Pour la troisième année consécutive, je participe au BRM 400 de Grenoble organisé par Jean-Philippe Battu.
Trois participations, trois parcours différents. En 2012 dans les monts du Lyonnais, en 2013 dans le Jura, et cette année en Drôme provençale.
Le BRM 400 est un exercice dont j'aurais du mal à me passer, depuis 2012 où j'y ai pris goût. Chaque BRM est une aventure unique, mais ici on passe une nuit entière sur le vélo, et ça change tout. Pour moi, c'est aussi un défi physique et mental. C'est aussi une épreuve car, encore plus que pour n'importe quel brevet, je fais attention à mon alimentation, mon sommeil et mes efforts physiques une semaine à l'avance, quant à la récupération du sommeil il me faut trois à quatre jours après le brevet pour qu'elle soit effective... C'est pourquoi, si c'est un exercice que j'aime, je ne le reproduis pas trop souvent. C'est aussi pourquoi je n'ai jamais tenté plus long.
Côté préparation, j'ai participé au 300 ardéchois samedi dernier. Cela faisait alors trois semaines que je n'avais plus dépassé les 90 km en une sortie. La récupération du 300 a été normale, mise à part une légère douleur sur la rotule qui n'est apparue qu'à froid. J'ai couru mardi, et jeudi j'ai enchaîné deux montées de Venon, l'une douce (c'était l'objectif) et la deuxième (trop ?) rapide pour chasser du cycliste... 2h30 qui m'ont permis de vérifier que physiquement tout allait bien, et aussi de mieux régler mon dérailleur arrière. Cette sortie ne laissera pas de trace; j'ai quand même sagement renoncé à ma course à pied matinale du vendredi.
Ce samedi, le réveil est réglé à 5 heures comme tous les jours, mais à 4h20 je n'ai plus besoin de sommeil... Une petite sieste en début d'après-midi viendra compléter cette nuit tronquée.
Une fois n'est pas coutume, je fais ici l'inventaire de ce que j'ai emporté. Cela peut servir à d'autres pour la préparation d'un 400, et cela me permet aussi de me rappeler d'une année sur l'autre ce que je dois emporter.
Côté vêtements, on nous annonce des températures qui vont descendre jusqu'à 2 ou 3 degrés, et un fort vent du Nord après un départ humide mais presque sans pluie. Je pars avec mon cuissard court longues distances, des jambières dans le sac (que je n'utiliserai pas), un maillot court, des manchettes, mon maillot d'hiver à manches longues par dessus, et mon léger gilet jaune réfléchissant sans manche. Dans le sac, j'ai aussi un bonnet (que j'enfilerai au col de la Croix-Haute pour ne plus le quitter) et un coupe-vent (que j'utiliserai dans la descente de la Croix-Haute puis, dans la nuit, de Bouvières jusqu'à l'arrivée). Pour les mains, je n'emporte que les mitaines et cela suffira. C'est infiniment plus pratique que les gants longs, notamment pour s'alimenter en roulant.
Côté nourriture, j'emporte 4 biscuits Prince, 8 biscuits "petit-déjeuner", 17 barres de céréales, 4 tubes de crèmes de marron, 4 petits sandwiches. Il faut ajouter que mes deux bidons sont, au départ, saturés en boisson pour l'effort. Cette nourriture m'assurera une autonomie totale sur ce brevet. Il me restera 5 barres de céréales à l'arrivée.
Côté bagages, les grandes poches de mes deux maillots, plus mon petit sac-à-dos habituel, suffisent. Pour le dépannage, j'ai même pu caser une chambre à air (une deuxième est sous ma selle, la pompe est accrochée au vélo) et un multi-outils complet avec dérive-chaîne.
Ainsi, je suis beaucoup plus léger que l'an dernier, où j'avais eu du mal à prendre du plaisir dans les montées avec le Giant et la grosse sacoche... Cette année, c'est le premier 400 du Scott. Il est équipé d'un GPS qui affiche uniquement la carte et l'heure, et de 12 batteries AA NiMH pour l'éclairage avant (8 serviront) plus 2 pour le GPS (qui ne serviront pas).
