Après une belle balade mardi matin dans Belledonne, le mulet a gagné sa place de titulaire pour mon premier 300 de l'année. Il s'agit du nouveau parcours BCBG, autrement dit: Bugey, Chautagne, Bauges, Grenoble.
L'avant brevet
Trois jours avant ce brevet, ma participation était très compromise: une forte vague pluvieuse était annoncée sur la région, et devait frapper samedi dès les premières heures. Pour anticiper, j'ai pris un jour de congé pour rouler le vendredi, le seul jour du week-end annoncé sec. Le mauvais temps m'a déjà empêché de sortir le vélo le week-end dernier, et je n'envisage pas que cela se reproduise ce week-end. Ma décision de participation au brevet sera prise jeudi soir.
Et puis, en 24 à 48 heures, les prévisions météo s'arrangent nettement, au point de ne finalement plus annoncer que quelques pluies en soirée à Grenoble. Jeudi soir, je décide donc de participer.
Le parcours est assez exigeant pour un 300 en mars: il dépasse les 3000 mètres de dénivelé. De l'aveu de Jean-Philippe, l'organisateur, ce parcours est plus difficile que le 300 ardéchois auquel j'ai participé en 2013 et en 2014.
Jean-Philippe a remodelé ce parcours en hâte, mais non moins sérieusement, lorsque le Conseil Général l'a informé, il y a deux semaines, qu'il restait une bonne couche de neige bien tassée au sommet du col du Clergeon. Il a passé une journée sur son vélo pour reconnaître le nouveau parcours, qui emprunte le col du Sapenay voisin.
Le parcours est exigeant, mais pour nombre de participants il s'agit là d'une des premières occasions cette année pour valider un BRM 300, étape indispensable à la qualification pour le prochain Paris-Brest-Paris qui aura lieu en août. En effet, le tour du Vercors, plus abordable, a été annulé dimanche dernier pour cause de froid et même de neige.
Le jour J
Ainsi, vendredi matin, je reçois un courriel de Jean-Philippe m'informant qu'il attend plus de 120 participants, et qu'il aura besoin d'aide pour la distribution des 120 cartes de route. J'accepte bien volontiers. Samedi, j'enfourche le vélo à 2h30 pour arriver place de Sfax à Grenoble peu après 3h.
Deux participants sont déjà sur place. Jean-Philippe arrive peu après. Avant que les participants affluent, j'ai le plaisir de retrouver Gérard, retraité heureux avec qui j'avais eu la chance de partager en 2011, par hasard, l'une de mes plus belles, des plus marquantes et des plus enrichissantes balades de mon époque pré-BRM. Gérard est généreux sur son vélo: il attend, il conseille, il aide, et j'ai encore pu le constater aujourd'hui car nous avons fait le yoyo avec son petit groupe improvisé.
Puis c'est rapidement la foule. A trois, nous ne sommes pas de trop pour vérifier les éclairages sur les vélos et distribuer les cartes de route. Je ne vois pas le temps passer, je vois défiler, trop vite, les nombreuses têtes connues et les amis Baptiste, Brigitte, Franco, Robert, Yann, Olivier, Aboju, Valex, Pascal, Patrick, les lyonnais Florian et Alain, Rémy...
Peu avant 4h, Jean-Philippe remonte chez lui chercher son vélo, et vers 4h05 nous partons.
Première étape: de Grenoble au Bugey
120 cyclistes, au départ, de nuit, sur la voie verte, ce n'est pas ce que j'ai préféré de cette journée. Je perds de vue un bon nombre de copains dès le départ, avec la nuit je ne reconnais personne autour de moi, et puis il y a les risques de chute collective. Et puis, je vois un Specialized à mes côtés: Olivier ! Et derrière moi, il me semble reconnaître la voix de Baptiste. Quelqu'un lit -1 degré sur son compteur. Heureusement, ce froid est passager, et nous n'atteindrons pas aujourd'hui les -8 degrés du 16 mars 2013. Cependant, j'ai bien fait d'ajouter le bonnet, les gants longs et les jambières à ma tenue du jour.
En bout de voie verte à St-Gervais, je ne m'arrête pas. Les petites bosses qui précèdent Vinay passent mieux que d'autres fois. J'y retrouve Pascal le grimpeur.
