, en regardant les photos prises par Baptiste, je vois qu'à cet endroit le col est indiqué à 6 km...
A la descente, nous choisissons de faire un léger détour par Chauvac-Laux-Montaux
pour franchir le col non matérialisé
du Laux (883 m),
avant de rejoindre la route de Verclause.
A Verclause, nous nous ravitaillons à un supermarché.
Le compteur m'indique qu'il est déjà 17h, notre moyenne globale est de 15 km/h.
Nous ne pouvons alors plus nous permettre trop de pauses, sous peine de
rentrer après 21h.
Dans les gorges de l'Eygues:
Nous descendons les gorges de l'Eygues sur une quinzaine de kilomètres.
Baptiste s'est échappé, je produis un effort pour le rejoindre afin que
nous ne manquions pas la bifurcation vers Villeperdrix qui doit nous mener
à la dernière véritable montée, celle du
col de la Pertie.
Et naturellement, on se trompe. En voyant l'indication Villeperdrix sur
notre droite, cela ne correspond pas à ce que je vois sur le GPS, où
la bifurcation est indiquée 150 m plus loin après un virage à droite... 150 m plus loin, on se rend
à l'évidence: il n'y a pas d'autre route et nous devons faire demi-tour.
Je n'avais pas assez agrandi la carte sur le GPS. L'avantage du GPS,
c'est que quand on fait une erreur de parcours, on s'en rend compte assez vite (!).
Brigitte et Cisou sont maintenant devant nous, et nous les rattrapons à
l'occasion d'un court arrêt à Villeperdrix.
Ensuite, j'ai l'intention d'accélérer le rythme pour voir ce qu'il me reste
dans les jambes après 175 km... J'accélère donc franchement, pensant que
Baptiste a compris que ce n'était même pas la peine d'essayer de me
rattraper, mais à ma grande surprise Baptiste a accéléré lui aussi et
n'est pas loin derrière. Je le laisse me rejoindre, et nous convenons
de monter ensemble et un peu plus doucement. C'est mieux ainsi.
La route devient impressionnante lorsque nous longeons la falaise.
Au loin, là où nous sommes passés il y a quelques heures, le tonnerre gronde.
Baptiste se demande comment nous allons sortir de cette vallée.
Je lui indique que le GPS signale une route presque rectiligne,
sans le moindre lacet... et forcément, ça cache quelque chose.
En l'occurrence, après le hameau de Léoux, la route s'élève brutalement
pour les deux derniers kilomètres. Je me régale. Le compteur indiquera
jusqu'à 14% de pente.
Le col de la Pertie, spectaculaire par endroits:
Nous y sommes !
Baptiste arrive...
... suivi par Brigitte, heureuse de nous avoir réservé cette surprise à 14%:
Il est 18h45 et nous en avons presque terminé avec les montées.
Nous rejoignons une route que j'avais déjà empruntée en Février,
franchissant successivement les cols
de Pré Guittard,
du Geail et
Lescou.
Après la descente sur Bouvières, nous accélérons le rythme pour
éviter de trop rouler de nuit.
Il est 20h25 lorsque nous franchissons, dans la pénombre, le facile
col de Lunel.
Il ne reste alors plus que de la descente et, une bonne vingtaine de minutes
plus tard, nous entrons dans Crest, dominé par sa tour toute illuminée.
Les marnes grises, c'est fini pour aujourd'hui:
La balade, dont le parcours est visible sur OpenRunner, aura cumulé 233 km et un peu plus de 3800 m de dénivelé positif. Il fait nuit, la journée a été longue puisque je me suis levé ce matin à 3h, mais je suis encore en forme et c'est aussi le cas de mes trois coéquipiers. Cela témoigne de l'éternelle forme de Brigitte, et de la grande forme également de Cisou et de Baptiste, qui doutaient tous deux de leur capacité à terminer en bon état une si longue balade. Baptiste dépasse d'ailleurs son plus gros kilométrage à ce jour, bravo à lui !Quant à moi, j'ai mieux terminé cette balade que celle que nous avions effectuée l'an dernier en Ardèche avec Brigitte. J'ai une plus grande expérience de ce genre de longue sortie à la journée. De plus, j'ai certainement un peu mieux géré, cette année, mes phases de récupération.
Merci à Cisou pour le tracé du parcours, et merci à tous les trois pour cette
agréable journée en votre compagnie.
Je prends beaucoup de plaisir à faire ce type de balade, avec ou sans "coefficient 2" !
A lire aussi: le compte-rendu de Brigitte et celui de Baptiste.
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