Je pars de chez moi à vélo et arrive au départ avant 14h15. Le départ est à 15h, mais il y a déjà du monde ! Je retrouve notamment Brigitte, Cricri, Valex, Pascal, Baptiste, Thomas, Yann, Franco, Robert qui participe là à son premier 400, Patrick, Franck, Florian et Alain de Lyon... Distribution des cartons de contrôle, contrôle des éclairages avant et arrière, et nous nous élançons peu avant 15h derrière Jean-Philippe qui va nous guider jusqu'à Pont-de-Claix et faire le brevet avec nous.
Le départ s'effectue dans la bonne humeur générale:
La route s'élève à partir de Vif, pour gravir le col du Fau. Les feux rouges qui précédaient font que nous sommes déjà morcelés en petits groupes, il y a des groupes devant et des groupes derrière. Il y a donc ceux qui sont déjà devant, et ceux qui, au début de cette montée, attaquent fort. C'est le cas notamment de Pascal et de Patrick. Juste pour jouer, j'accélère sur quelques centaines de mètres avant de me raviser: aujourd'hui, je roule cool. Je n'ai pas la moindre idée du temps qu'il va me falloir pour boucler le parcours, et d'ailleurs je m'en fiche. Tout ce qui m'importe est de terminer le brevet dans les délais et dans le meilleur état possible. J'ai même posé un jour de congés pour lundi, pour récupérer si besoin.
J'attends donc le groupe Baptiste-Thomas, qui va rouler cool aussi et qui a un plan de route qui me convient à merveille avec peu de pauses. Je referai chauffer un peu les guiboles dans le final pentu du col du Fau, où je rejoindrai Jean-Philippe.
Il y a quatre semaines, nous étions là-bas, une autre manière d'atteindre le col du Fau:
Notre petit groupe reste à peu près groupé dans la succession de montées et de descentes qui suivent le col du Fau. A un moment, Thomas s'arrête (pour régler un problème de chaussure apparemment). J'ai prévu de remplir un bidon (pour ne pas entamer tout de suite le deuxième bidon qui contient de la boisson énergétique) à l'aire du Trièves qui se situe peu après, et je quitte le groupe également. Malgré la brièveté de la pause (1 minute, sans compter le court détour occasionné), il me faudra du temps pour revenir sur le groupe, à l'occasion des derniers lacets du col de la Croix-Haute.
Nous terminons l'ascension dans un léger brouillard. Au sommet, j'enfile bonnet et coupe-vent. Je m'inquiète un peu pour la suite, car si l'on se caille déjà à 18h, qu'est-ce que ce sera en fin de nuit. Nous sommes rejoints par Rémy, le capitaine de route de mon premier 300 en 2012, un infatigable rouleur et bon grimpeur également. D'autres cyclistes arrivent. Jean-Philippe bascule sans s'arrêter. Chaque minute de pause me refroidit, ainsi les 7 minutes me paraissent longues.
La fin de l'ascension du col de la Croix-Haute:
Finalement, la descente se passe bien. Mes doigts ne gèlent pas, et grâce au coupe-vent le reste du corps n'a pas froid du tout. Dès que la route devient plus plate, les rouleurs... roulent. Tour à tour, Baptiste, Thomas et Rémy effectueront un super travail jusqu'à Sisteron. A ce stade du brevet et pour un 400, je ne prends pas de relais, à regret... J'ai déjà parfois du mal à recoller aux roues, je dois parfois sprinter, notamment car les relais sont pris à l'envers avec donc une accélération à chaque passage de relais, et je dois recoller aux roues de celui qui était précédemment en tête du relais.
Ce type d'effort m'est plus difficile que de m'envoler dans le petit col des Hostes, peu après Laragne-Montéglin. J'apprécie alors la légèreté de mon équipement: un régal. Pas facile de réunir rouleurs et grimpeurs au sein d'un même groupe !
Nous reprenons successivement Jean-Philippe et Pascal, qui roulent en solo.