Le premier pointage s'effectue à Vinay, comme lors du 200 d'il y a trois semaines, qui empruntait la même route jusqu'à Burcin. Je repars avec Olivier. Nous retrouvons Jean-Philippe à la sortie de Vinay. Un petit groupe se forme, nous roulons tranquillement. Le jour se lève, j'éteins même mon éclairage avant le col de Toutes Aures, atteint à 6h20. 10 minutes de pause et nous repartons, accompagnés notamment par Baptiste et Aboju.
La descente est froide, mais ça aurait pu être pire. Les pieds gèlent, mais ça, je n'y fais plus attention. Ils finiront par se réchauffer.
Olivier me signale qu'il a besoin de se réchauffer: il part devant quelques minutes, sur un bon rythme. Il est 6h40 lorsque le soleil se lève. Ce moment est le bienvenu.
J'ai peu de souvenirs de cette portion assez plate, déjà parcourue il y a trois semaines. A un moment, nous reprenons nos amis lyonnais de l'Atscaf. Le groupe est maintenant bien étoffé, ce qui doit un peu agacer les automobilistes, encore pas très nombreux à cette heure.
Après avoir traversé le Rhône, Florian signale une erreur d'itinéraire: nous avons oublié de tourner à droite. Je le lui confirme et nous faisons demi-tour... sauf que nous nous retrouvons sur un chemin et qu'une barrière finit par nous couper la route. Florian et moi avons fait la même erreur, et pour cause: nous avions dans notre GPS la même trace, celle de Jean-Philippe retravaillée justement par Florian et Openrunner, ce dernier fournissant parfois de curieux résultats pour les parcours à vélo. Nous n'aurons pas perdu plus de cinq minutes.
Entre temps, Alex m'a envoyé un message et se trouve à Glandieu. Nous visons une fourchette horaire entre 8h et 9h, finalement il est presque 8h30 lorsque nous nous croisons. Alex va nous accompagner un bout de temps.
Deuxième étape: Bugey, Chautagne
Ici débute clairement une nouvelle étape, après une bonne centaine de kilomètres: les plats et faux-plats vont laisser leur place à quelques bosses.
Après être passés devant la cascade de Glandieu, peu impressionnante à cette heure (elle l'était davantage en 2013 au retour du 400), nous nous élevons rapidement au-dessus de celle-ci. Le mystère de la cascade est enfin découvert: nous longeons ensuite la rivière du Gland, finalement peu impressionnante.
Nous roulons à l'ombre et il y fait bien froid. Les gelées blanches recouvrent les champs. Nous roulons depuis longtemps sans faire de pause: j'ai faim. Les forces sont toujours là, comme j'ai pu le vérifier dans la petite bosse au-dessus de Glandieu.
Heureusement, le prochain contrôle est proche. Il est 9h15 lorsque j'y retrouve, au soleil, notamment Pascal et Gérard. Nous sommes à Andert. Un petit quart-d'heure va me permettre de manger, de quitter bonnet et gants longs, par contre je conserverai les jambière toute la journée.
Le contrôle suivant est proche: à 10h nous arrivons à Ceyzérieu. Entre temps, Alex a ajouté un peu de pression dans son pneu arrière qui commençait à s'avachir.
Un quart-d'heure plus tard, nous franchissons le Rhône pour la deuxième et dernière fois. La route s'élève sérieusement pour atteindre Ruffieux, mais il s'agit d'une fausse alerte: l'ascension du Sapenay n'a pas débuté.
Cette ascension du col du Sapenay, je l'attendais avec impatience: la-voici enfin ! Ce n'est certes pas de la haute montagne, mais avec 630 mètres de dénivelé, avec des pourcentages dignes d'un vrai col, c'est l'occasion de tester les jambes après 150 km.
Olivier m'indique qui me laissera filer, hop je file. Nous rattrapons Baptiste et Aboju, qui avaient pris un peu d'avance dans la descente qui précède, lorsque Olivier déboule. Hop, je le suis. Puis un cycliste local, avec un maillot de Yenne, nous dépasse. Hop, je le suis. Il grimpe vite, mais j'arrive à tenir. Puis arrive un cycliste qui ressemble à un participant. Nous sommes trois, il finit par partir seul. Hop, je le suis. Je m'aperçois que derrière, le Yennois avec son vélo léger a levé le pied. A dix minutes du sommet, je laisse filer le participant: j'ai fourni assez d'efforts, mon test est concluant, et je n'ai pas envie d'attendre trop longtemps au sommet ni de prendre le risque de me cramer. A cet instant, la fusée Jean-Pierre Cellier me dépasse.