Sisteron est atteint vers 20h15, bien avant les 21h que j'imaginais et donc bien avant la tombée de la nuit. Il faut dire que le vent du Nord nous a bien aidés.
Je revois Patrick qui a déjà mangé sa pizza après avoir roulé fort avec le groupe de Franck jusqu'à Sisteron. Pascal est là également. Nous repartons à 20h30 avec un estomac un peu moins vide et des bidons pleins.
Si je me souviens bien, le GPS est passé tout seul dans le mode d'affichage nuit (les couleurs de la carte changent) à 20h40, heure à laquelle j'ai allumé la petite frontale et l'éclairage arrière, mais j'ai attendu encore une demi-heure avant d'allumer le phare avant. La trace que j'ai chargée dans le GPS commence à Sisteron pour se terminer à Chabeuil. C'est en gros notre parcours pour la nuit, et aussi les routes que je ne connais pas.
Nous débutons aussi la partie la plus amusante du parcours, avec une succession de bosses, et la nuit qui apporte un peu de piment. Au niveau du profil, ce parcours me rappelle beaucoup mon premier 400 dans les monts du Lyonnais, où nous avions passé la nuit à gravir des cols de moyenne montagne.
Le premier col est celui de la Pigière, une ascension de 34 km à partir de Sisteron. Une ascension douce et assez longue, donc. Je surveille la nuit qui tombe, le croissant de lune qui nous observe. Je guette aussi les réactions de mon corps à la tombée de la nuit, me forçant à bailler de temps en temps pour oxygéner le cerveau. Comme en 2012 et en 2013, tout se passe bien. Mais les neuf heures de nuit ne font que commencer.
Une courte descente, une intersection où il faut prendre à gauche et nous attaquons les 4 km de montée du col de Macuègne. Je multiplie les passages en danseuse autant que possible: mon fessier m'en remerciera plus tard. Léger comme je suis aujourd'hui, tout au long du brevet je n'aurai aucun mal à emmener ce vélo en danseuse.
Je suis le rythme de Rémy dans les montées, Thomas et Baptiste se laissant décrocher mais revenant très fort dans les descentes. Je suis très prudent dans les descentes: on n'y voit jamais aussi bien qu'en plein jour, de plus la nuit on dérange les animaux... Finalement on aura vu des chats et un lapin et c'est tout.
Une longue descente nous conduit à Montbrun-les-Bains, le prochain point de contrôle. Il est presque 23 heures lorsque nous y arrivons, il y a pas mal de cyclistes arrêtés (dont Pascal, que nous ne reverrons plus), le restaurant est encore ouvert et j'y fais tamponner ma carte de route. L'accueil est chaleureux, ce qui fait plaisir dans cette nuit froide qui a tout juste commencé.
La pause est bien gérée (pas plus de cinq minutes !) et nous repartons, à droite après Montbrun, en direction du col d'Aulan.
A partir de là, je me cale sur le rythme de Rémy. Un autre cycliste, qui vient de Voiron mais dont je ne connais pas le prénom, roule un peu devant nous dans les montées, un peu derrière dans les descentes.
A Montbrun, j'ai hésité à m'habiller davantage, mais j'ai préféré accepter que la pause soit courte, plutôt que de me refroidir en restant immobile plus longtemps. La descente vers Montbrun a été relativement longue, j'ai du mal à me réchauffer dans la montée qui suit. J'y parviens quand même avant le sommet du col.
La descente proprement dite du col d'Aulan est courte, ensuite il y a de longues portions où l'on peut pédaler pour se réchauffer.
Dans la descente, deux vélos nous dépassent et, comme dans les descentes précédentes, je crois reconnaître Thomas mais je ne vois pas Baptiste. Ce n'est que beaucoup plus tard, dans le col de la Sausse, qu'en interrogeant Rémy je comprendrai qu'aucun des deux nous a doublés et qu'ils sont donc derrière.
Après St-Auban-sur-Ouvèze, nous attaquons le col de Peyruergue. Tant que ça grimpe, je me sens bien. Mais la portion qui suit, et qui nous conduit pratiquement jusqu'à Nyons, me paraît bien longue par rapport à ce que j'avais mémorisé du parcours. C'est plat, ou presque, et pourtant Baptiste et Thomas ne sont toujours pas là.
Puis arrive enfin ce croisement où nous bifurquons à droite en direction des gorges de Trente Pas puis du col de la Sausse. Je suis passé ici de jour il y a un an, et les paysages défilent dans ma tête à défaut de pouvoir les contempler aujourd'hui. Aujourd'hui, nous aurons tout de même bénéficié des odeurs de la Drôme provençale, de lavande notamment, et des chants des oiseaux.
Dans les gorges, le vent s'est sérieusement réveillé. Depuis plusieurs kilomètres, les raisons de m'arrêter s'accumulent. Tout d'abord, j'avais prévu de changer les batteries de mon éclairage vers 2 heures du matin, et nous y sommes presque. Il faudra de tout façon les remplacer avant la descente, où une coupure brutale d'éclairage serait dangereuse. Je pense d'abord à faire la manipulation en roulant: dans la montée, avec ma petite frontale, la manipulation prendrait quelques secondes. Puis j'ai faim, il faut que je mange. Regardant sans cesse les minutes défiler sur le GPS, je finis par m'arrêter. Quand je repars, 7 minutes plus tard, en me retournant j'aperçois des lumières qui pourraient être celles de Baptiste et Thomas.
Un peu plus loin, je retrouve deux lumières rouges en ligne de mire. J'en déduis que mes deux compagnons de route se sont arrêtés puis repartis. J'accélère un peu l'allure et je rejoins facilement Rémy dans les derniers lacets du col de la Sausse. Je demande alors une pause à Bouvières, pour remplir les bidons. En fait, par cette nuit froide, l'essentiel du peu que j'aurai bu sera ressorti par les voies naturelles.
A Bouvières, la pause ne durera que trois minutes. Rémy en profite pour enfiler, tout comme moi, son coupe-vent, ainsi je ne culpabilise pas trop d'avoir demandé la pause après avoir fait la mienne tout seule tout à l'heure sans prévenir... La fontaine étant un peu en retrait par rapport à la route, je laisse mon vélo bien en vue avec son éclairage pour Thomas et Baptiste, mais étrangement personne n'arrive. Nous repartons. Ils nous rejoindront peu avant le contrôle suivant de Bourdeaux. En me retournant, j'avais vu deux lumières au loin et j'avais alors dit qu'on allait se faire doubler par une voiture... Sauf que ces deux lumières étaient celles de Baptiste et Thomas qui roulaient côte à côte.
A l'approche de Crest, le vent souffle de plus en plus fort, avec quelques rafales dangereuses de travers, qui me font changer de position sur la route... Déjà que j'évite de trop rester dans les roues de nuit à cause de la visibilité et du risque accru, en raison de la faible visibilité des irrégularités de la route ou du passage imprévu d'un animal, d'un brusque écart de trajectoire de mes prédécesseurs, là avec les rafales je quitte complètement les roues et lutte tout seul contre le vent. Le petit col de Lunel, lui, est franchi sans difficulté.
A l'approche de Crest, je ne sais pourquoi l'essentiel du groupe tourne à gauche pour quitter le parcours. Si c'est pour prendre un raccourci, alors celui-ci n'était pas flagrant. Sans doute se sont-ils aussi arrêtés (pour prendre de l'eau ?). Toujours est-il que nous ne sommes plus que deux sur la route de Chabeuil, et rapidement je suis lâché. Mais ça me convient bien comme cela. Il y a du vent, mais pas de rafale: ça aurait pu être bien pire, je pense que nous sommes passés à la bonne heure. Non, je n'ai jamais apprécié cette portion entre Crest et Chabeuil. Une heure de route pour aller d'un point A à un point B de même altitude (environ) par une route presque plate mais où je me traîne à 18 km/h de moyenne, soit en-dessous de la moyenne, pauses comprises, de tout le brevet au profil bien plus escarpé que cela.