J'ai apprécié le profil de ce col, la vue sur la vallée dans les premiers lacets, puis le passage en forêt.
Au sommet, je lève le pied pour attendre Olivier. Nous franchissons successivement le col du Sapenay et le col de Cessens. Tous deux viennent s'ajouter à ma collection de cols.
A Cessens, nous pointons. Nous pointerons un peu plus tard à Marigny-St-Marcel, mais avant, Aboju nous propose un rafraichissement chez lui. Il réside en effet à 300 mètres du parcours. Merci à lui de nous avoir offert cette pause, j'ai pu ainsi récupérer quelques forces pour la suite. Marigny est atteint à 12h45.
Troisième étape: les Bauges
Notre parcours dans les Bauges va consister à grimper le col du Frêne, avec Lescheraines comme point de passage.
Le col du Frêne, je l'ai grimpé une seule fois, par l'autre versant. C'était le 19 septembre 2010, avec ce même vélo, lors d'une de mes premières sorties de plus de 6 heures.
Je ne sais pas très bien à partir de quel moment le ciel s'est couvert, mais toujours est-il que dans les Bauges, nous n'avons plus de soleil du tout. Il fait bon pour rouler.
Olivier est parti devant depuis un moment. Je profite d'une section plus pentue pour accélérer: les jambes sont toujours là, et bien là ! La suite est un long faux-plat montant, pas du tout à mon avantage et je laisse revenir Baptiste et Aboju. Nous retrouvons Olivier au pointage à Ecole en Bauges, à 14h10. C'est l'occasion de remplir nos bidons.
J'ignore ce qu'Olivier a pris pendant la pause, en nous attendant, car il va emmener notre groupe de quatre sur un gros rythme dans le faux-plat montant qui suit. C'est dur. Je finis par me laisser décrocher. Aboju, me fait signe que c'est dur pour lui aussi, mais il parvient à recoller le groupe.
La fin de l'ascension se déroule en compagnie de Gérard.
Au sommet, mes trois compères se sont arrêtés. J'entame la descente, sachant qu'ils descendent plus vite que moi. Nous nous retrouverons en bas.
Quatrième et dernière étape: le retour à Grenoble
Au col du Frêne, il est 14h40, il reste moins de 80 km. J'estime alors qu'il est encore possible d'arriver à Grenoble vers 17h30, horaire d'arrivée le plus favorable de ce que j'avais imaginé avant le départ. C'est l'heure à laquelle j'avais terminé le BRM 300 ardéchois l'an dernier.
Vers la fin de la descente, il faut tourner à droite. Le GPS me l'indique et je m'y arrête pour attendre le petit groupe.
Le petit groupe arrive. En fait, ce n'est pas un petit groupe, mais un gros groupe: une petite dizaine d'unités. Et surtout, nous avons récupéré avec nous d'excellents rouleurs, dont Jean-Pierre Cellier. Une chance énorme.
C'est ainsi à vitesse de TGV que nous allons rallier la Rochette. Je ne sais pas d'où vient le vent, mais il faut se concentrer, et parfois forcer, pour ne pas perdre l'aspiration. Les relais sont d'abord désorganisés. J'ai devant moi quelqu'un qui ne suit pas: je fais l'effort pour recoller devant lui. Puis on s'organise. C'est chacun son tour. Mon tour durera 3 minutes, sans aller puiser inutilement des ressources dont je ne dispose plus. On retiendra le tour de Jean-Pierre: de très longues minutes à une vitesse incroyable.
Nous traversons l'Isère à Pontcharra. A partir de là, le parcours sera un peu plus bosselé, avec des faux-plats montants qui me feront sans doute décrocher.
Finalement, l'allure est raisonnable, et cette portion passe assez vite. Grosse frayeur lorsque Baptiste, juste devant moi, fait l'équilibriste en descendant d'un arrêt de bus, à plus de 30 km/h.