Rémy, Thomas et Baptiste me rejoignent juste avant Chabeuil. Sans se concerter, je fais signe que je m'arrête. Finalement, tout le monde a bien besoin d'une petite pause. Je mange ce qui me reste de sandwiches et transvase un peu de nourriture du sac vers les poches et la sacoche de cadre. Nous faisons le plein d'eau à la précieuse fontaine verte du quai de la République. Arrivés à 5h06, nous repartons à 5h25 après ce qui devrait être la dernière pause du BRM.
A 5h30, le jour devrait commencer à se lever, mais le ciel est couvert. Nous avons donc encore besoin des lumières pour quelque temps. La route touristique qui nous mène à St-Nazaire-en-Royans consiste en une succession de petites montées de pentes variées. Le profil me convient, mais mes passages ici ne se sont pas toujours bien déroulés. Aujourd'hui, je n'ai pas d'état d'âme, un peu comme samedi dernier sur le 300. J'avance à mon rythme, ce qui fait que je me retrouve en tête du groupe. Avant la dernière bosse, où j'ai décidé de produire mon effort comme samedi dernier, je vois Thomas revenir comme un boulet de canon avant la petite descente, mais je ne parviendrai pas à le rattraper dans la montée. Thomas s'est arrêté pour attendre les autres. Etant donné qu'il n'y a plus que de la descente et du plat jusqu'à St-Nazaire, je me dis qu'ils n'auront pas de mal à me rejoindre dans la descente.
Au bout d'une longue ligne droite, je m'arrête pour les attendre. Cinq minutes s'écoulent mais toujours personne à l'horizon. Je décide de repartir.
La route départementale jusqu'à Saint-Gervais est parcourue sans état d'âme là non plus. Je sais que la fatigue s'est accumulée, que les jambes ne répondent plus aussi bien qu'hier, mais avec mon coup de pédale régulier j'ai l'impression que je pourrai rouler encore des heures et des heures comme cela. Des heures, je sais qu'il n'en reste guère plus que deux. Je n'ai jamais parcouru cette route dans des conditions aussi favorables: peu de véhicules, de plus le vent est tombé. J'alterne position assise et danseuse. A cette occasion, les changements de vitesse se passent sans encombre, contrairement à samedi dernier. J'ai la chance de peu ressentir les douleurs physiques qui s'accumulent habituellement au fil des kilomètres, qui rendent chaque coup de pédale plus difficile, et qui finissent par user le mental. Les fesses ont commencé à faire mal après 150 km, mais par la suite ce fut plus facile à gérer que samedi dernier. Je n'ai pas mal aux reins, contrairement au 400 de l'an dernier; en fait j'ai rarement mal aux reins avec le Scott. Les mains s'irritent un peu au contact du guidon. Les yeux, malgré la protection des lunettes, y voient un peu trouble, conséquence du vent et de la nuit sans sommeil. Rien à signaler quant aux jambes.
Il est 8h10 lorsque j'entre sur la voie verte, soit 1h08 après St-Nazaire. En temps de déplacement, c'est 7 minutes de plus que samedi dernier sur le 300.
Au tout début de la voie verte, je suis rejoint par le trio Baptiste-Rémy-Thomas. Nous rattrapons notre camarade voironnais juste après: il a dû faire une pause à l'entrée de la voie verte sinon nous ne l'aurions plus revu. Très vite, je comprends que Rémy est au bout du rouleau. On essaye de l'attendre mais rien n'y fait.
Thomas et Baptiste roulent sans effort, et ont la relance facile sur les rares endroits où il faut relancer. Ce qui n'est pas mon cas. Lors d'une relance, j'ai dû forcer un peu trop sur les jambes et les cuisses deviennent douloureuses. Après le pont de St-Quentin-sur-Isère, il faut de nouveau relancer après le portique de la voie verte. Là, j'en suis incapable: les cuisses font trop mal. Je garderai quelque temps mes camarades en ligne de mire, puis ma vitesse ne fera que décroître. Je me traîne, à tel point qu'un vétiste du dimanche me dépasse. Les cuisses font un peu moins mal en danseuse, mais mal tout de même. Rémy me rejoint et nous finissons ensemble. Finalement, j'aurai parcouru la voie verte à 23 km/h de moyenne, à comparer aux 27 km/h de samedi dernier, ce qui n'était déjà pas rapide.
A l'arrivée, à 9h36, je ne souhaite pas m'arrêter longtemps, car il me reste 10 km pour rentrer, avec des bosses, et les cuisses seront plus douloureuses encore si je me refroidis. Mais à l'arrêt de l'effort, une courte baisse de tension m'oblige à m'asseoir. Conséquence d'une nuit sans sommeil.
Je reste assis là 25 minutes, à discuter avec Rémy, Thomas, Baptiste. Il est temps de partir et j'ai du mal à me relever. Aîe, que le retour va être difficile ! Finalement, une fois chaudes les cuisses sont déjà moins douloureuses. Etait-ce une accumulation d'acide lactique qui, avec les à-coups répétés et la fatigue, a mis du temps à se résorber ? Toujours est-il que le retour s'effectuera dans le même temps que samedi dernier, et que j'aurai doublé deux vététistes dans la montée de la Tronche (ouf, l'honneur est sauf: David 2, vététistes 1 !).
Ce BRM ne laissera aucune douleur particulière le lendemain, si ce n'est une rotule qui m'avait déjà dérangé après le 300 mais qui ne fait mal qu'à froid. Les jambes ne sont pas prêtes pour rouler tout de suite, mais je pourrai courir mardi ou mercredi, et rouler jeudi. Les cuisses ont très vite refonctionné normalement.
Même distance, mêmes conclusions que l'an dernier: un 400 de temps en temps, OK, mais au-delà je n'y prendrai pas de plaisir. Je ne veux pas jouer avec le manque de sommeil, et la difficulté de repartir après une courte pause pour (insuffisamment) dormir est aussi grande que de ne pas dormir du tout. Pour moi, cette année encore, le toujours plus s'arrêtera à 400 km.
Il n'en demeure pas moins que j'ai pris beaucoup de plaisir sur ce brevet. Je pense avoir capitalisé sur les deux précédentes éditions. Les pauses ont été raccourcies, ce qui est une bonne chose (1h10 de pauses pour 18h37 au total). Je sais que je peux encore faire mieux sur ce plan. La nuit n'a pas été trop difficile à gérer. Je suis resté patient au retour, alors que j'ai roulé essentiellement seul. Mais ce n'est pas demain que je tenterai un chrono sur un 400... 400 km restent 400 km (les à-coups sur la fin me l'ont rappelé), et une nuit sans sommeil laisse des traces. Sans l'épisode des 20 derniers kilomètres, ma régularité aurait été parfaite. Je n'aurais jamais imaginé rentrer avant 10h: mes deux précédents 400 s'étaient bouclés en 21h30 et 21h20, contre 18h40 aujourd'hui.
Le groupe a été, comme pour tous les 400 et sur d'autres distances aussi d'ailleurs, d'une aide déterminante. Rémy, Baptiste et Thomas pour leurs relais. En particulier, Rémy pour le rythme régulier dans les cols, un rythme qui me convenait parfaitement. Tous les cyclistes avec qui j'ai partagé un bout de route, pour la bonne humeur et la convivialité.
J'ai une pensée pour Yann qui s'est déchiré pour terminer ce brevet dans des conditions difficiles (prenez mon coup de mou des 20 derniers kilomètres et multipliez-le par dix...). J'adresse un grand bravo à tous mes amis qui ont réussi ce brevet, spécialement à Franco qui était plus qu'incertain il y a une semaine, et à Jean-Philippe qui, non content de seulement organiser le brevet, a bouclé ce 400 avec nous.
Ces BRM, c'est une belle pratique sportive. On en apprend beaucoup sur les autres et sur soi. On nous prend pour des fous quand on raconte qu'on roule une nuit entière, mais ceux qui ne l'ont jamais fait ne peuvent pas savoir le plaisir que l'on y prend...
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