Les deux mini-bosses avant Crolles sont avalées facilement. Il nous reste la petite montée de Bernin. Olivier me provoque, alors j'attaque avec le grand plateau et je continue sur un bon rythme. Je n'ai plus la fraicheur de ce matin, mais c'est très positif: je n'aurai connu aucune faiblesse aujourd'hui, et à chaque fois que je lui ai demandé de l'énergie, mon corps a répondu favorablement.
Nous rallions tranquillement Grenoble. Plus l'on s'en rapproche, et plus il y a de feux rouges, de piétons, de voitures, de bandes cyclables qui apparaissent et disparaissent...
Ouf, nous arrivons finalement à bon port à 17h27.
Pour conclure
Et un BRM de plus pour le mulet !
C'était là mon seizième BRM, et en particulier mon huitième BRM 300.
Au cours d'un BRM, surtout de cette distance, il y a généralement des hauts et des bas. Je pense n'avoir jamais aussi bien, ou du moins aussi facilement, géré un 300 que celui-ci. Le 300 ardéchois en 2013 avait été bien réussi, il faut dire que j'avais été galvanisé par les moins huit degrés du début et les bidons gelés, après ça plus rien ne pouvait m'arrêter.
Une longue distance, c'est toujours à peu près la même recette. Cette recette, je l'ai redécouverte il y a trois semaines lors du 200. L'essentiel est d'une part d'arriver à mobiliser l'énergie lorsqu'il y en a besoin, d'autre part parvenir à la canaliser pour ne pas se cramer. Ne pas arriver à mobiliser l'énergie, ça peut arriver, par manque d'entraînement, d'envie, ou dans un mauvais jour, ou à tout moment au cours d'un brevet parce qu'il y a inévitablement des hauts et de bas qui restent souvent inexpliqués. Ne pas arriver à canaliser correctement son énergie, c'est la gaspiller inutilement, et surtout avec des conséquences négatives pour la suite de l'épreuve. Cette énergie, c'est autant de l'énergie mentale que de l'énergie physique.
Il faut croire qu'aujourd'hui, je n'ai pas trop mal canalisé mon énergie, malgré ma fougue dès que la route s'élevait sérieusement.
J'ai réussi jusque-là mon objectif de réaliser les premiers BRM avec mon bon vieux Giant. Finalement, les BRM de début de saison étant en moyenne très plats, les quelques kilos supplémentaires me coûtent peut-être 15 minutes sur l'ensemble du brevet, c'est-à-dire presque rien. C'est un bon exercice, surtout lorsque je m'aperçois le lendemain que le corps n'a pas trop souffert. En particulier, je n'ai pas eu de problèmes de dos, problèmes qui m'avaient conduits en 2013, au terme du 400, à écarter temporairement ce vélo de mes BRM.
Cette journée fut excellente, de plus nous avons eu la chance de rouler toute la journée sur des routes parfaitement sèches.
Merci Jean-Philippe d'avoir tout fait pour sauver ce brevet, avec cet hiver qui n'en finit pas... Cette fois-ci, la météo t'a récompensé. J'espère que ce BRM reviendra... avec le Clergeon initialement prévu, histoire que je découvre ce col.
Merci aux copains, Aboju, Baptiste et Olivier, nous nous sommes improvisé au col de Toutes Aures un petit groupe, qui a très bien fonctionné jusqu'au bout. Merci pour les relais des uns et des autres, sans lesquels nous ne serions pas rentrés aussi vite, et la relative modération de ces relais m'a permis de rester accroché sans trop m'employer.
Le prochain BRM aura lieu le 19 avril, c'est un BRM montagneux avec Fau, Menée, Rousset et Romeyère au programme. Mon vélo léger aura repris du service d'ici-là. Croisons les doigts pour la météo.
Deux 400 s'enchaîneront les deux week-ends suivants. Je n'ai encore rien décidé pour ceux-là.
Compléments
La présentations du brevet: parcours, etc. sur le site de l'organisateur
PBP (2/4) Un brevet 300 km savoyard (Brigitte)
BRM 2015 - Acte 2 (Franco)
28 mars 2015 - BRM 300km Bugey et Bauges (Baptiste)
BC mais pas BG (Alex)
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